dimanche 29 septembre 2019

COMMENT CHIRAC A APPRIS QU'IL SE RETROUVAIT FACE À LE PEN AU SECOND TOUR DE LA PRÉSIDENTIELLE DE 2002

Jacques Chirac est en réunion avec son équipe lorsque Patrick Stefanini, son directeur de campagne l’avertit que Jean-Marie Le Pen est en seconde place. Chirac ne l’écoute pas et le met dehors. Il revient 10 minutes plus tard, sûr de lui, et déclare: "c'est certain!".
Chirac comprend. Il arrête la réunion, laisse son équipe de campagne se débrouiller, se souvient Patrick Stefanini. « Nous on est contents, on sait qu'il a gagné et que l'UMP va gagner dans la foulée les élections législatives. Lui est empreint d'une extraordinaire gravité, parce qu'il mesure le signal que la qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour envoie à la société française » Lu ici.

On est un certain nombre à savoir exactement où l’on était et ce que l’on faisait le 21 avril 2002 après 20h tant cet évènement nous a sidéré.
Mais justement, alors que l’extrême droite est aujourd’hui aux portes du pouvoir et, si elle n’y est pas encore parvenue, qu’elle s’apprête à le faire pour 2022, soit 20 ans plus tard – c’est bien le moment de revenir sur 2002 pour comprendre ce que nous n’avions pas compris alors. Car, comme le dit l’article cité, nous avions cru que le Front National nous adressait un message : il s’apprêtait à prendre les commandes du pouvoir politique en France et à appliquer son programme. Devant cette menace nous devions nous mobiliser pour l’empêcher.
Seulement voilà : contrairement à ce que dit aujourd’hui encore cet article, ce n’était pas seulement un signal envoyé à la société française ; c’est aussi et surtout un signal envoyé par la société française. C’est l’effet de l’échec du Président Chirac élu sur le slogan de la réduction de la fracture sociale, c’est cette société fracturée qui menace un Président et un parti qui ont gouverné pendant 7 ans sans rien réparer du tout.
Alors certes ce même président a été réélu avec 82% des voix contre Jean-Marie Le Pen ; l’union sacrée s’est faite sur son nom, seul recours contre le péril du F.N. On a voté contre et non pas pour. Certains ne se privent pas de dire que le Président Macron a été exactement dans la même situation en 2017, façon de souligner que sa légitimité en est entachée. Mais surtout, retenons la leçon : les élections sont une occasion pour le peuple d’envoyer un signal qui, s’il n’est pas reçu, va se répéter dans la rue de façon un peu plus violente.
… Eviter la violence : oui, mais à quel prix ? Et pourrons-nous le payer ? Les révolutions ne sont pas toujours évitables, même quand elles commencent seulement en crises sociales.

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