Cet arrêt de la plus haute instance judiciaire du pays valide la décision du gouvernement d'exhumer Franco du "Valle de los Caidos" et de le réinhumer dans le cimetière plus discret d'El Pardo, au nord de Madrid, où est enterrée son épouse. (Lire ici)
« Réinhumer » : certains médias qui ne s’embarrassent pas de nuance parlent de « rempotage » : c’est peu flatteur et ça met en évidence la difficulté qu’éprouvent certains peuples à « tourner la page » d’une dictature. Qu’on se rappelle la même crispation en France à propos du maréchal Pétain que certains voudraient aujourd’hui encore, voir inhumé à Douaumont plutôt que près du bagne de l’ile d’Yeux (1)
Outre la prégnance du respect des chefs dans les mouvances d’extrême droite, on peut aussi être sensible à l’importance du tombeau dans la mémoire des hommes. Certes les tombeaux n’ont pas été uniquement faits pour signaler la présence d’un corps : les pyramides étaient d’abord des dispositifs destinés à permettre la survie du pharaon, de même que les tombes gallo-romaines celtique ou autres, qui comportaient des vases contenant du vin – parfois jusqu’à plusieurs centaines de litres !
Quant à nous, certes, nous ne mettons pas le barbecue et les merguez dans les cercueils ; on se borne à une pierre tombale, preuve que seul le souvenir du mort est encore respecté. Mais même dans ce cas, ne doit-on pas admettre qu’on croit que quelque chose de celui-ci survit dans le tombeau ? Qu’on n’ait plus besoin de lui adjoindre ce qui faisait son bonheur durant la vie, c’est un fait. Mais on doit supposer qu’on ne croit pas non plus qu’il soit devenu un pur néant par la mort, et qu’on peut encore rencontrer quelque chose de lui quand on va fleurir sa tombe, ou bien quand – comme en Italie du sud – on va lui parler.
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(1) On se rappelle le rocambolesque épisode du « vol » du cercueil du maréchal un vue de le transférer à Douaumont en 1973 – voir ici.
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