mercredi 31 mai 2023

Bientôt la burqa ? – Chronique du 1er juin

Bonjour-bonjour

 

Il va falloir s’y faire : les femmes qui s’habillent léger par ces temps d’été (à gauche sur l’image) vont devoir enfiler par-dessus un tee-shirt « subway shirt » (à droite sur l’image) afin d’éviter le harcèlement masculin. (lire ici)

 


Bientôt la burqa ?

 

On parlera d’éducation des garçons, de l’évolution trop lente, certes, mais réelle de l’attitude masculine à l’égard des femmes : rien n’y fait et je doute un peu qu’on parvienne rapidement à la simple neutralité masculine. Certes sur la plage les hommes et les femmes presque entièrement dénudés cohabitent sans problème. Mais ne l’oublions pas : dès le bord de mer franchi, les estivants sont priés de se rhabiller. On pourrait se demander pourquoi ce qui est tolérable d’un côté du Front de mer devient insupportable de l’autre : mais c’est un fait.

- Du côté des femmes, l’adoption de ce subway shirt révèle la conscience de l’effet de leur tenue vestimentaire sur l’environnement. Les femmes disent souvent : « Je m’habille comme ça me plait et tant pis pour les autres » : elles ont raison puisque le vêtement – mis à part quelques limites principalement liées à la décence – est strictement libre en démocratie.

Sauf que la réaction des hommes n’est pas du registre de la liberté des femmes : elles ont le droit de s’habiller comme ça leur plait, mais les hommes ont aussi le droit d’en penser ce qu’ils veulent. La limite est précisément que la liberté de chacun doit s’arrêter là où elle porte atteinte à celle des autres.

--> A partir de quand la liberté des hommes est-elle mise en cause par les habits féminins ? Je crains fort que cette limite soit très subjective.

mardi 30 mai 2023

Éradiquer l’espèce humaine – Chronique du 31 mai

Bonjour-bonjour

 

Dans un récent Post, je m’enflammais contre la pollution au plastique des océans : ces vastes gyres océaniques me semblaient symboliser à elles seules la folie humaine dans sa recherche de toujours plus de profit.

Pourtant c’était aller un peu vite en besogne : voici les conclusions auxquelles sont parvenus certains scientifiques : « le plastique s’est installé dans les océans au point qu’il devient un lieu de vie. Ce plastique fait désormais presque partie de la nature. Alors que 15 tonnes de polymères sont déversées chaque jour dans la mer, plusieurs espèces marines ont fini par s’y adapter et s’y développent même largement. » (Lu ici)

Et de publier la photo des bestioles qui s’épanouissent au sein de des déchets plastiques : 

 

 

Un neuston photographié dans le milieu marin pollué au plastique.

 

Faut-il retirer ce plastique alors que plusieurs espèces s’y développent ?

 

Deux observations :

            * D’abord notons que notre connaissance de la nature est fort imparfaite dans la mesure où nous ne savons pas anticiper la façon dont elle s’adaptera aux milieux nouveaux que produit notre activité. La vie possède de fabuleuses facultés d’adaptation et de mutation : rien n’est écrit à l’avance.

            * Ce que nous cherchons à préserver, ce n’est pas la nature, mais l’espèce humaine. Car ce ne sont pas certes les « neustons » qui vont nous protéger de nos déchets ; sans doute est-ce de façon judicieuse que les sciences nous alertent sur ce fait : il n’y aura bientôt plus de place pour des humains à la surface du globe. Mais bien sûr la vie ne s’arrêtera pas pour autant.

Et qui nous dit que la terre ne sera pas plus belle, plus florissante qu’avant ?

On peut être sûr en tout cas que, débarrassée de l’espèce humaine, la Nature ne s’en portera que mieux.

Et si c’était là le sens de cette incroyable crise climatique ? La Nature faisant, comme le cheval qui se cabre pour désarçonner le cavalier, tout ce qu’il faut pour éradiquer l’espèce humaine ?

lundi 29 mai 2023

Après la sobriété, l’austérité – Chronique du 30 mai

Bonjour-bonjour

 

Info du jour : « La note de la dette souveraine française dégradée par l’agence Fitch : alors que Standard and Poors songe à suivre ce mouvement, Elisabeth Borne déclare continuer de parler avec les agences de notation. »

 

Ainsi, après avoir pendant des mois été assurés que les aides publiques continueraient à nous sauver de la misère consécutive au confinement, voilà que le spectre de l’austérité refait son apparition.

Après le « Quoiqu’il en coûte » de l’aide publique, voici le « Quoiqu’il en coûte » du remboursement de la dette = après le déficit économique, voici le déficit politique.

Car, n’en doutons pas, les manifestations enflammées que nous venons de vivre ne sont rien à côté de celles qui seront lancées contre les mesures de restrictions budgétaires, supprimant les subventions, oubliant les hausses de salaires, de pension, etc. liées à l’inflation.

Mais tout cela n’est une surprise que pour les pauvres ignorants que nous sommes, nous autres citoyens. Car les mesures à envisager sont déjà anticipées par les « négociations » (appelons-les comme cela) avec les agences de notations. 


- Désormais, le Marché a l’œil sur nos dépenses et nos recettes, et c’est avec son accord que seront choisies les mesures fiscales ou d'investissent que la France pourra prendre dans les prochaines années. Autant dire que les citoyens en colère ne sont pas prêts de ranger leurs banderoles ; tout juste auront-ils a rayer la mention « NON à la réforme des retraites » pour écrire : « NON à la soumission aux marchés financiers »

On me dira peut-être que la France est un grand pays souverain et que, comme le disait le Général de Gaulle, « la politique ne se fait pas à la corbeille » Oui, en effet : il est possible que le Président Macron soutenu par l’immunité que lui confère le fait de ne pas se représenter en 2027 coure le risque d’un sur-endettement et de la crise économique qui s’en suivrait : « Après moi, le déluge ! »

Hypothèse à avoir à l’œil.

dimanche 28 mai 2023

Plus de plastique dans la mer que de poissons – Chronique du 29 mai

 Bonjour-bonjour

 

« Un puits de forage installé au bord de la Seine, en plein cœur de Paris, interpelle les touristes ce weekend. Sauf que la structure ne représente pas un puits de forage de pétrole : celui-ci charrie du plastique. » (Lu ici) 

 

 

A Paris : installation artistique représentant un put de forage de plastique

 

Bien sûr, interpellé par une telle image, on lit la suite : « L’installation a été montée en marge de la tenue de négociations pour un traité international contre la pollution plastique, qui se déroulent à Paris à partir de lundi. Les ministres et représentants d'une soixantaine de pays ont entamé les discussions dès samedi à l'Unesco, mais le débat aura véritablement lieu la semaine prochaine. »

Et là on comprend :

            * Le plastique c’est l’ultime déchet, celui qui nous survivra du fait de sa longévité, et dont la production ne cesse de croitre malgré les mesures contraignantes qu’on prend à son encontre.

            * Il est de fait devenu un besoin, une matière première au même titre que l’acier, le bois ou le ciment.

            * Mais surtout, il un l’un des principaux débouchés de la pétrochimie. S’attaquer au plastique, c’est s’attaquer à Total tout à comme Schell ou à BP.

On comprend que la perturbation de la réunion de l’Assemblée générale de TotalEnergies relève du même objectif : empêcher que le pétrole ne trouve de l’argent pour son extraction et des débouchés pour sa commercialisation.

Mais soyons un peu lucides : que ferions-nous sans la matière plastique ? Si son succès a été fulgurant et sa production exponentielle, c’est qu’il répondait à un besoin que rien ne venait satisfaire.

Un exemple ? Les piles électriques : sans plastique elles étaient faites de carton qui s’humidifiait à la première occasion entrainant la décharge spontanée de la pile.


samedi 27 mai 2023

Si les signes vous fâchent… - Chronique du 28 mai

Bonjour-bonjour

 

« Si les signes vous faschent, ô quant (= combien) vous fascheront les choses signifiées » : la formule est de Rabelais et l’on est bien tenté de l’appliquer au terme de « décivilisation » utilisé par le Président Macron à propos de la violence, endémique dans la société, qui s’exerçe contre tout ce qui peut incarner l’autorité. Conçu par certains comme désignant, à la suite de l’ouvrage de Norbert Elias, le processus à l’œuvre dans l’Allemagne nazie visant à détruire l’individu pour le remplacer  par l’« homme-masse » - et pour d’autres, inspiré par Renaud Camus, comme le phénomène de destruction de la civilisation occidentale par des cultures étrangères (entre autres islamiques) – mais en réalité, mis en relief par la prise de parole présidentielle, ce terme était bien destiné à embraser les critiques. 

Oui, le mot nous fâche dans la mesure où il nous annonce soit la prise de pouvoir des totalitaires, soit celle des ayatollahs. Mais les signes qui nous fâchent peuvent très bien avoir été manipulés, uniquement pour attirer l’attention et soulever une polémique si virulente qu’elle nous détournera de vérifier l’existence des choses signifiées. Combien de complotistes pour crier au « grand emplacement » ? Et combien de victimes de violences communautaristes ?


Dès lors qu’ils sont confondus avec la chose qu’ils prétendent désigner, les mots ont un grand pouvoir. Mais en réalité ils ne sont que du vent : « Flatus vocis »

vendredi 26 mai 2023

Les chenils du cœur – Chronique du 27 mai

« J'comprends, répondit l'maire, (…) / Seulement, Butaud, moi, j'te préviens / Entre tes secours et ton cabot, faut qu'tu choisisses / L'argent des indigents n'est pas fait pour les chiens" (…)

« "Mon vieux Pataud, nous sommes trop bêtes / Pour comprendre que'qu'chose à la loi / Finissons-en, la charge est prête / Un coup pour toi, un coup pour moi / Pataud, on va partir ensemble / Au pays d'où qu'personne ne revient / Mon Dieu, mon Dieu, tout d'même, j'en tremble / Pardonne-moi, Pataud, tiens-toi bien" /  

Et c'est comme ça qu'l'on vit doucement dans les cieux / Monter l'âme d'un chien avec l'âme d'un gueux »

Mon vieux Pataud – Chanson de Berthe Sylva

 

Bonjour-bonjour

 

Ça y est ? Finies les larmes d’émotions devant le triste sort infligé au chien fidèle à cause du cruel représentant de la charité publique ? Vous avez rangé les kleenex ?

Alors ressortez-les ! 

 


Car voici un refuge de la SPA bondé comme tous les autres d’animaux (chiens-chats) abandonnés par leurs maitres incapables d’assurer leur nourriture au coût rendu exorbitant par l’inflation.

C’est par des évènements tels que celui-ci, qu’on peut juger infimes, qu’on mesure pourtant l’extraordinaire marche arrière de l’histoire : sans guerre, sans révolution, simplement par la mise en cause des choses les plus intimes de la vie. La sauvegarde des animaux domestiques n’est pourtant rien à côté des soins médicaux ou de ce qui est nécessaire à l’alimentation des humains. Mais quand on en arrive à se défaire des chiens ou des chats devenus trop onéreux, alors c’est que, probablement, tout le reste a déjà sauté.

Ça arrive tout doucement, d’abord loin de nous, chez « les autres » ; et puis ça se rapproche dans les info du jours ; et enfin, on croise un « beau » jour une file d’attente devant les Resto-du-cœur.

Mais l’histoire du « vieux Pataud » nous revient en tête : comment se fait-il qu‘il n’y ait pas des chenils-du-cœur pour distribuer gratuitement un seau de croquettes pour les chiens nécessiteux ?

jeudi 25 mai 2023

Rupture d’égalité – Chronique du 26 mai

Bonjour-bonjour

 

Le Sénat vient de consulter les usagers pour connaitre leur réaction à la mise en place des Zones à faible émission-mobilité (ZFE-m) stipulant l'interdiction de pénétrer en centre-ville, avec un véhicule portant la mention Crit'air 3 et au-delà. 

--> Jamais une telle consultation auprès des citoyens n’avait recueilli autant d’avis : plus de 51 300 réponses en moins d’un mois. Jamais non plus elle n’aura recueilli autant d’avis négatifs.

Pourquoi un tel refus ? Réponse : « Rupture d’égalité d’accès au centre-ville ». C’est net et sans bavures : il y aurait deux catégories de citoyens : ceux qui accèdent au centre-ville au volant de leur voiture électrique ; et ceux qui devraient abandonner leur vieille voiture pour y pénétrer après avoir parcouru de nombreux kilomètres dans la campagne. (Article à lire ici)


On relèvera que ce rejet ne tient pas seulement à l’inégalité entre riches et pauvres ; plus largement elle signale aussi le refus d’abandonner la voiture comme mode de locomotion, qui ferait rejeter la barrière Crit’Air 3 même à ceux qui ont des bus sous la main. Et puis n'oublions pas que derrière ce refus se profile la crise qui a accompagné le début des Gilets-jaunes dont le souvenir reste imprimé en lettre de feu dans la mémoire des responsables de toute nature : « On n'a vraiment pas envie de  créer une bombe sociale supplémentaire alors qu’il en existe déjà quelques-unes ». (Art. Cité)

 

C’est que la voiture après avoir été un luxe et un instrument de promotion sociale est devenu un indice de déclassement pour ceux qui ne peuvent plus vivre travailler, se loger, s’alimenter, répondre aux besoins de leurs enfants… sans leur vieille « bagnole » qui vraiment ne flatte plus du tout le narcissisme de leur propriétaire.

 

 

A l’injustice sociale liée à l’interdiction d’accéder au centre-ville s’ajoute le rappel de la blessure narcissique d’avoir perdu la reconnaissance sociale du fait de la vieille voiture-rouge qui fait teuf-teuf.

mercredi 24 mai 2023

Face au changement climatique : l’obligation ou le libre choix ? – Chronique du 25 mai 2023

Bonjour-bonjour

 

Ce qui est pénible avec les écolos, c’est qu’ils sont certains d’avoir raison, autrement dit que leurs exigences sont non-négociables. 

Il ne se présentent pas comme des théoriciens endoctrinés, mais comme des gens qui ont consulté les écrits des savants, pour lesquels l’avenir est déjà là, dans le présent.

- C’est en effet une caractéristique du déterminisme scientifique, tel qu’énoncé par Laplace : « Une intelligence qui, pour un instant donné, connaîtrait toutes les forces dont la nature est animée, et la situation respective des êtres qui la composent, si d'ailleurs elle était assez vaste pour soumettre ces données à l'analyse, embrasserait dans la même formule les mouvements des plus grands corps de l'univers et ceux du plus léger atome : rien ne serait incertain pour elle, et l'avenir comme le passé, serait présent à ses yeux »

Et pan ! sur les climato-sceptiques. Reste quand même tous ceux qui sont bien décidés à continuer comme avant. Même si la catastrophe est certaine, ils pensent qu’elle ne sera pas pour eux. Ni pour leurs enfants ? Ni leurs petits enfants ? Bof… Les boomers sont des gens insouciants, qui ne pensent qu’à jouir sans entraves.

Toutefois, boomer ou pas, tous les hommes doivent se plier aux exigences de la Nature dont les lois ne doivent rien à la fantaisie des hommes, mais seulement à la nécessité mécanique de la physique. Kant suppose que si les hommes disposent d’une Raison, c’est pour assumer par eux-mêmes les obligations auxquelles la Nature les contraints. Grâce à elle nous pouvons décider nous-mêmes des sacrifices que nous devons consentir pour freiner le réchauffement climatique. Mais pour ceux qui s’en affranchiraient, les lois de l’évolution s’abattraient sur eux : l’espèce humaine pourrait alors disparaitre tandis que des millions d’années plus tard la planète serait revenue à l’équilibre - avec une espèce en moins.

mardi 23 mai 2023

Violence : quand les mots ne servent à rien – Chronique du 24 mai

Bonjour-bonjour

 

Encore une infirmière tuée dans l’exercice de sa profession...  Quand donc aurons-nous fini de pleurer l’inhumanité des hommes ? Et comment vivre avec cette violence qui tue ceux -là mêmes qui se dévouent au service des autres, médecins, infirmiers, secouristes, enseignants, etc. ?

Évitons les mots qui ne servent à rien, désignons les actes efficaces.

            * Une solution facile : rejeter ces criminels hors de l’humanité. Ce sont des monstres, des malades, des étrangers. Pas nous. Pas nos enfants – sauf ceux dont l’éducation a été pervertie.

            * Du coup, la parade est immédiate : renforcer les lois punitives. Rétablir la peine de mort : après tout ça revient simplement à aligner la punition sur le délit. Et puis, si ce ne sont pas vraiment des hommes, il n’y a rien à faire d’autre.

            * Autre solution rapide : renforcer les mesures de protections. Dans le cas de l’hôpital, durant le confinement il était impossible de pénétrer sans être dûment badgé : refaisons ça.

            * Mieux encore : doter les infirmières, aides à domiciles, etc. d’une arme.

 


            Ça au moins ça rassure…

lundi 22 mai 2023

Budget militaire : d’où vient l’argent ? – Chronique du 23 mai

Bonjour-bonjour

 

413 milliards pour réparer "l'outil de défense" : tel est le montant sur sept ans présenté aux députés par le gouvernement – à peu près celui de l’éducation nationale projeté sur la même durée.

Les débats seront politiques : pourquoi une telle somme ? Pourquoi pas plus – ou pas moins ? Pour quelle défense ? Et avec qui ? L’OTAN ? L’Europe ? Ou simplement nous – le Beau Pays Éternel – etc.

 

A la recherche des interrogations basiques de citoyens lambda, j’arrive à cette question : qui va payer ? Ou plutôt (parce que de toute façon ce sont les français qui vont régler la note) : sur quel budget va-t-on prélever cette somme ? Plus exactement : de quoi allons-nous nous priver pour avoir plus de Leclerc, plus de Rafales, plus de missiles, etc. ?

Et allez ! Un petit radar de plus sur le dernier né des avions patrouilleurs ? On supprime les projets d’écoles maternelles dans le département. Un petit bout de pont sur le futur porte-avion ? Les espaces verts projetés seront reportés à la saint Glinglin. Et ainsi de suite.

On me dira que le jour où les Wagner entreront sur le territoire français, ce ne sont pas nos jolis espaces verts, ni nos bambins roses qui les arrêteront… Oui – Mais à ce compte, si on ne retient que cette éventualité, transformons la constitution en dictature militaire, mettons un général à l’Élysée (notez que ça on l’a déjà fait), instituons un service militaire pour tous entre 20 et 60 ans (comme autrefois à Sparte) – et faisons plein d’enfants uniquement pour défendre la Patrie.

 

Rêverie que tout ça ? Peut-être – Quoique : avant son récent déclenchement la guerre en Ukraine ressemblait à un conte noir destiné à faire trembler, comme ces films d’épouvante où le monstre qu’on croyait détruit renait de ses débris et attaque au moment où on ne l’attend plus.

 


Rubens – Méduse (1618)

 

Ça fout les miquettes, pas vrai ? Allez, je file mon code de carte bancaire au chef d’état-major des armées. Vous devriez en faire de même.

dimanche 21 mai 2023

Imposer la mixité scolaire : chronique d’un échec annoncé – Chronique du 22 mai

Bonjour-bonjour

 

Lu ce matin cet article datant de quelques semaines et que je résume :

- La France est de plus en plus le pays des inégalités scolaires. Elle, la pionnière des droits humains, la voici reléguée dans le tréfond du classement Pisa pour l’incapacité de son système éducatif à réduire l’écart entre les enfants des classes aisées et ceux des classes défavorisées.

Face à ce constat désolant, la solution a été diagnostiquée : favoriser la mixité sociale dans les établissements.

Or, il y a un point sur lequel tout le monde est d’accord : pour un élève, être dans un établissement où la majorité des élèves sont en difficulté scolaires est la garantie d’échouer. C’est ainsi que les familles – quel que soit le niveau de leurs enfants – font des pieds et des mains pour que leur rejeton soit dans un « bon lycée » – le plus souvent désigné comme tel sur la simple observation de son implantation : un bon lycée est un lycée de centre-ville ; un mauvais lycée est un établissement des « quartiers ». Au point qu’il y a quelques années, y eut à Montpellier une révolte des mamans pour que leurs enfants puissent sortir de leur quartier ghetto pour faire leur 6ème dans un autre établissement, n’importe où mais pas sur place. 

 

Et pourtant on le répète : il suffirait de faire en sorte que les meilleurs soient mélangés aux médiocres pour tirer le niveau vers le haut. Vrai ? Faux ? Le saurons-nous jamais ? Car voilà la situation : personne ne veut être inscrit dans des classes-poubelles, et surtout pas ceux qui disposent d’une famille aisée – voire même influente. D’où le jeu de cache-cache avec la carte scolaire, pour trouver l’adresse plus où moins fictive permettant d’être inscrit à Louis-Le-Grand ou à Henri IV.

Et comme tout le monde ne le peut pas, une autre solution s’offre : « l’enseignement privé est massivement utilisé par les familles les plus favorisées pour contourner cette carte scolaire. (…) La loi Debré de 1959, qui garantit l’existence de l’enseignement privé, avait pour justification de respecter la liberté de conscience des familles. Elle est aujourd’hui totalement détournée de son esprit, puisqu’elle sert, avant tout, à la recherche d’une scolarité privilégiée. » (Art. référencé)

Je n’insiste pas : la ségrégation sociale est peut-être un fléau : elle reste néanmoins voulue par les mieux lotis : ne pas se mélanger aux classes jugées « inférieures » est un impératif dont on ne discutera pas la réalité ici.

--> Mais l’essentiel reste encore à dire : même les défavorisés espèrent sortir de leur état en fuyant leurs origines pour se mêler aux classes aisées : si les riches craignent la contamination par la proximité des quartiers pauvres, les pauvres en se mêlant aux riches espèrent devenir comme eux.

samedi 20 mai 2023

Salut les voisinous ! – Chronique du 21 mai

Bonjour-bonjour

 

De retour du G7, Emmanuel Macron fera aujourd’hui dimanche une halte en Mongolie, manifestant ainsi l’intérêt de la France pour ce pays qui regorge de ressources minières aujourd’hui stratégiques (terres rares et métaux stratégiques) – mais qui est aussi gouverné par une démocratie. « En apportant le soutien français au modèle démocratique et libéral mongol, exception dans une région dominée par des régimes autoritaires, la France espère montrer qu'une autre voie est possible » (Lu ici)

De son côté la Mongolie présente une particularité diplomatique fort intéressante : « La Mongolie a développé une stratégie de triangulation qui consiste à maintenir de bonnes relations avec ses voisins mais aussi à développer des liens privilégiés avec des "troisièmes voisins", un concept politique qui regroupe des pays démocratiques comme le Japon, l'Inde, les États-Unis et la France, susceptibles d'appuyer l'indépendance et la souveraineté mongole », selon Antoine Maire, chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique. (art. cité) La France élue nation voisine de la Mongolie en raison d’un attachement particulier entre les peuples. Why not ? 

--> Le concept du « troisième voisin » : voilà qui est fort intéressant. Car on pourrait se désoler de ne pas avoir les voisins qu’il nous faudrait : ceux avec lesquels nous sommes en bonne entente habitent parfois très loin de chez nous, alors que nous sommes environnés de gens fort malappris. Les diplomates mongols ne sont pas embarrassés pour si peu : si nous ne pouvons faire que nos voisins soient des gens sympathiques, considérons donc que les gens qui nous sont sympathiques sont nos voisins. 

C’est exactement de la même façon que l’on considère « comme un frère » l’ami très-cher, ou « comme un père » celui qui a su nous guider dans l’existence quand nous en avions besoin.

vendredi 19 mai 2023

L’Église et le zizi-sexuel – Chronique du 20 mai 2023

Bonjour-bonjour

 

À l’heure où, un peu partout de par le monde, le droit à l’avortement est remis en cause, il est bon de revenir sur la position de l’Église, non seulement concernant l’IVG, mais aussi sur la sexualité : car concernant la sexualité, l’IVG consiste à la découpler la jouissance sexuelle de la procréation. 

En dehors de toute position dogmatique concernant la nature de l’embryon, (est-il déjà personne humaine ou seulement un simple amas de cellules non différenciées du corps maternel ?), la sexualité est reconnue par le Vatican selon deux axes principaux : la génération des enfants ; et l’assistance et le remède à la concupiscence (1)

Toutefois le plaisir sexuel n’est pas pris en compte pour lui-même : si pour l’Église il est impossible de séparer la concupiscence de la procréation c’est seulement celle-ci qui fait partie intrinsèque de l’amour conjugal défini par sa fécondité.

 

Tout le problème est de penser cette double nature de la sexualité : d’une part le plaisir qui est le fait de l’individu ; d’autre part la procréation qui est fondamentalement celui de l’espèce. Faut-il chercher le lien qui unit ces deux orientations, quitte à subordonner l’un à l’autre ? Ou bien faut-il les concevoir comme distincts, estimant comme le marquis de Sade que « le plat souci de la propagation de l’espèces » était tout à fait secondaire par rapport à la jouissance ?

 

Les philosophes ont volontiers condamné la concupiscence : Kant d’abord qui estime que trouver du plaisir dans un rapport sexuel consiste à prendre le partenaire comme un objet ce qui est moralement condamnable ; et puis Schopenhauer qui voit dans la jouissance le piège fomenté par l’espèce pour forcer, l’individu à procréer.

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(1) Il s’agit des deux fins du mariage, la fin primaire (prolis generatio et educatio) et la fin secondaire (mutuum adiutorium et remedium concupiscentiae). Sur tout cela voir cet article

jeudi 18 mai 2023

Par ici les sous-sous – Chronique du 19 mai

Bonjour-bonjour

 

Les allemands ont versé aux entreprises une subvention pour amortir le cout de l’énergie sous réserve que celles-ci renoncent de leur côté à verser bonus et dividendes. 

Or, l'effet des subventions sur l'ensemble de l'économie est plus modeste : « Les entreprises grandes consommatrices d'énergie, comme le sidérurgiste ThyssenKrupp ou les chimistes BASF et Covestro, ont délaissé les subventions plutôt que de renoncer à verser des bonus et des dividendes, une condition imposée par Berlin et Bruxelles pour accéder aux aides publiques. » (Lu ici)

Autrement dit, la liberté de prendre son bénéfice ne saurait s’échanger contre des subventions. Ce sont donc les libéraux qui ont raison : les règles et les carcans imposés aux entreprises sont contre-productifs, et seule la liberté d’entreprendre peut faciliter l’économie. Mais en "naturalisant" les mécanismes économiques, en tablant sur l’esprit de lucre et sur l’égoïsme humain, on se livre aussi aux turpitudes de notre espèce. 

Il y a déjà trois siècles, la Fable des abeilles (1) scandalisait l’Europe des Lumières : il s’agit d’une fable montrant une ruche prospère grâce à la rivalité et à l’immoralité des abeilles qui, devenue par miracle vertueuse, périclitait et disparaissait. 

Bien sûr, l’exemple allemand doit être nuancé : il fallait peut-être trouver un autre levier pour inciter les entreprises allemandes à modérer les bonus – comme par exemple les taxer d’avantage. Reste que c’est toujours en acceptant de parler le langage de l’égoïsme et de la compétition individuelle que marchent nos sociétés.

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(1) Bernard Mandeville – La Fable des abeilles (1714)

mercredi 17 mai 2023

A Zibo, le boom du BBQ – Chronique du 18 mai

Bonjour-bonjour

 

« Zibo est passée de statut de ville chinoise inconnue – à destination touristique par excellence en à peine deux mois, profitant d’un engouement soudain et massif pour son barbecue local.

La ville est en effet connue pour cette méthode de cuisine et compte plus de 1 200 vendeurs de rue de barbecue, d’après l’Association des vendeurs de barbecue de Zibo. » (Lu ici)

« Conséquence de cette ruée vers la nouvelle “capitale du barbecue” : la ville a vu sa population multipliée par deux durant les mois de mars et avril. Sur la seule journée du 29 avril, il y a eu le nombre record de 87 000 billets de train achetés pour Zibo. »

 

Retour à l’activité économique après la pandémie, cet engouement pour le barbecue marque aussi une tradition très ancienne : celle de la cuisine de rue. Car l’essentiel pourrait nous échapper si on n’y prenait garde : les barbecues dont nous parlons ne sont en effet pas un procédé de cuisson dans l’arrière-cour de la maison, mais bien installés dans la rue où ils donnent l’occasion aux passants soit de déguster tout en marchant – soit, comme le montre cette photo, en s’attablant à même la rue.

 


Des touristes dégustent un barbecue dans la ville de Zibo (vu ici)

 

 C’est pour cette raison que ce renouveau du commerce de rue est si important en Chine : non seulement il apporte des emplois facilement accessibles et peu couteux à mettre en œuvre, mais il marque aussi une étape dans un combat politique entre Xi Jin Ping qui n’en voulait pas (non conforme à l’image moderne de la Chine) et son premier ministre de l’époque (2020).

Cette capacité du commerce de rue à faire rebondir l’économie après une crise sans précédent parait au gouvernement chinois anachronique et transitoire. Nous on veut bien. Mais quand même : qu’un pays comme la Chine reparte économiquement grâce à des activités ancestrales nous parait très signifiant.

D’ailleurs ce n’est pas pour nous surprendre : aujourd’hui même, chez nous, la réouverture des bistrots de villages est un combat qui montre leur vitalité. Qui sait si un jour un redémarrage économique ne serait pas à attendre de ce côté ?

mardi 16 mai 2023

Dis-moi, René…. – Chronique du 17 mai 2023

Bonjour-bonjour

 

Un jeune prof de philo vient de mettre au point une extension de chatGPT appelée « PhiloGPT » permettant à des élèves de terminale de dialoguer via cette application avec… Platon, Descartes ou Hume, incarnés par chatGPT. (Info lue ici)

Toutefois le procédé est apparu très limité – quoique toujours pédagogiquement innovant : on observe en effet les absurdités auxquelles aboutit philoGPT, lorsque, par exemple, on demande à René Descartes ce qu’est selon lui, la vraie générosité : on obtient alors un verbiage moralisateur sans aucun rapport avec le concept développé par Descartes dans le Traité des passions de l’âme (1). 

--> D’où la nécessité de transférer dans la machine les informations nécessaires pour fournir la réponse et de faire appel au bons sens de l’élève pour évaluer cette réponse – et c’est dans ce sens que l’utilisation de ce logiciel stimule l’intelligence et l’attention des élèves. Autant dire que la machine n’est qu’un substitut du professeur – et donc que ne devons pas craindre l’utilisation de PhiloGPT, pas plus que nous n’avons craint d’utiliser les calculatrices à l’époque où on redoutait qu’elles n’annulent tous nos efforts pour acquérir la faculté de calculer. Il fallait simplement anticiper leur résultat pour palier – par exemple – à une erreur de saisie. 

- Il n’en reste pas moins qu’aujourd’hui plus personne ne connait ses tables de multiplication ; et de même personne ne lira plus le Traité des passions, du moment que PhiloGPT l’aura fait pour nous.

 

Mais quoi de nouveau ? Ne nous contentons-nous pas des informations données par exemple par Google ? Que faisons-nous de vraiment original en interrogeant la machine, dès lors que nous savons qu’elle ne sait rien d’autre que ce qu’on lui aura fait ingérer ?

D’ailleurs, ce type de connaissance correspond au premier genre de connaissance tel que décrit par Spinoza, à savoir une connaissance par signes - ici : connaissance par ouï-dire. (2) 

De fait, si nous consentons à croire les affirmations venues de sources non vérifiées, alors les logiciels sont tout aussi crédibles que les influenceurs de réseaux - ou que nos profs ?

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(1) « Je crois que la vraie générosité, qui fait qu’un homme s’estime au plus haut point qu’il se peut légitimement estimer, consiste seulement partie en ce qu’il n’y a rien qui véritablement lui appartienne que cette libre disposition de ses volontés, et partie en ce qu’il sent en soi-même une ferme et constante résolution d’en bien user, c'est-à-dire de ne manquer jamais de volonté pour entreprendre et exécuter toutes les choses qu’il jugera être les meilleures.) » (art. 153)

« Parce qu’ils n’estiment rien de plus grand que de faire du bien aux autres hommes et de mépriser son propre intérêt pour ce sujet, ils sont toujours parfaitement courtois et affables et officieux envers chacun » (id. art.156)

(Passions de l’âme, article 153)

(2) 1) la connaissance par imagination, qui est inadéquate et se subdivise en connaissance par expérience vague et en connaissance par signes (ou par ouï-dire) ; 2) la connaissance par raison ou notions communes, qui est adéquate ; et 3) la science intuitive, ... (voir ici)

lundi 15 mai 2023

Football : des joueurs refusent de soutenir la lutte contre l’homophobie – Chronique du 16 mai 2023

Bonjour-bonjour

 

Des joueurs de Ligue 1 et Ligue 2 ont refusé ce week-end de porter les flocages arc-en-ciel sur les maillots pour la journée de soutien à la lutte contre l’homophobie, organisée ce week-end par la LFP en amont de la journée mondiale contre l'homophobie, la lesbophobie, la biphobie et la transphobie (17 mai) – Lire ici


Ce refus soulève bien des polémiques, puisqu’il apparait sur fond de contestation du soutien apporté aux homosexuels dans leur lutte pour normaliser leur situation dans la société. On souligne par exemple le rôle les religions qui déterminerait ce refus --> On entre alors dans des complications inextricables telles qu’on peut l’observer dans l’article référencé. 

 

Je voudrais intervenir à un tout autre niveau : sur quelle base s’appuie-t-on pour imposer le port d’une telle insigne marquant « le soutien à la lutte contre l’homophobie » ? Avant même de dire s’il soutient ou non cette opération le joueur devait d’abord demander si le contrat qui le lie à son club lui impose de participer à ce genre d’opération : les joueurs sanctionnés pour leur refus de jouer avaient-ils la liberté de le faire sans porter le flocage arc-en-ciel ? Il semble bien que non.

Ajoutons que considérer que les clubs ont autorité pour imposer un soutien officiel pourrait transformer les joueurs en hommes-sandwiches, dans la mesure où le thème de l’opération anti-homophobie n’est qu’un thème parmi beaucoup d’autres.

--> Je sais bien que cette position est décevante en présence de l’enjeu, qui est de rendre aux homosexuels toute leur dignité dans la société : on ne devrait pas mettre en jeu des engagements contractuels, qui défaussent les joueurs de leur responsabilité en tant qu’être humain. Mais dans une société du contrat comme la nôtre, où toutes les obligations sont du domaine de l’engagement circonstanciel, on ne voit pas sur quelle base on pourrait contraindre un joueur à porter des signes distinctifs autres que ceux qui ont été définis originellement. Un joueur peut être contraint à porter la mention « Qatar airway » ; mais pas un symbole LGBT.

dimanche 14 mai 2023

Et après il s’endort… - Chronique du 15 mai

Bonjour-bonjour

 

On n’arrête pas la science, surtout quand elle s’efforce de traduire nos émotions amoureuses en produits chimiques auto-administrés. Car sachez-le, à chaque étape, de la simple attirance sexuelle au plaisir enfin consommé, une multitude d’hormones se succèdent, toutes secrétées par le cerveau et toutes porteuses de comportements et de sensations spécifique. C’est du moins ce que montre cet article :

            1° Au stade de l’anticipation, c’est la dopamine qui nous emplit d’excitation à l’idée du plaisir prochain.

            2° Mais il faut aussi se préparer à l’action : c’est le moment de la gonadoréline qui stimule la production des hormones sexuelles : testostérone et progestérone.

            3° Survient alors le moment proprement orgasmique : tout l’organisme se mobilise au service du plaisir : l’hypothalamus et le système limbique libèrent des endorphines, des hormones à l’effet euphorisant, et de l’ocytocine.

Attention : là est le moment essentiel : « L’ocytocine active les circuits cérébraux de l’attachement. Elle emprunte le chemin de la dopamine au moment de l’orgasme pour associer au plaisir un élan de tendresse ». 

--> Autrement dit, de façon naturelle, le moment de l’orgasme est aussi celui où se développe l’élan de tendresse source du câlin post-coïtal. Et dire que Freud croyait que sexualité et tendresse, quoique faisant également partie de l’amour, étaient inversement proportionnels dans l’épisode sexuel…

            4° Nous voici maintenant après l’orgasme ; tandis que le taux de dopamine décroit, celui de la sérotonine remonte, engendrant le calme et la passivité, « rendant le soupirant d’abord pétri d’amour, puis béatement satisfait » (1)

 Et dire que Spinoza croyait qu’il s‘agissait de la triste retombée d’un élan épuisé

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(1) Pr Luc Mallet (Institut du cerveau)

(2) « Post coitum omne animal tristis est » : Spinoza – Traité de la réforme de l’entendement (§4)

- C’est en réalité un adage venu de Galien : « Post coitum omne animal triste est, sive gallus et mulier » (Après le coït, tous les animaux sont tristes, à l’exception du coq et de la femme)

samedi 13 mai 2023

Pas de liberté pour les ennemis de la liberté – Chronique du 14 mai 2023

Bonjour-bonjour

 

Ces jours-ci, l’autorisation maintenue de colloquer et de défiler pour l’Action-française en pleine polémique sur la présence inquiétante de l’extrême droite et de l’extrême gauche a reposé le problème de la tolérance : c’est au nom de celle-ci que les juges interdisent d’interdire leurs défilés. Les démocraties ne risquent-elles pas de faciliter l’œuvre de sape de leur propres ennemis ?

Ce paradoxe a été signalé dès Platon : pour lui, si le peuple dispose du pouvoir alors il donnera naissance à la tyrannie : « une liberté extrême est suivie, je pense, d'une extrême et cruelle servitude » (République 564a). Il ne reste plus qu’à donner le pouvoir au philosophe-roi qui pourra gouverner avec la science et dont l’action sera bénéfique au peuple dès lors que celui-ci est privé de l’exercice du pouvoir.

Le problème qui se pose à nous ne serait donc pas de décider s’il faut ou non tolérer les intolérants, mais plutôt de décider qui, et selon quelles procédures, peut mettre en place ces barrières.

Pour Platon c’est de l’extérieur du peuple que le pouvoir doit se situer. Karl Popper critique cette position (1) : certes il faut lutter contre les mouvements qui utilisent la liberté qui leur est laissée pour abattre le régime démocratique, mais il ne faut pas chercher hors de la démocratie le moyen de le faire.

Pour cela la loi instituée par la démocratie elle-même doit condamner toute forme d’incitation à l’intolérance et à la persécution. Que la liberté d’opinion soit garantie, certes. Mais le débat démocratique entre les tenants de la démocratie libérale et ceux qui prônent des restrictions d’égalité en fonction de valeurs ou d’origines sociales ou ethniques n’est pas pertinent pour maintenir la liberté et l’égalité des citoyens car l’argumentation rationnelle n’a aucune force face à des émotions enflammées et entretenues chez les partisans de ces mouvements.

 

Pas de liberté pour les ennemis de la liberté disait Saint Just : bien sûr. Mais le problème c’est justement de savoir qui doit disposer du glaive de la justice.

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(1) Karl Popper – La société ouverte et ses ennemis cf ici

 

vendredi 12 mai 2023

Une hérédité non génétique – Chronique du 13 mai 2023

Bonjour-bonjour

 

Il est des informations qui, dans l’indifférence générale, passent inaperçues. Le plus souvent ce sont des découvertes scientifiques dont la portée est largement sous-estimée au moment de leur diffusion. Il arrive même que ces découvertes, bien que révolutionnaires dans leurs implications restent quand même dans l’ombre sans qu’on sache pourquoi, jusqu’au jour où une nouvelle information, un fait divers parfois les mettent en lumière.

Ce dont je vous entretiens aujourd’hui n’en est pas arrivé à ce point, mais un récent bilan montre combien la connaissance scientifique est en décalage sur la pratique sociale. Car pour tous aujourd’hui, l’hérédité résulte mécaniquement des gènes et ce qui s’y trouve inscrit est nécessairement exprimé au cours de la vie. Du coup, le rôle de l’environnement sur l’hérédité est nié, exactement comme le lamarkisme d’autrefois a dû céder devant l’avancée du darwinisme.

Or, voici ce qu’on peut lire dans ce récent article : « Postuler que les facteurs génétiques se transmettent indépendamment de l’environnement, c’est nier la transmission de facteurs non codés par l’ADN parental, que l’on regroupe sous le terme d’hérédité non génétique. Pourtant, outre la transmission de facteurs socioculturels, on sait, depuis les années 1990, que l’effet de facteurs d’environnement peut se transmettre sur plusieurs générations. »

Le même article poursuit : « Postuler l’absence d’interactions entre gènes et environnement, c’est nier les processus de régulation et de réaction à l’environnement qui surviennent tout au long de notre vie, dès le stade fœtal et même avant (effet sur l’embryon du régime alimentaire de la mère ou d’ancêtres récents, de leur exposition à des toxiques : tabac, alcool, polluants, bactéries, virus, etc.). »

Est-ce à. dire que des éléments nouveaux dans l’hérédité sont apparus, quelque chose qui ne relèverait pas de la génétique ? Sûrement pas : seuls les éléments qui permettent l’expression des gènes peuvent intervenir de façon différenciée durant la vie. Cela on le sait en effet depuis longtemps. Mais ce qu’on a tendance à oublier, c’est que les gènes transmettent leur expression durant plusieurs générations. Un exemple : les facultés extraordinaires des peuples chasseurs-cueilleurs capables de suivre au flair le gibier relèvent sans doute de telles expressions, transmises héréditairement sur plusieurs générations et qui ne nécessitent que la mise en œuvre de cellules olfactives, toujours présentes dans l’espèce, mais inhibées chez nous.

Lors de la prochaine extinction de masse – qui ne saurait tarder du fait de notre incapacité à dominer les catastrophes que nous sommes entrain d’engendrer – pas besoin d’attendre une éventuelle mutation : la simple re-mise en œuvre de nos capacités olfactives suffira à nous faire retrouver la trace du gibier nécessaire à notre survie.

En attendant, merci à la Nature d’avoir inhibé notre odorat, ce qui rend supportable la promiscuité dans le RER.

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N.B. Pour ne pas alourdir cet exposé, nous avons laissé de côté le fait que les talents seraient éventuellement transmis de la même façon : l’intelligence, la capacité musicale, l’aptitude au sport, etc. En quoi consiste alors la justice sociale ?