mardi 12 novembre 2024

« On dirait qu’on est député » - Chronique du 13 novembre

Bonjour-bonjour

 

En ce moment il ne se passe pas de jour sans qu'on apprenne un coup d’éclat à l’Assemblée Nationale durant la débat sur le budget : telle taxe supprimée, tel impôt voté, telle subvention accordée aux pauvres, aux chômeurs, aux entreprises.

Le citoyen ébahi apprend que le gouvernement a été battu par le NFP, par le RN, voire même par le centre – et bientôt par les macroniens ? Et pourtant de ce côté, rien ne bouge, Michel Barnier monte à la Tribune de temps à autre pour recentrer les débats, affirmant qu’in fine son projet passera.

Et il a raison : mettant en fin de débat un coup de 49.3, il est assuré de le voir adopté, tous les votes précédents étant renvoyés aux oubliettes. Du coup, plus personne ne peut prendre au sérieux ces nouvelles lois qui d’ailleurs sont adoptées par une assemblée clairsemée : les députés, connaissant l’issue inévitable du vote final, ne se dérangent même plus pour prendre part au vote.

 

Alors, pourquoi donner à la Nation le spectacle désolant d’une assemblée qui dérive sans boussole, même pas celle du sérieux ? Aymeric Caron a même proposé un amendement au budget 2025 pour soulager les Français qui ont un chien ou un chat – à quand un avoir fiscal pour ceux qui doivent nourrir un canari ?


- En fait c’est tout simple : il s’agit de votes obtenus sans grande difficulté par des représentants du peuple qui se savent déchargés de la responsabilité du budget, qui a été préparé par le gouvernement qui a les moyens d’en forcer l’acceptation (sachant qu’une coalition qui renverserait le gouvernement chasserait tous les députés de l’hémicycle pour un nouveau tour devant les électeurs). Dès lors il s’agit de jouer à faire semblant d’être en effet un député en charge du véritable budget de la Nation en faisant « comme si » - « on ferait comme si on était vraiment députés », comme si on avait un pouvoir de décision.

Ce spectacle navrant serait en fait plutôt amusant si on le replaçait dans une cours de récré, là où les scénarios les plus fantaisistes peuvent être crus.




lundi 11 novembre 2024

De la Kro’ dans son Bib’ – Chronique du 12 novembre

Bonjour-bonjour

 

Ce matin, je suis un peu à sec d’évènements d’actualité stimulants. Marre de l’Ukraine, de Trump, du Parlement, etc-etc…

 

Du coup, me tournant vers mes archives, je retrouve cette photo publiée dans mon blog le 17 juin 2015 :

 



Oui, ça ne date pas d’hier, mais les choses ont-elles changé depuis ? Voyons le commentaire d’époque :

« Cette photo vous choque-t-elle ? Pas du tout ? Un peu quand même ? Allez, parlez sincèrement : est-ce que ça ne provoquerait pas chez vous un sursaut, quelque chose de viscéral et de spasmodique ?

1 – Déjà, on aurait une réaction moins dégoutée si ce couple était fait de deux femmes. Après tout, l’une d’entre elle a sûrement mis au monde ce ravissant bébé, elle l’a bercé, elle l’a allaité comme n’importe quelle maman depuis que le monde est monde. Et l’autre dame à côté d’elle ? Une amie sûrement. Oui, mais elle la tient par le cou, est-ce normal ? Qu’importe, ce qui compte c’est que ce petit soit sur les genoux de sa maman.

2 – Du coup, on est renvoyé à l’impossibilité pour ces deux messieurs de procréer un enfant. Ce petit peut bien avoir l’air heureux choyé par ces hommes : on peut quand même penser qu’il le serait encore plus si on ne l’avait pas arraché à sa vraie maman pour le confier à ce couple contre-nature.

3 – Oui, je sais… Mais quand même : tout le monde a l’air parfaitement heureux sur cette photo : les deux hommes et le bébé – deux mecs et un garçon, ça va faire une sacrée équipe ! D’ailleurs, qui sait si la vraie maman dont on faisait l’éloge il y a un instant aurait été si attentionnée pour lui ? Peut-être l’aurait-elle déposé dans une crèche ou des nourrices mercenaires lui auraient filé son bib’ sans même le regarder. Et le soir venu, la mère, un peu éméchée, l’aurait ramené à la maison comme un paquet de linge sale et elle se serait enfermée dans sa chambre avec un sale type. »

 

Question : que dirait-on de plus (ou de moins) aujourd’hui ?

- Déjà on mettrait en avant le genre de ces messieurs-papas : gros bras et débardeur ? C’est leur choix au point qu’on imagine que ce nourrissons aura bientôt de la Kro’ dans son Bib’ : mais on pourrait avoir des mecs qui assument leur part de féminité - maquillage et frou-frou pourquoi pas ? La seule question est alors de savoir lequel de ces couples serait le meilleur pour le bébé.

- On se demanderait aussi qu’en pensent les dames ? Hé bien elles seraient d’accord ! Du moins celles dont j’ai relayé il y a peu (ici) le comportement. Il s’agit de ces femmes américaines qui refusent tout rapport avec des hommes, au point que la procréation devrait se faire par insémination et le soin des petits assumés par des femmes exclusivement.

- Et les bébés ? Car je suis sûr que, passé les passions des conflits au moment de la « Manif pour tous » (c’était en 2013 – comme le temps passe !) on ferait des enquêtes scientifiques pour savoir ce que deviennent ces enfants issus de couples « lesbi-gays ».

J’ai déjà entendu des enfants élevés par de tels couples qui, devenus grands, s’en félicitaient. 

A vous de vérifier.

dimanche 10 novembre 2024

Dans quel sens va l’histoire ? – Chronique du 11 novembre

Bonjour-bonjour

 

 

Le 11 novembre 1918, les soldats sortis vivants des tranchées ont crié « Cette guerre, c’est la Der des Der ! » Ils ont cru maitriser la marche de l’histoire - qui n’a pas demandé plus de 20 ans pour les démentir. 

En 1990, la chute de l’Empire soviétique a fait croire qu’on venait d’enterrer le totalitarisme. Après la chute du régime soviétique, Francis Fukuyama, politologue américain publia en effet un livre qui fit beaucoup de bruit. Il s’agissait « La fin de l’histoire et le dernier homme » dans lequel il soutenait que la dislocation du bloc soviétique marquait la dernière étape de l’histoire. Plus précisément « la fin de l'Histoire ne signifie pas, selon lui, l'absence de conflits, mais plutôt la suprématie absolue et définitive de l'idéal de la démocratie libérale, lequel ne constituerait pas seulement l'horizon indépassable de notre temps mais se réaliserait effectivement. » (Art. wikipédia)

Et pourtant…

Les récentes élections américaines ont plongé les démocrates dans un profond désarroi. Certes on sait que, ce qu’un vote a fait, un autre peut le défaire. Mais on ne peut manquer d’être frappé par ce mouvement général qui, à travers le monde entier, pousse nombre de démocraties historiques (celle des Etats-Unis date de 1787) à renoncer aux libertés civiles (telle l’IVG) pour aller vers plus d’autorité, allant jusqu’à l’illibéralisme, voire même la dictature pure et simple.

30 ans plus tard on ne parle plus que des autocrates, des tyrans, des gouvernants illibéraux. 

Pour quelle raison ce mouvement s’est-il inversé ? L’histoire revient-elle sur ses pas par un mouvement de balancier qui la ramène vers ses positions passées ? Ou bien faut-il avouer notre myopie qui nous condamne à voir la marche de l’histoire sur des périodes de quelques dizaines d’années où elle est insignifiante ?

Cette dernière hypothèse nous invite à suspendre notre réponse, car – ou bien c’est en effet un vaste mouvement de balancier et alors l’histoire ne peut signifier qu’existe une marche en avant, mais seulement enregistrer nos efforts pour juguler les malheurs dont notre espèce est affligée et qui renaissent périodiquement ; ou bien la responsable c’est notre ignorance totale, masquée par notre arrogance à vouloir connaître ce qui nous reste inaccessible.

Une autre réponse reste pourtant possible et cela depuis l’antiquité : c’est Platon qui nous l’explique. Chez lui, la démocratie marque non pas la fin de l’histoire, mais son avant-dernière étape. Et cette évolution n’est pas celle d’un progrès mais celle d’une chute, car le peuple étant incapable de se gouverner lui-même, il doit remettre son destin entre les mains d’individus qui ne sont pas plus savants que lui, qu’il nommait les "démagogues" et que nous nommons aujourd’hui les "populistes" (lire ici). 

- Et pour Platon, la dernière étape de l'histoire quelle est-elle ?

Pour lui, la démocratie (avant-dernière étape) met en place la tyrannie qui signifie l’écrasement du peuple par un pouvoir non seulement absolu, mais surtout illégitime. C’est sous ce double aspect qu’il revient aujourd’hui encore au premier plan : « /les grecs/ donnaient indifféremment /le nom de tyrans/ aux bons et aux mauvais princes dont l’autorité n’était pas légitime. » disait Rousseau. C’est ainsi que les américains sont prêts à renoncer à quelques-unes de leur libertés, à condition d’avoir le pouvoir d’achat promis.

samedi 9 novembre 2024

Un monde sans hommes – Chronique du 10 novembre

Bonjour-bonjour

 

Après la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine, « qui a été alimentée par les électeurs masculins et qui, pour beaucoup, a ressemblé à un référendum sur les droits reproductifs » rappelle npr (une radio américaine) certaines jeunes Américaines parlent de boycotter les hommes,

L’idée, explique la radio américaine, vient du mouvement sud-coréen connu sous le nom de “4B”, ou des quatre “non” (bi signifie “pas” en coréen). Il préconise (lire ici)

1) le refus de sortir avec des hommes (biyeonae), 

2) d’avoir des relations sexuelles avec des hommes (bisekseu), 

3) de se marier de manière hétérosexuelle (bihon) 

4) de donner naissance à des enfants (bichulsan)

 


On va se récrier : ce refus de procréer est en même temps celui de ce qui constitue la nature même de notre espèce, et même de toute espèce vivante. Comment se prétendre mouvement de contestation et en même temps vouloir détruire ce qui fait la racine des groupes qui participent aux luttes émancipatrices ? Même Aldous Huxley avec « Le meilleur des mondes » sa célèbre dystopie publiée en 1931 décrivant un monde où toutes les caractéristiques des individus seraient contrôlées par le pouvoir, imaginait que la reproduction devait continuer à être assurée, mais seulement par des procédés artificiels (la sexualité restait active mais exclusivement avec préservatifs).

 

Si l’extrémisme des féministes américaines fait sourire (ou pas !), n’oublions pas que dès maintenant la ségrégation des sexes est revendiquée dans des réunions féministes où les hommes ne sont pas admis, qu'existent déjà des wagons de métro réservés aux femmes et voulus par celles-ci, des restaurants ou des pubs également uni-sexe. Cette radicalité signifie que les femmes ne croient pas en la capacité des hommes (= des certains hommes) de se réformer, dès lors que les circonstances leur sont favorables. 

--> S’agit-il de croire que les hommes sont par nature des prédateurs et les femmes, par nature, le gibier qu’ils convoitent ?

vendredi 8 novembre 2024

Du droit à l’erreur à Bercy et ailleurs – Chronique du 9 novembre

Bonjour-bonjour

 

Le citoyen reste bouche bée devant l’aveu d’ignorance et d’incompétence venu des plus hautes sphères de l’État : oui ce sont les services de Bercy qui ont fait l’erreur de calcul responsable du dérapage des comptes publics à 40 milliards d’euros.

Pour rappel, le déficit, qui était initialement prévu à 4,4 % dans la loi de finances 2024, devrait finalement atteindre les 6,1 %, selon les dernières données du gouvernement. Ce dérapage s'explique en grande partie par des recettes inférieures aux prévisions des services de Bercy. Un trou – comme on l’a dit hier – d'environ 40 milliards d'euros.

Laurent Bach (professeur de finances à l'Essec et coresponsable du pôle entreprises de l'Institut des politiques publiques (IPP)) fait l'autopsie du principal coupable : l'impôt sur les sociétés. Alors que cette taxe sur les impôts représente moins de 5 % des recettes, elle constitue pourtant plus du tiers de l'erreur de prévision en 2024. (Sur tout cela, lire ici)

Alors, on pourrait se réjouir : une erreur qui ne porte que sur 5% des recettes, voilà qui relativise ce dérapage : il aurait pu être bien pire !

Toutefois, une « petite » erreur sur les recettes de la France peut entrainer des différences de plusieurs dizaines de milliards au niveau du budget - et donc un endettement imprévu à financer ou à annuler.

Et puis prenons garde à l’effet d’entrainement causé par ce dérapage : il s’agit de centiles qui deviennent toxiques lorsqu’ils sont situés dans certaines zones. Je pense à la différence affectant une augmentation à 1,7% selon qu’elle fait passer de 1,4% à 3,1% ou (comme ici) de 4,4% à 6,1%.

En matière de finance, il n’y a donc pas d’erreurs « absolues » car leur effet dépend de la masse budgétaire qu'elles vont affecter. On dirait exactement la même chose en médecine avec les dosages sanguins : l’effet d’un excès de cholestérol n’est sans doute pas le même selon qu’on est à 1,5 gr par litre de sang ou à 2,5.


- On en vient ainsi à la question du « droit à l’erreur ». On questionne volontiers le rôle de certains métiers, comme médecin ou – comme on le voit ici – responsables financiers ; mais on oublie de vérifier dans quelles situations ces erreurs ont été commises : sur l’arrivée d’une course de sprint, la seconde est la limite tout juste tolérable pour l’erreur. L’effet d’une erreur de calcul de la vitesse n’est pas le même selon que je monte dans une diligence ou un supersonique.

--> Donc si on ne sait pas prévoir un déficit, mieux vaut revenir à la diligence.




jeudi 7 novembre 2024

Qu’est-ce qu’un trou (dans le budget ou ailleurs) ? – Chronique du 8 novembre

Bonjour-bonjour

 

Depuis quelques jours on entend parler que des « trous » budgétaires : celui des comptes publics, et puis celui de la sécurité sociale, et encore des caisses de retraites, etc.

La notion de trou est pourtant bien embarrassante : en parlant de « trou » on ne parle en fait que de l’absence de quelque chose (comme de l’argent, mais aussi des substances comme l’air ou comme des humains dans des effectifs). Comment savoir ce qu’est un trou s’il ne se définit que par ce qui l’environne et qu’il n’est donc pas ? Y a-t-il un philosophe pour se lancer dans cette recherche avec un équipement conceptuel capable de lui éviter le ridicule ?

 

- Sartre à l’époque où il écrivait l’Être et le néant, s’est mis à a tâche et c’est dans les Carnets de la drôle de guerre (1939-1943 : lire ici)

« Et certes, le trou du cul est le plus vivant des trous, un trou lyrique, qui se fronce comme un sourcil, qui se resserre comme une bête blessée se contracte, qui bée enfin, vaincu et près de livrer ses secrets ; c'est le plus douillet, le plus caché des trous, tout ce qu'on voudra. (...) Je vois en effet que le trou est lié au refus, à la négation et au Néant. Le trou, c'est d'abord ce qui n'est pas. Cette fonction néantisante du trou est révélée par des expressions vulgaires qu'on entend ici, telles que : "trou du cul sans fesses", ce qui signifie : néant. (...) Le vertige du trou vient de ce qu'il propose l'anéantissement, il dérobe à la facticité. Le trou est sacré par ce qu'il recèle. Il est par ailleurs l'occasion d'un contact avec ce qu'on ne voit pas. (...) Mais en même temps, dans l'acte de pénétrer un trou, qui est viol, effraction, négation, nous trouvons l'acte ouvrier de boucher le trou. En un sens, tous les trous sollicitent obscurément qu'on les comble, ils sont des appels : combler = triomphe du plein sur le vide, de l'existence sur le Néant. D'où la tendance à boucher les trous avec sa propre substance, ce qui amène identification à la substance trouée et finalement métamorphose. »

 Quand Sartre est lancé, on ne l’arrête pas si facilement : juste après la philosophie du trou, le voici qui en déduit la fonction de la sodomie. Nous ne le suivrons pas jusque-là. En revanche, nous aimerions bien l’entendre disserter sur ces tous remplis de plein que sont les « trous noirs »

Ce sera pour une prochaine fois.

mercredi 6 novembre 2024

L’invincible Donald T. – Chronique du 7 novembre

Bonjour-bonjour

 

Il est des hommes ou des femmes qui se permettent de dire ou de faire ce qui ruinerait la réputation de n’importe qui, sauf que ça ne leur occasionne aucun désagrément – quoiqu’on sache parfaitement ce qu’ils ont fait. On dit d’eux qu’ils ont « la carte » pour dire qu’ils bénéficient d’une véritable immunité ; ils peuvent tout se permettre comme Catherine Deneuve qui signe un manifeste pour dire que les hommes doivent pouvoir continuer à importuner les femmes en pleine vague #metoo. 

C’est bien sûr aussi le cas de Donald Trump qui en a profité pour mener une campagne électorale démente, après avoir été trainé devant les tribunaux suite à des délits qui auraient suffi à mettre en prison n’importe qui. Je ne reviens pas là-dessus, tout le monde a encore ces faits en mémoire.

Suite à sa réélection plus que confortable, voici deux questions : 1) Qui donne cette carte ? Et 2) Que vaut l’immunité qu’elle confère ? 

- Car en effet, la carte en question est politique et elle confère une immunité politique. Les tribunaux pourront bien continuer tant qu’ils le pourront leurs poursuites, Donald Trump continuera à avoir des partisans qui donneront le ton à l’opinion publique et il aura également leur vote comme on l’a vu aujourd’hui. 

- Qui donc attribue cette carte miraculeuse ? Ce n’est pas la Constitution qui confère cette immunité : dès lors qu’on a à faire à des délits majeurs pour un Président, tel que l’assaut du Capitole, celle-ci demande qu’il soit destitué. Mais rien n’y fait : l’opinion publique reste souveraine et c’est donc elle qui impose sa préservation.

L’erreur serait de croire qu’on a là un phénomène unique : on voit qu’un peu partout dans le monde des dictateurs sont acclamés malgré (ou : à cause) de leurs crimes aussi horrible que fut l’holocauste.

On n’en n’est pas là. Certes et heureusement. Mais où allons-nous nous arrêter ? 

mardi 5 novembre 2024

Tous au boulot ! – Chronique du 6 novembre

Bonjour-bonjour

 

Chaque français est affecté par le poids de la dette, la quelle est alimentée par le faible taux d’emploi qui grève la création de richesse globale et les rentrées fiscales.

Vous lisez bien : on vient de dire « le faible taux d’emploi » et non « la faible productivité du travail ». Ce qui veut dire que vous pourrez toujours être de plus en plus productif, - oui, vous, le Stakhanov de l’entreprise, ça ne servirait à rien. Ce qu’il nous faut ce sont des travailleurs qui payent sur leur emploi les taxes et les impôts afférents et qui aujourd’hui végètent au chômage de longue durée.

 

 


 

En tout cas, c’est le seul moyen selon les spécialistes de combler l’écart qui sépare le PIB de la France de celui des autres pays avec lesquels nous sommes en compétition (voir ici).

 

- Comment ! Ces sont ces fainéants qui ne f* rien qui ont le sort de la France entre leurs mains ? Et moi – moi le brillant commercial, moi le super-négociateur de l’entreprise je n’y serais pour rien ? Ce ne serait pas sur les gens comme moi que le sort de la France se jouerait ?

- D’une façon marginale, si, peut-être. Si vous travaillez plus souvent et plus longtemps dans votre vie, alors vous verserez plus de taxes, plus de cotisations, qui viendraient renflouer en partie les caisse de l’État et celle de la Sécu. Et c’est ce qu’on fait, car il est plus facile de faire payer ceux qui travaillent que de faire embaucher ceux qui sont en emploi partiel. Mais ça ne vaudra pas l’embauche du traine savate qui aujourd’hui se contente de vivre avec le RSA et quelques petits boulots au black.

 

- La preuve ?

- La preuve, c’est que puisqu’on vous tient on vous fait bosser encore et encore, avec le recul de l’âge de départ en retraite et aussi la proposition de supprimer une journée fériée. Mais encore une fois on préfère aggraver la misère des miséreux plutôt que de les soutenir dans leur état. C’est ça qui est bon pour la France.

Allez ! Tous au boulot !

lundi 4 novembre 2024

Travailler plus pour faire comme les autres. – Chronique du 5 novembre

Bonjour-bonjour

 

Les manifestations contre le projet de réforme des retraites l’avaient déjà signalé : les français n’aiment pas leur travail, et s’ils le pouvaient ils le quitteraient, empêchés qu’ils sont par la nécessité d’avoir un salaire.

Une enquête annuelle de l’Institut Gallup le montre aussi : c’est en Europe que les employés sont le moins investis. 72 % des Européens déclarent ne pas être engagés du tout dans leur travail, là où le chiffre se situe à 62 % au niveau mondial. Et selon l’enquête, les Français seraient les moins impliqués dans leur emploi au niveau européen.

Pour le comprendre, l’enquête Gallup met en cause la « culture d’entreprise » qui est «  Beaucoup plus toxique en France que dans les pays d’Amérique du Nord. L’environnement est très bureaucratique, hiérarchique, et les managers partagent cette idée que si on ne surveille pas les gens, ils ne travaillent pas, et c’est faux. Ce n’est pas que les Français n’aiment pas travailler, c’est qu’ils n’aiment pas être contrôlés »

Ce que les français n’aiment pas, c’est le retour à l’ambiance de l’école. Ce qu’ils ne veulent plus, c’est le retour des pions et des heures de colles : que les résultats soient obtenus sur la base d’un contrat (même implicite) avec l’employeur – telle mission, tel salaire.

Alors, le travailleur français serait-il un peu anarchiste – du moins trop pour l’encadrement voulu par l’employeur ? Peut-être mais pas seulement. Les français sont attachés à leur mode de vie qui valorise les plaisirs de la vie plutôt que le prestige social. Si l’américain se sent valorisé par le montant en dollars de son salaire, le français voudra maintenir son environnement humain et les loisirs qui vont avec. Il veut bien travailler mais pas à n’importe quel prix.

Ce qui fait que cette question destinée à évaluer l’intérêt pour les gains : « Qu’êtes-vous prêt à sacrifier en échange d’un niveau de vie supérieur ? » a peu d’intérêt pour lui

… Pourtant on voit bien que ce même niveau de vie est au centre des revendications des travailleurs et des retraités. Mais il s’agit d’une revendication consumériste : pouvoir payer pour Noël les jouets du gamin ou pour le 31 décembre la boite de nuit endiablée – ça oui.

En revanche, se montrer dans la belle voiture ou mettre les enfants dans la boite chic et chère, ce n’est pas trop leur souci.

Du coup le slogan de Sarkozy « Travailler plus pour gagner plus » a été retourné en « Gagnons autant que nous travaillons » 

dimanche 3 novembre 2024

En Espagne, Philippe VI est un roi nu – Chronique du 4 novembre

Bonjour-bonjour

 

Hier, la nouvelle la plus stupéfiante est venue d’Espagne avec le chahut qui a accueilli à Valence Felipe VI (le Roi), Letizia (la Reine) et Pedro Sanchez (le 1er ministre). Ce fut un chaos total, décrit ainsi « Des jets de boue, des cris de « fuera ! » (dehors) et même d'« asesinos ! » (assassins). L'un a été protégé par le parapluie probablement blindé de son équipe de sécurité. L'autre a reçu le coup d'un long bâton ou d'un manche à balai et a dû être exfiltré. Le troisième s'est uni au premier pour tenter de parlementer avec la foule en colère. » (Lire ici)

Les vidéos nous montrent en effet le roi en tenue civile fort discrète qui est assailli par des cris hostiles (Dehors ! Assassin !) et qui doit se protéger derrière un parapluie pour éviter la boue qu’on lui jette à la face. 

 


On n’y croit pas : dans notre imaginaire le Roi est associé à une personnalité transcendante, qui, même découronnée, garde cette aura. L’image qui représente Louis XVI sur l’échafaud reste dans les mémoires pour cela, justement. Qu’est-ce donc qu’un roi réduit à cette image ? 

 

 

Pourtant rappelons que même les révolutionnaires de 89 n’y sont pas parvenus après avoir tenté de banaliser l’image du Roi, rebaptisé « le citoyen Capet ». Pour nous, le personnage caché sous le parapluie de la photo n’est rien de plus qu’un personnage supposé doté d’un certain pouvoir, mais pas plus que le 1er ministre.

Felipe 6 aurait-il dû venir avec les attributs de son pouvoir ? Sûrement pas : pour incarner la royauté, les ors et les diamants ne suffisent pas. Il faut pour éviter de paraitre un pantin ridicule déguisé en roi, avoir la prestance digne des souverains mais aussi la reconnaissance populaire, même si elle est agressive. Or, quelle prestance pour celui qui reçoit de la boue au visage ?

On dira que le roi est celui qui sait recevoir de la boue tout en restant digne de sa fonction.

Comme Louis XVI qui s'adresse en monarque à son peuple depuis l’échafaud (image ci-dessus)

samedi 2 novembre 2024

Dura lex ? Pas suffisamment ! – Chronique du 3 novembre

Bonjour-bonjour

 

Maître Zavarro l’avocate de Dominique Pelicot déclare : « Il a aujourd’hui le recul nécessaire de se dire que ce qu'il a fait est immonde. Dès le départ, dès les auditions, c’est un homme qui regrette et qui sait que ce qu’il a fait est impardonnable », a conclu l’avocate marseillaise. (Lu ici)

 

Je retrouve sans cesse le même problème à l’occasion des crimes perpétrés sans aucune excuse : peut-on pardonner, et sinon que peut-on faire de ces criminels une fois qu’ils ont exécuté leur peine, payant ainsi « leur dette envers la société » ?

Selon cette déclaration monsieur Pelicot « regretterait ce qu’il a fait et qui est impardonnable » : la sanction pénale serait-elle à même de rendre sa place dans la société celui qui est impardonnable ? Peut-on lui dire « Je sais que tu ne mérites pas d’être pardonné, mais tu as fait ta peine jusqu’au bout, te voilà mon voisin et je l’accepte » ?

- Le cas est réel : j’ai un voisin qui a fait 10 ans de prison pour avoir tué un handicapé afin de lui voler son RSA. Ignoble ! Comment peut-on cohabiter avec un tel homme, qui en d’autres temps, aurait mérité la potence ? Comment admettre que faire 10 ans de prison suffise ? Ne fallait-il pas lui appliquer le Talion, et le tuer comme il avait tué ce pauvre paralytique ?

 

- Là comme ailleurs, c’est la vérité judiciaire qui s’impose : la loi dit que la peine pénale dicte le comportement que nous, les concitoyens, devons avoir envers le criminel : son crime a affecté la société entière et la loi est la voix par quelle on nous dit ce que nous avons à faire.

La leçon est rude, mais incontournable : nous ne sommes pas en l’affaire des gens doués de sensibilité, d’émotions et d’opinions ; nous sommes des personnes abstraites, définies par la constitution de notre pays et soumis à sa volonté dans des limites rigoureusement définies.

vendredi 1 novembre 2024

Les jour des morts – Chronique du 2 novembre

Bonjour-bonjour

 

Cette chronique ne saurait coller d’avantage à l’actualité de ce samedi 2 novembre, jour des morts, qu’en faisant appel à cette étude (relayée ici) qui documente l’attrait du 19ème siècle pour les portraits photographiques des morts. C’est ainsi qu’on découvre ces portraits qui illustrent cet article par des images de défunts maquillés et disposés comme s’ils étaient encore vivants voire même au milieu de la famille comme pour un portrait d’ensemble.

 


La jeune morte semble poser avec ses parents

 

Mais la peinture moderne a elle aussi investi le champ du souvenir à travers le motif du dernier portrait. 

Certes ce « match » entre peinture et photographie est fréquent au 19ème siècle.

Toutefois certains peintres ont su faire de leur art un moyen d’évoquer l’émotion de la mort, chose que les photographes avaient semble-t-il pour mission d’oblitérer.

A titre de preuve, que l’on compare la photographie ci-dessus avec le « Portrait de Camille sur son lit de mort » (épouse défunte du peintre) par Claude Monet : 


 

Tout comme le 20ème et à présent le 21ème, le 19ème siècle est bien celui du déni de la mort. Mais au fond des cœurs, ces yeux clos et ce monochrome violet.