dimanche 30 novembre 2025

Les guerres hybrides et l’art de la guerre de Sun Tzu – Chronique du 1er décembre

 


 

Bonjour-bonjour

 

Un ouvrage chinois datant de 2500 ans est en tête des ventes en librairies ; vous l’aurez peut-être déjà remarqué tant ses éditions de luxe retiennent l’œil. Il s’agit de L’art de la guerre de Sun Tzu, sous-titré :  comment vaincre en évitant le combat.

« Nourri de culture taoïste, Sun Tzu incite à utiliser le potentiel général des situations en intervenant le moins possible sur le champ de bataille. On fait plus pour nuire au potentiel d’un adversaire en sapant son plan qu’en tuant ses soldats. » précise cet article.

Bien entendu le succès de cet ouvrage en 2025 renvoie aux conflits actuels où des armées s’affrontent à coup de canons laissant un sillage de sang et de chair consumée. La question de savoir si la culture chinoise pourrait nous montrer comment, sans faire appel à la diplomatie, mais dans un affrontement sans armes obtenir l’affaiblissement de l’ennemi et son retrait du front des combats. Cela, Sun Tzu l’explique dans sa perspective Taoïste, et l’auteur de l’article cité montre que les concepts mis en œuvre par Sun Tzu sont opérants pour les conflits où la Chine actuelle se trouve engagée, particulièrement autour de Taiwan.

Mais la lecture de Sun Tzu est sans doute opérante ailleurs que dans les conflits impliquant la Chine. Si nous prenons le cas des guerres hybrides menées en particulier par le Kremlin, qui consistent à déstabiliser par tous les moyens les pays ennemis afin de les affaiblir, on peut les comprendre grâce au concept de « wuwei » qui explique, selon l’Art de la guerre, comment cultiver la situation où se trouve l’ennemi pour l’amener sans combats à capituler sans recours à la violence en stimulant simplement une tendance déjà à l’œuvre. Ainsi, quand les agitateurs russes nous donnent à croire faussement que l’antisémitisme est une force agissante chez nous, ou que nos dirigeants sont corrompus, font-ils autre chose qu’aggraver des failles déjà ouvertes chez nous ?

Alors, oui : (re)lire l’Art de la guerre est une bonne précaution si l’on veut se préparer à affronter nos ennemis en 2026.

samedi 29 novembre 2025

Surprise ! – Chronique du 30 novembre (2)

Bonjour-bonjour

 

Ouiiiiii ! Demain on pourra ouvrir la première case du calendrier de l’Avent – vous savez ces calendriers pourvus de 24 cases à ouvrir chaque jour du 1er au 24 décembre pour trouver un petite surprise et patienter ainsi jusqu’à Noël ? 

On pourrait se lamenter de voir cette coutume chrétienne (il s’agit d’attendre la célébration de la naissance de Jésus) devenir objet de consommation allant du plus banal (des chocolats pour les bambins) au plus trivial (des saucissons ou des produits de beauté pour monsieur/madame).

Mais je trouve plus intéressant de relever l’importance révélée ici de la « surprise ». 

La surprise, qui procure une joie inattendue, est en effet à la source du plaisir procuré par le calendrier de l’avent : chaque jour une petite case doit être ouverte, révélant un cadeau qui va, comme nous venons de le dire, du chocolat à la tranche de saucisson.

C’est ainsi que ce calendrier permet de calmer l’impatience d’être le 25 décembre pour jouir des cadeaux. Les petits cadeaux du Calendrier sont ressentis comme étant la petite monnaie des gros cadeaux qu’on trouvera sous le sapin le jour de Noël.

On peut trouver puéril le charme de la surprise quotidienne ; c’est pourtant là un des petits bonheur de la vie, chose que les amoureux savent réserver à leur aimé(e) : lui offrir une surprise chaque jours, quand bien même ce serait un bisou inattendu.

... Où ça le bisou ? Chut ! C'est une surprise !

Divorcés mais toujours dans le même lit – Chronique du 30 novembre (1)

Bonjour-bonjour

 

Le crise du logement est endémique en France avec des conséquences parfois surprenantes.

Ainsi de ces couples séparés mais contraints de vivre ensemble à cause de la crise du logement. Sachant que la cohabitation peut aller du canapé dans le salon jusqu’au partage … du même lit. (Lire ici)

On ne manquera pas de relever que cette situation constitue une limite : car, et c’est peut-être là le plus significatif, l’arrêt des relations sexuelles apparait comme la marque distinctive de la rupture matrimoniale.

En effet, lorsqu’un homme et une femme ne forment plus un couple, ils peuvent continuer a avoir des relations tout à fait amicales, surtout s’ils ont des enfants – sauf qu’ils n’ont plus de rapports sexuels. Lisez plutôt : « C’est une vie de famille : on a les mêmes habitudes, nos moments de joie, on part en vacances tous les quatre. On n’a juste pas de rapports sexuels » (raconte Maéva qui passe ses nuits sur le canapé du salon - Art. cité) 

 


La sexualité est donc le passage obligé des relations de couple et la survivance tenace de l’idée que le devoir conjugal se résume à cela en est la preuve.

Occasion de réfléchir à l’importance de ces rapports dits « intimes » : on pense que la diffusion des procédés contraceptifs a changé la donne : la procréation était jusque-là toujours liée à l’acte sexuel, au point que Freud lui-même n’hésitait pas à définir la perversion comme le fait d’avoir des rapports sexuels ne débouchant pas sur l’éventualité de la procréation (1).

Mais est-ce que ça change vraiment quelque chose aux relations entre un homme et une femme engagés dans une relation de couple ? Ma génération avait inventé « l’Union libre » et aujourd’hui on se vante de pratiquer le « polyamour » : s’il est vrai qu’on définit la rupture par le fait de ne plus avoir de sexualité commune, alors on se dit que ces pratiques, bien que consenties, ne peuvent pas vraiment porter la marque d’une nouvelle conception de la vie à deux.

Certains pensent que c’est là un fait de civilisation, et qu’on pourrait tout aussi bien dire que la fidélité matrimoniale consiste non à copuler toujours avec la même personne mais à consommer exclusivement la cuisine qu’elle mitonne.

En effet ; seulement ce n’est pas comme cela que les choses se passent.

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(1) Perversion : « Déviation par rapport à l'acte sexuel “normal”, défini comme coït visant à obtenir l'orgasme par pénétration génitale, avec une personne du sexe opposé » (Laplanche, Pontalis, 1978, p. 307).

vendredi 28 novembre 2025

Pilotage d’Airbus – Chronique du 29 novembre

Bonjour-bonjour

 

On apprend aujourd’hui que plusieurs milliers d’Airbus vont rester au sol, le temps de remplacer un logiciel de commandes. Voyez : « Airbus a notifié ce vendredi 28 novembre à l'ensemble de ses clients utilisant ce logiciel de commande "d'arrêter immédiatement les vols" après l'analyse d’un incident technique qui a "révélé que des radiations solaires intenses pourraient corrompre des données essentielles au fonctionnement des commandes de vol ». (Lu ici)

 

Quand on pilote un avion comme Airbus, que fait-on ? On agit sur des bouts de ferraille qui tirent ou qui poussent des câbles afin de déplacer des pièces de commandes ? Comme le frein à main de ma voiture, qui ressemble à ça : 

 


Frein à main d’automobile – Remarquez la crémaillère

 

On va pinailler parce qu’il n’y a pas de frein à main dans un avion. Et alors ? De toute façon les pilotes n’agissent jamais que sur des ordinateurs qui recueillent, interprètent et transforment les ordres en signaux, qui vont à leur tour faire réagir des commandes asservies à l’ordinateur. Autrement dit, l’homme n’agit pas sur la machine, il a besoin d’une autre machine pour faire l’interface avec son avion. Et d’ailleurs, aujourd’hui toutes nos machines sont asservies comme cela, ce qui fait que de « faibles femmes » conduisent à présent des bus qui font 20 mètres de long – voire des camions de 38 tonnes.

 

- Notre univers est un univers de machines, lorsque je tends la main, je n’agis que sur des systèmes d’asservissement numérisés et automatisés. Mais ce n’est pas tout : jusqu’à présent, c’est mon propre corps qui appuyait sur le bouton de commande, via des neurones, des muscles et des tendons. A présent mes neurones agissent sur une machine qui porte le mouvement en lui conférant la force nécessaire pour agir. On appelle ça un « exosquelette »

 


Ça, c’est l’exosquelette NOONEE, qui est une chaise exosquelette permettant l’alternance de posture assis-debout. (

Vu ici)

 

Assister nos gestes les plus communs de notre corps, c’est l’asservir à la machine : que ferons-nous lorsqu’elles tomberont en panne ? Imaginez des hackers ennemis qui paralysent tous nos exosquelettes en sabotant nos logiciels ? Nous ne saurons même plus lever la main pour nous gratter le nez.

jeudi 27 novembre 2025

Le spiritualisme scientifique – Chronique du 28 novembre

Bonjour-bonjour

 

Ce matin, alors que je visitais les news sélectionnées par Google pour moi-tout-seul, je tombe sur une info qui – à son tour – m’a fait tomber de ma chaise. Voyez plutôt : « Une physicienne formule mathématiquement ce qu’Einstein pressentait : la conscience précède la matière »

Et de poursuivre : « Le temps, l’espace, la matière ne seraient que des manifestations secondaires d’un champ de conscience fondamental. » 

A qui donc doit-on cette découverte ? Il s’agit de Maria Strømme, « scientifique rigoureuse, spécialisée en nanotechnologie et science des matériaux à l’Université d’Uppsala (Suède). » (Lire ici)

 

Bon. Je devine que la revue « Sciencepost » – qui se présente comme « magazine d’actualité et de vulgarisation scientifique » – est en train de broder sur un champs théorique bien plus limité relevant des mathématiques pures, lorsque les scientifiques se risquent à franchir les bornes de l’observation pour faire fonctionner les équations selon les seules lois des mathématiques. Beaucoup de découvertes fondamentales ont été faites à partir de là ; beaucoup d’erreurs aussi. La science progresse ainsi : pourquoi s’en étonner ?

- C’est qu’on est quand même frappé par la ressemblance entre ces hypothèses et les cosmologies orientales, telles que l’Inde nous en a donné l’exemple. Selon elles il existe une entité non matérielle, semblable à ce qu’on appelle usuellement « l’esprit » – et ici rebaptisée « conscience » – qui est une substance s’étendant de manière indifférenciée de l’Univers à l’individu, le quel n’en est en fait qu’une aliénation : l’esprit universel est piégé dans la différenciation du corps, fait de matière par laquelle l’individu se sépare du Grand Tout.

- Et que dit notre physicienne selon SciencePost ? « Dans ce cadre théorique, les consciences individuelles ne sont pas des îlots isolés produits par des cerveaux séparés. Elles constituent des portions d’un champ de conscience plus vaste et interconnecté, comparable à des vagues à la surface d’un océan unique. Notre sentiment de séparation, notre impression d’être des entités distinctes, découlerait d’une perception limitée de cette réalité unifiée. »

C’est un simple décalque des philosophies orientales qu’on prétend cautionnées par la science du seul fait qu’elles sont introduites dans un champs d’investigation mathématisé.

Pas besoin de se fatiguer les neurones : les Vedas avaient déjà prévu la venue de Jésus Christ ; ils ont bien pu deviner aussi qu’Einstein viendrait aussi.

mercredi 26 novembre 2025

L’art de cambrioler expliqué aux débutants – Chronique du 27 novembre

Bonjour-bonjour

 

On découvre aujourd’hui qu’un rapport d’experts, chargés de relever les faiblesses du Louvre devant les risques de cambriolages, pointait en 2018 la vulnérabilité présentée par… le balcon de la galerie Apollon, là où les cambrioleurs sont passés le 19 octobre dernier. Fait troublant les experts imaginaient même un vol commis grâce à une nacelle comme cela s’est effectivement produit. (Voir ici)

 


Terrible constatation : personne au Louvre ne semblait au courant de ce rapport produit, rappelons-le il y a 7 ans. La direction assure ne l'avoir découvert qu'après le vol ; quant à la police elle ignorait également ce fait ; elle demande aujourd’hui qu’on lui transmette ce document.

- Car en effet, le trouble redouble quand on imagine que, peut-être, les voleurs avaient eu communication de ce document qui leur aurait alors donné l’idée de la procédure utilisée.

Il serait piquant d’imaginer que seuls ceux dont on voulait se défendre auraient eu connaissance des moyens à utiliser pour commettre leur forfait.

Le philosophe invité à méditer sur ce propos, s’interroge : et si ce raté révélait qu’en réalité les responsables de programmes d’action ne se souciaient pas du tout de la réalité pour ne songer qu’à leur projet ? Entre ceux qui connaissent le réel et ceux qui entreprennent de le changer, il y aurait un fossé que personne ne songe à combler.

mardi 25 novembre 2025

Une sexualité biblique – Chronique du 26 novembre

Bonjour-bonjour

 

On ironise souvent sur l’incapacité de l’Église à comprendre l’importance de la sexualité humaine, allant jusqu’à en faire un obstacle sur le chemin de la rédemption. Un chrétien ne pourrait jouir du sexe sans risquer son âme – à moins bien sûr de n’y chercher que la procréation.  

- On aurait tort, du moins si l’on se réfère à la Note doctrinale « Une seule chair. Éloge de la monogamie » publiée mardi 25 novembre et qui explore la valeur du mariage (lire ici)

 

Ce document envisage les différents aspects du mariage y compris la sexualité en prenant appui sur le chapitre 2 de la Genèse où il est dit que, après la création d’Eve « l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un ».

Le mariage chrétien consiste à faire en sens inverse ce moment de la création : de la séparation de la femme et de l’homme on va vers leur (ré)union – l’homme et la femme se donnent l’un à l’autre pour ne former qu’une seule chair. 

- La sexualité occupe une place essentielle dans cette fusion qui est issue du don de soi. Certes, pas question de sacraliser le coït comme l’ivresse du transport érotique ; il s’agirait plutôt d’une expérience de la fusion des corps, chacun dépassant ses propres limites par la sensation issues du corps de l’autre.

 


--> Mais attention ! Il ne s’agit pas de limiter ce partage à l’expérience venue du corps de l’autre comme si on disait « Je ressens ton sexe comme le mien et ta langue comme ma langue » - Car la « chair » objet de ce partage désigne dans l’Ancien Testament non seulement le corps mais aussi l’âme dont il est indissociable. 

Mais il y a plus : le don par lequel la sexualité accomplit la prescription biblique de ne faire qu’une seule chair implique un renoncement : la sexualité est le don par lequel chacun renonce à son insularité pour s’ouvrir au partage avec l’autre. Pour le dire en termes plus philosophiques, dans la jouissance il n’est pas question de jouir du corps de l’autre, mais de jouir avec le corps de l’autre, effaçant ainsi son statut d’objet du désir

- Bref : la Bible nous donne une leçon de sexualité par laquelle il s’agit non pas de l’expérience furtive d’un plaisir qui culmine dans l’orgasme, mais d’un instant de consubstantialité, dont l’Église tirera l’idée qu’une telle fusion ne peut se pérenniser que dans l’enfant à naitre.

C.Q.F.D.

lundi 24 novembre 2025

Le principe d’objectivité – Chronique du 25 novembre

Bonjour-bonjour

 

Le conseil français du culte musulman (CFCM) a déploré, vendredi, « une nouvelle mise à l’index des citoyens français de confession musulmane et de leurs pratiques religieuses », avec des analyses et données « contestables ». L’enquête IFOP, fondée sur un échantillon de 1005 personnes de religion musulmane, a été commandée par le média confidentiel Écran de veille, qui se présente comme « le mensuel pour résister aux fanatismes ».

On reproche à ce sondage de se « focaliser sur des résultats minoritaires mis en avant à des fins polémiques ». Pour les avocats Raphaël Kempf et Romain Ruiz ce sondage distille « le poison de la haine dans l’espace public », renforçant « les amalgames ». (Lire le rapport ici et ce débat ici)

Être objectif en la matière c’est d’accepter que toutes les religions soient considérées de la même façon – ce qui en effet a été exclu ici. Mais avouez que ça ne change pas grand-chose à la réalité des pratiquants musulmans.

Vérifions :

- De fait le sondage incriminé rapporte qu’une majorité de pratiquants musulmans considèrent que les « lois du Coran » doivent l’emporter sur les lois républicaines (« volonté croissante de vivre dans une société française conforme aux principes islamiques »), et qu’ils doivent rejetter la science lorsqu’elle leur est opposée

Il y a encore beaucoup de points à noter qu’on retrouvera ici, mais finalement je ne vois pas de raisons de refuser la validité à ce sondage alors qu’on l’accepterait pour d’autres. Par contre il y aurait mauvaise foi à ne considérer que comme exclusivement musulmanes des opinions qui relèvent de la position de religions très diverse, à commencer par la chrétienté.

- Qui donc refuse aux femmes le droit de se débarrasser de l’enfant qu’elles portent dès la conception ? Et pour qui le monde a été créé en une semaine pas plus ? Si le christianisme ne semble pas concerné par ce sondage, c’est qu’implicitement on l’exclut de la société comme vision du monde obsolète. 

- Obsolète ? Demandons aux évangélistes américains ce qu’ils en pensent.

Par exemple, demandez-leur ce qu’ils pensent de Charlie Kirk.

dimanche 23 novembre 2025

Réveiller le patriote qui sommeille en nous – Chronique du 24 novembre

Bonjour-bonjour

 

 

Après l’appel a sacrifice venu du général Fabien Mandon, chef d’état-major des armées (voir ici), c’est le Président lui-même qui reprend le flambeau, affirmant «il faut une nation capable de tenir, d'être mobilisée ». (Lire ici) De son côté le général Pierre Schill, chef d'état-major de l'armée de Terre estimait que la mobilisation sur la base du volontariat d'une partie d'une classe d'âge pourrait servir à répondre aux besoins d’« acquérir la masse » nécessaire pour tenir dans la durée en cas de conflit.

 

- Mais l’essentiel n’est pas là. Voici le commentaire fait par Cédric Perrin (Les Républicains – Président de la Commission des Affaires étrangères et de la Défense du Sénat) : « Tout ce qui peut participer à l'esprit de défense, à la résilience nationale et à exprimer le sentiment patriotique qui sommeille dans la population est positif ».

Et là, le pouvoir spécule sur l’ignorance populaire de l’état d’esprit dans lequel le service militaire était conçu lorsqu’il fut supprimé par Jacques Chirac. Symbole de l’idiotie érigée au rang de système de commandement, constamment contourné par les jeunes de la classe dominante servis par les règles du sursis, quant aux autres totalement incapables de servir l’armée faute de comprendre comment utiliser l’armement moderne, le service militaire début années 90 était très cher et ne rapportait rien. Mis entre parenthèses, cette regrettable référence est aujourd’hui « zappée » au profit d’un service dû à la Patrie soutenu par un patriotisme supposé présent dans le cœur de chaque français depuis bien des guerres. N’est-ce pas lui qui justifia l’héroïsme consistant à se faire hacher par la mitraille au sortir de la tranchée ?

Et c’est maintenant, en 2026, à l’époque des influenceurs et des réseaux sociaux, qu’on nous ressort ce patriotisme qui n’attendrait qu’un réveil au son du clairon ?

 - Il suffirait peut-être de distribuer de belles images aux petits enfants ?




samedi 22 novembre 2025

Le présent éclaire-t-il le passé ? – Chronique du 23 novembre

Bonjour-bonjour

 

Une découverte archéologique étonnante : « Une figurine en argile a été découverte dans le nord d’Israël : sculptée il y a 12 000 ans elle représente une femme enveloppée des ailes d’une oie, un duo qui éclaire d’un jour nouveau les croyances, les rituels et l’imaginaire symbolique des communautés natoufiennes. Une découverte rare, qui livre l’une des plus anciennes scènes d’interaction humain-animal connues à ce jour. » (Lire ici)

 


Figurine telle que découverte (à gauche) et restituée (à droite, couleurs établies d’après les pigments résiduels).

Façonnage en argile, cuit à 400 °C

 

Les chercheurs ont interprété cette petite figurine en affirmant qu’elle éclairait certaines croyances animistes ou mythes des peuples du Néolithique. « Une interprétation qui découle également de l'endroit particulier où a été découverte cette figurine : dans le fond d'une structure en pierre semi-circulaire remplie de dépôts cérémoniels. » (Art. cité)

 

- On pourra évoquer tant qu’on voudra la compétence des archéologues qui ont interprété cette statuette pour passer de l’état initial (à gauche) à l’état restitué (à droite) : on n’empêchera pas les profanes de rester sceptiques. Cette transformation est bien douteuse ; sans parler de la couleur, n’a-t-on pas fait preuve de beaucoup d’imagination pour restituer le visage de cette femme ? Et d’abord : est-ce bien une femme ?  Et quand on parle d’un « couple » humain-animal n’imagine-t-on pas un mythe sous-jacent, quelque chose dont nous n’avons aucune preuve ? N’a-t-on pas introduit une vision très contemporaine, que l’orignal ne contenait pas ? Y aurait-il eu « sur-interprétation » ? Qu’est-ce qui nous permet de faire une telle manipulation ? 

--> Nous voilà parvenus à la question cruciale : celle de la légitimité de cette restitution. Avec pour corolaire la condition suivante : nous supposons une continuité entre les humains de la préhistoire et nous ; nous supposons que la couleur de leurs cheveux, l’allure de leur corps étaient suffisamment semblables aux nôtres pour qu’on puisse les deviner à partir d’indices équivoques. Et puis on imagine qu’ils avaient tout comme nous besoin d’expliquer les évènements de leur vie et qu’ils avaient les mêmes stratégies de survie – comme d’inventer des animaux totems qui les protégeaient des aléas de la nature. La preuve en est qu’on va parfois jusqu’à utiliser la culture des derniers aborigènes existants pour expliquer des artefacts venus de lointaines civilisations. Comme si le temps historique et le temps préhistorique formaient une ligne continue sur laquelle les coutumes et les pratiques restaient identiques.

 

On peut approuver la méthode : reste qu’il faut la tenir pour hypothétique et suspecte de dérives de surinterprétation. J’en veux pour preuve les abus commis à propos des néanderthaliens supposés disposer d’une culture répondant à des problèmes analogues aux nôtres, comme si le présent pouvait éclairer le passé lointain.

vendredi 21 novembre 2025

Pour Nicolas Sarkozy, la prison c’est bon – Chronique du 22 novembre

Bonjour-bonjour

 

Est-il exercice plus vain, pour un chroniqueur, que de parler d’un livre qui n’est pas encore paru ? Et pourtant, le pari de pouvoir le faire sur la base d’une simple citation, divulguée par l’éditeur à titre de promotion, peut aussi paraitre raisonnable.

Je parle, vous l’aurez peut-être deviné, du livre de Nicolas Sarkozy qui va être publié « à chaud » au début du mois de décembre pour relater son expérience de l’enfermement à la prison de la Santé durant 3 semaines.

Voici donc ce passage diffusé sur X et repris un peu partout : « En prison, il n’y a rien à voir, et rien à faire. J’oublie le silence qui n’existe pas à la Santé où il y a beaucoup à entendre. Le bruit y est hélas constant. Mais à l’image du désert la vie intérieure se fortifie en prison. » Nicolas Sarkozy, Le journal d’un prisonnier. Disponible en précommande – Éditions Fayard. (En librairie le 10 décembre.) 

Il semble que l’ancien Président se propose de suivre la trace de Xavier de Maistre (le frère de Joseph de Maistre) auteur de Voyage autour de ma chambre, qui publia durant la Révolution française ces réflexions venues durant sa mise en quarantaine dans sa chambre (suite à un duel – voir ici) : on l’imagine ainsi méditant sur cette solitude si spéciale faite de murs infranchissables. Et puis avec l’allusion au désert, ce sont les moines anachorètes qui viennent à l’esprit. Par ailleurs on sait quel a été l’engouement pour ce livre durant le confinement du covid. 

Bref, on s’attend au récit d’une expérience spirituelle où Nicolas Sarkozy, victime de l’injustice (c’est du moins ainsi qu’il se présente désormais) transfigure son épreuve et gagne une autorité nouvelle : celle du sage dont la parole porte désormais au-delà des affrontements politiciens.

… Occasion quand même de récupérer l’investissement que représente le sacrifice de trois semaines de prison.

La prison ça peut rapporter gros, à condition de ne pas y rester trop longtemps

Ça ne vous rappelle rien ?

 


José Beauvais : 19 jours de prison.

jeudi 20 novembre 2025

La nouvelle Clio veille sur vous – Chronique du 21 novembre

Bonjour-bonjour

 

Oui, elle veille sur vous, et même elle vous surveille – Et gare à vous ! Si vous vous endormez à son volant elle prend elle-même les commandes et va garer votre véhicule.

Qui ça ?




La voilà ! C’est la nouvelle Clio de chez Renault, qui braque en permanence une caméra discrète sur le visage de celui qui s’installe à son volant :             

* Son œil numérique est implanté dans l’épaisseur du montant du pare-brise et fait partie de ce que son constructeur appelle « le système de surveillance avancée du conducteur ».

* Sa fonction ? « Détecter les signes de fatigue et de distraction » pour l’inciter à la pause. 

* En l’absence de toute réaction à ses injonctions répétées, le système ralentit d’autorité le véhicule jusqu’à l’amener à l’arrêt complet, sans aucune intervention humaine. 

 

… Un véritable tour de force pour les uns ; un cauchemar éveillé pour les autres.

Mais ce n’est pas tout : « assistant d’arrêt d’urgence, aide au freinage d’urgence, aide au maintien dans la voie, alerte de survitesse, la liste est longue : la Clio VI embarque jusqu’à 29 aides à la conduite. » (Lire ici)

 

- Cerise sur le gâteau : la Clio décerne même à l’issue de chaque trajet un « score de prudence » fondé sur l’observation de l’attitude du conducteur et des données relatives à la vitesse, aux trajectoires et aux distances de sécurité. Bilan : voilà une machine qui vous surveille, vous élimine lorsque vous ne vous comportez pas comme il faut, et qui vous colle au piquet avec le bonnet d’âne pour mauvaise conduite. C’est tout juste si elle ne vous dénonce pas à la maréchaussée pour qu’on vous pique votre permis – patience, ça viendra.

 

- Pas besoin de vous faire un dessin : pendant qu’on se lamente devant les progrès de l’IA qui va ramollir notre cerveau et faire de nous des larves que les Russes vont coloniser tranquilou (cf. post d’hier), nos ingénieurs concoctent des avancées technologiques pour non pas nous remplacer, mais nous éliminer sans retour possible - purement et simplement. 

Même les chinois ne l’ont pas encore !

mercredi 19 novembre 2025

Rétablir le service militaire – Chronique du 20 novembre

Bonjour-bonjour

 

Au congrès des maires de France, le général Fabien Mandon, chef d’état-major des armées, a appelé les élus locaux à préparer leurs populations, notamment en développant une "force d’âme", alors que pourrait se produire une guerre avec la Chine ou la Russie dans les prochaines années : la France doit selon lui se préparer à une guerre "dans trois ou quatre ans" (lu ici)

C’est autour de cette mystérieuse « force d’âme » que le message s’est étoffé : « Si la France dispose des capacités techniques et industrielles pour lutter, elle manque d’une "force d’âme pour accepter de (se) faire mal pour défendre la nation. Il faut accepter de perdre nos enfants, de souffrir économiquement. Si nous ne sommes pas prêts à cela, alors nous sommes en risque. Il faut en parler dans vos communes. »

Brrrr ! Nous voilà prévenus : nous qui allons bientôt fêter Noël avec nos enfants : profitons-en bien ! Car nous devons accepter l’idée de les perdre dans 3 ou 4 ans.

 

- Que faire ? Se tordre les mains et crier de colère contre le ciel, désespérément vide ? Mais non ! Préparons-nous à lutter dans le dénuement, à vivre dans des cabanes de branchage au fond des forêts, à fabriquer des pièges pour tuer les soldats ennemis, russes ou chinois.

Mais le discours de notre chef d’état-major comporte aussi une dimension politique : ce qui nous manque le plus c’est l’acceptation du mal et de la souffrance, exactement comme en France lors du Front populaire. On se rappelle qu’à l’époque Churchill avait promis aux anglais, depuis la tribune des Communes le 13 mai 1940 : « Je n'ai à offrir que du sang, du labeur, des larmes et de la sueur ». Et pendant ce temps-là la France se vautrait dans la joie des congés payés, des valses musettes le dimanche au bord de l’eau – la casquette en arrière.

 


Selon le général Mandon nous devons préparer nos enfants à affronter la guerre, en durcissant leurs conditions de vie : finies les petites gâteries, les matins au lit et les pétards de soirées. Mais pour en arriver là il leur faudra autre chose que ces parents anémiés par la jouissance de la vie d’occidentale.

--> Heureusement l’armée est là, et elle veille sur la virilité des français.

Est-ce pour cela qu'on parle avec insistance de rétablir le service militaire ?

mardi 18 novembre 2025

Budget : la recette grecque – Chronique du 19 novembre

Bonjour-bonjour

 

Je lis dans la presse de ce matin ceci : « La Grèce connait un taux de croissance élevé et elle a conduit une rigueur budgétaire très stricte, grâce auxquelles la République hellénique compte des milliards d’euros de solde budgétaire primaire, ce qui lui permet de rembourser ses créanciers par anticipation » (lire ici)

- Bien : on est content pour elle, mais nous voulons savoir à quel prix cette rigueur a permis de revenir dans des limites budgétaires applaudies par les marchés ? Car nous qui sommes dans une situation aussi peu brillante que la Grèce il y a quelques, années, nous risquons de devoir emprunter le même chemin pour revenir dans les limites de la bonne gestion des finances publiques.

Alors, tenez-vous bien : voici la recette grecque : 

« Les impôts ont été augmentés, et de nouveaux ont été créés, rappelle Joëlle Dalègre spécialiste du pays méditerranéen. De plus, de nombreuses privatisations ont eu lieu. 

De l’autre côté, les dépenses publiques ont fortement diminué » (Art. cité)

– Cela s’est traduit par : 

* une baisse des salaires des fonctionnaires de 30 %, leur 13e mois a été supprimé, ainsi que leur prime à Pâques. 

* Tous les droits sociaux, relevant du travail ou de la grève, ont été revus au nom de la flexibilité. 

* Du côté des retraites, elles ont diminué entre 20 % et 40 %, avec un départ à la retraite à 67 ans pour avoir toutes ses cotisations. 

* La Sécurité sociale a diminué de près de trois quarts depuis 2010. 

* Les Grecs gagnent toujours moins qu’avant 2010 alors que l’inflation a bondi

* Le pouvoir d’achat des Grecs est, dans les faits, proche de celui des Bulgares, le plus bas d’Europe. 

* Une génération de Grecs ne connaît que l’austérité, et « une partie de la jeunesse, de ses cerveaux, a fui » selon Joëlle Dalègre (Art. cité)

 

Vous comprenez peut-être mieux pourquoi nos élus ont tant de difficultés à voter le budget 2023 ?





lundi 17 novembre 2025

Les hommes préfèrent être moches – mais ils n’aiment que les belles – Chronique du 18 novembre

Bonjour-bonjour

 

Une enquête menée auprès de plus de 1200 américains demandait aux participants de choisir entre posséder eux-mêmes un trait de caractère ou le voir incarné par leur conjoint. (Lire ici)

Selon Bill von Hippel, consultant au cabinet de conseil australien Research with Impact et coauteur de l'étude, « Les hommes sont tout à fait prêts à sacrifier leur propre attractivité pour avoir un partenaire très séduisant, tandis que les femmes font exactement le contraire »

Globalement, la gent féminine se veut attirante et intelligente, tandis que ses homologues masculins se rêvent riches, au bras d'une amoureuse plus jolie qu'eux. »

Plus précisément, « les femmes désirent être belles, un score qui chute de 32% chez les hommes, qui préfèrent être drôles. »

Là est le point : les hommes se moquent d’être moches à condition d’être attirant intellectuellement. Car la question de la beauté des hommes n’est pas nouvelle en philosophie : elle a été soulevée en particulier à propos de Socrate (dans le Banquet de Platon, lors du discours d’Alcibiade 215 a-d

 


Buste en marbre d'origine romaine représentant Socrate (1er siècle) 


Comme on le voit la tradition a conservé le souvenir de Socrate comme d’un homme laid dont toute la beauté était intérieure – entendez dans l’âme. C’est même la laideur qui en exagérant l’écart entre l’apparence physique et la réalité spirituelle montre le mieux que les hommes veulent briller plus par l’esprit que par l’apparence. Du reste, le thème de la laideur du philosophe est resté sensible : il est revenu avec Jean-Paul Sartre qu'on a jugé très laid.

Il ne faudrait pas pousser trop cet écart : le sondage montre que les homme, s’ils ne veulent pas de la beauté pour eux-mêmes, la veulent pour leur compagne. Pour reprendre notre titre, si les hommes préfèrent être moches, en revanche ils n’aiment que les belles : voilà qui n’est pas tout à fait platonicien.

dimanche 16 novembre 2025

Quand le choc de la photo donne du poids aux mots – Chronique du 17 novembre

 

 

Laurent Mallet – Jeune fille devant le tableau de Géricault « Tête de cheval blanc »

Musée du Louvre

 

Bonjour-bonjour

 

Devant un tableau, le regard du spectateur devient parfois celui du photographe. Daniel Pennac et Laurent Mallet co-publient dans leur livre « Le roman des regards » des photos prises par ce dernier dans divers musées parisiens. Le parti pris du photographe est de saisir l’image d’une rencontre aléatoire entre un tableau – toujours vu de face – et d’un spectateur – toujours pris de dos. Ces rencontres visuelles saisies au vol et jamais posées font jaillir un sens imprévu, quelque chose comme une connivence, une ressemblance, parfois même une petite fable.

Ainsi de cette image (ci-dessus) : deux regards s’y croisent, celui du cheval, traité à la manière d’un portrait humain, et celui de la visiteuse qui arbore une coiffure … en queue de cheval, précisément de la couleur de l’animal portraituré.

On croit entendre alors un dialogue entre le cheval et la jeune femme. 

- Le cheval : Dis-moi, où as-tu trouvé cette queue de cheval ?

- La jeune femme :  Mais je ne l’ai pas trouvée, comme tu dis ; je l’ai toujours eue. Elle est faite de mes cheveux et non de crins de cheval.

- Le cheval : Je crois que tu mens. On a volé la mienne l’autre jour, peu après le vol des bijoux de la couronne – ça a dû donner des idées à plein de gens. Hé bien ça ne m’étonnerait pas du tout que tu sois dans le coup.

- La jeune femme : Pauvre animal ! Je te plains de ne plus avoir de queue ; mais je te plains encore plus de croire que ta queue est si belle que des humains pourraient vouloir s’en parer.

 

La puissance de l’image est de saisir au bond ce jaillissement et de le livrer à l’imagination des lecteurs du livre de Daniel Pennac – où s’effectue une nouvelle rencontre entre la sujétion de l’image et l’imagination follement libre du lecteur

samedi 15 novembre 2025

En plein dans le buffet – Chronique du 16 novembre (3)


Troisième Post ce matin : on ne peut plus m’arrêter… Il y a des jours comme ça, mais notez quand même que ce post-ci vaut la peine qu’on s’y arrête, justement.

 

Bonjour-bonjour

 

Voyez ce dessin de Coco publié à la une de « Libération » le 25 juin.

  


Cet article de Télérama évoquant le retentissement de ce dessin explique : « La décision de la Cour suprême des États-Unis de revenir sur le droit à l’avortement est devenue virale. Le dessin de Coco, /…/ n’a cessé depuis de circuler dans le monde entier. »

- Vous noterez une coupure dans ma citation. Je restitue la phrase coupée : « un drapeau américain où des cintres remplacent les étoiles et où le sang de femmes blessées par des avortements clandestins s’est substitué aux bandes rouges des États fondateurs »

--> Voyez combien cette description pourtant objective affaiblit le dessin : les trainées de sang qui sortent du sexe de ces femmes effondrées, vous les prenez en plein dans l’estomac en découvrant l’image. C’est de l’émotion pure et aucune description verbale ne pourra la susciter.

Raison pour laquelle les dessins de presse restent indispensables.