Un marin américain embrasse une infirmière en uniforme blanc dans un baiser passionné alors que des milliers de personnes se pressent sur Times Square pour célébrer la victoire tant attendue sur le Japon.
Le premier réflexe en voyant cette photo est la méfiance : on se dit qu’il s’agit peut-être d’une mise en scène comme le baiser des amants de l’hôtel de ville de Doisneau (voir ici). Et puis qu’importe ? Ce que cette photo nous montre peut bien être arrivé des centaines de fois sur ce parcours et en ce jour. Mais surtout ce qu’on voit, c’est la force d’un homme qui s’impose, qui domine une femme qui la plie sous lui au point qu’elle tomberait s’il la lâchait – et qui pénètre sa bouche. Bref : c’est l’image d’une violence exercée par un homme et subie par une femme.
Et alors me direz-vous ? Quoi de scandaleux ? On suppose cette femme consentante, elle ne se débat pas, son bras pend inerte ce qui n’arriverait pas si elle était violée. On assiste à une scène intime surprise au milieu de la rue, mais qui doit forcément se répéter tout au long des rapports amoureux dans la chambre à coucher.
Oui – Oui. Mais justement, on ne les voit pas dans la chambre à coucher et lorsqu’on est pris dans la situation on n’en est pas conscient. Ce qu’il faut remarquer ici, c’est que l’amour (physique) et la violence vont de pair, au point qu’on le sait maintenant, les centres cérébraux de la sexualité et ceux de la violence sont co-actifs. Ce qui rend la chose un peu délicate, car encore faut-il que les deux soient activés simultanément pour que ça marche. Je veux dire que la demoiselle de la photo subit semble-t-il avec satisfaction l’assaut de marin. Mais qu’il faudrait être un peu attentif pour remarquer qu’éventuellement elle subit plutôt un viol.
Reste que si la différence est peu visible de l’extérieur, elle l’est sans doute beaucoup plus vue de l’intérieur.
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