Didier Gailhaguet déclare qu’il avait pris sa décision “avec philosophie, dignité, mais sans amertume aucune vis-à-vis de son injustice, la tête haute”.
Que signifie cette évocation de la philosophie dans ce contexte ? Pense-t-on à Michel Foucault et à ses analyses du pouvoir ? Ou à Freud et ses thèses sexuelles ? A moins qu’on ne veuille en appeler à Alain Badiou qui nous décrirait l’amour faisant irruption dans la vie ?
Non, bien sûr : c’est quelque chose de beaucoup plus banal et de moins intriguant. Comme le dit la sagesse populaire, quand un malheur nous arrive sans qu’on ne puisse rien y faire, on évoque alors la fatalité et on dit qu’on refuse de lutter en prenant notre malheureux sort « avec philosophie ». Que vient faire la philosophie là-dedans ? À quelle théorie fait-on référence ?
- Il s’agit bien sûr du stoïcisme dont des versions légèrement modifiées on circulé bien longtemps après l’antiquité et encore au 17ème siècle chez Descartes. On évoque un ordre supérieur aux individus voulu et organisé par la Nature toute-puissante. Que chacun veuille conserver son pouvoir de décision, cela ne peut se faire qu’à condition de vouloir exactement ce qui arrive, car chercher lutter contre l’ordre naturel des choses ne peut rien construire mais seulement détraquer le monde. Ce qui est injustice au niveau des individus se révèle alors juste considéré à hauteur de nature, là où l’ordre de l’Univers est aperçu.
On comprend alors que monsieur Gailhaguet veuille dire qu’il est victime d’une injuste condamnation qui le frappe lui, l’innocent ; mais qu’il se sacrifie en la raison de l’intérêt supérieur des sports de glace. Il n’en est pas encore au martyre qui aime son supplice comme occasion de révéler la puissance de sa foi, mais… attendez un peu : ça va venir.
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