jeudi 31 août 2023

Interdiction de l'abaya à l'école : c’est l’intention qui compte – Chronique du 1er septembre

Bonjour-bonjour

 

En ce jour de pré-rentrée une des questions soulevées – il est vrai depuis plusieurs jours – sera sans doute l’interdiction du port de l’abaya pour les jeunes filles. 

Le problème est celui de la légalité d’une telle mesure : si le port de signe religieux est bien connu, il est problématique de déterminer que ce vêtement en soit un. C’est à cette question que s’est attelé le Ministère soutenu il est vrai par les Républicains du Sénat (1)

C’est ainsi qu’on a pu dégager une idée qui permet d’affecter directement un caractère religieux à tel vêtement ou tel comportement : c’est celui de « religieux par destination ».

Ainsi même si l’abaya est une robe tout à fait banale et que rien ne désigne comme signe religieux, le fait de la porter en l’associant à un comportement spécifique permet de lui conférer ce caractère en raison d’une intention religieuse. « Si /la nature de ces vêtements/ n'est pas directement religieuse, on peut parler de vêtements ou signes religieux « par destination ». » (cf texte référencé)

Par destination : « (Droit) Précise une catégorie juridique dans laquelle entre un objet, voire un animal, non par sa nature, mais à cause de l'usage qui en est fait. Un tournevis, un parapluie ou un chien utilisés pour agresser ou même menacer quelqu'un sont juridiquement des armes par destination. » (Ref wiki)

Ce qu’il faut remarquer, c’est que l’intention peut très bien être indépendante de la fonction originelle pour laquelle l’objet a été prévu. Inutile donc de se réfugier derrière la fonction utilitaire de l’abaya ; le contexte dans lequel elle est portée, le refus de la remplacer par un autre vêtement seront seuls pris en compte.

 

- Alors on dit : « Voilà ! Ce sont encore les femmes qui sont visées ! Déjà avec le foulard ; maintenant avec les robes ; et bientôt on va vérifier si les soutifs sont signés par l’Imam ? »

Éh bien pourquoi pas les hommes aussi ?

- On va avoir très bientôt des barbes qui seront religieuses par destination. Ça se fait déjà dans certains pays musulmans – alors pourquoi pas chez nous ? (2)

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(1) Voir le texte de Stéphane Ravier (ici)

(2) En réalité, ça se fait déjà : « Ahmed Ali, 39 ans, a été récemment expulsé d’un avion en partance pour Marrakech à cause de sa barbe. » Ça se passait à l’aéroport de Manchester (lire ici)

mercredi 30 août 2023

Passe ton bac après – Chronique du 31 aout

Bonjour-bonjour

 

Le Ministre vient de repousser les épreuves de spécialité de mars à juin : résultat elles ne seront pas disponibles pour les opérations de Parcoursup (1) (Lire ici)

Sachant que le calendrier des opérations Parcoursup ne sera pas modifié (art. référencé), on doit en conclure :

            1° que ces décisions prises par Parcoursup seront faites uniquement sur le contrôle continu ;

            2° que les élèves auront leur affectation en poche avant le déroulement des épreuves

            3° que ça ne fera qu’aggraver la situation des profs qui devront préparer leurs élèves à des épreuves devenues inutiles puisque leur année sera validée par le contrôle continu – donc avant même de les passer.

 

Mais surtout et quoiqu’on fasse tout cela signe le fait que le bac ne sert plus à rien, étant remplacé par le contrôle continu qui effectue le tri entre les élèves en vue de leurs études post-bac. Dès lors ces efforts pour faire croire qu’il existe encore un examen et qu’il est décisif ne servent plus qu’à sauver les apparences… si toutefois c’est encore possible.

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(1) « Dès lors qu’on décale les épreuves de mars à juin, les écrits de spécialité ne rentreront plus dans la procédure Parcoursup, a admis lundi Gabriel Attal. Nous devons rassurer les élèves et leurs familles sur l’égalité de traitement qui leur est réservé dans le nouveau calendrier. Il nous faut poser des règles d’évaluation communes, transparentes et respectées pour créer de la confiance. » (Art. référencé)

mardi 29 août 2023

Elles en ont ! – Chronique du 30 juin

Bonjour-bonjour

 

Décidément, ça ne passe pas ! Alors que je pensais ne pas avoir à parler du baiser forcé imposé par Luis Rubiales, Président de la fédération de foot espagnole, à Jenni Hermoso, voilà que le scandale enfle toujours plus au fur et à mesure que de nouvelles images sont publiées. Non seulement on voit que ces enlacements sont fréquents avec l’équipe, mais encore que si certains sont apparemment consentis (image du haut, avec le numéro 20), d’autres ne le sont visiblement pas, comme avec le numéro 11 : il s’agit bien sûr de Jenni (image du bas) - Info à lire ici

 


- J’aurais quand même ignoré ce scandale si je n’avais pas vu la vidéo d’où cette image est extraite : 

 

 

« /Le même soir/, dans une autre vidéo on voit Luis Rubiales se tenir les parties génitales en signe de victoire. » (Vu ici)

Alors là, je dis « Stop ! ». Que, pour manifester sa joie monsieur Rubiales embrasse les joueuses qui sont consentantes, passe encore. Mais qu’il se mette la main aux génitoires pour montrer que la victoire est "couillue", c’est révoltant. On se scandalise parce que ce geste est vulgaire – certes. Mais n’oublions pas quand même sa signification la plus évidente : il s’agit de dire que les femmes victorieuses n’existent pas, et qu’elles sont, sans qu’on sache comment, pourvues de testostérone – La vérité c'est que, si elles gagnent, c’est parce qu’elles sont des mecs.

Comment peut-on être machiste à ce point ?

lundi 28 août 2023

Les prêtres ont une loupe pour regarder les zizis – Chronique du 29 aout

Bonjour-bonjour

 

Suite à son dialogue avec les jésuite portugais, on peut se faire une opinion un peu plus précise de la position du Pape vis-à-vis de l’homosexualité : c’est ainsi que, critiquant l’attitude de l’Église à ce propos il en vient à reprocher aux prêtres de ne s’intéresser qu’à la sexualité et en particulier à l’homosexualité. 

Autrefois, dit le pape, « si vous exploitiez des travailleurs, si vous mentiez ou trichiez, cela n’avait pas d’importance. En revanche seuls comptaient les péchés en dessous de la ceinture ». Il en va encore de même aujourd’hui où le catéchisme de l’Église catholique explique que « les actes d’homosexualité sont intrinsèquement désordonnés et appelle les personnes homosexuelles « à la chasteté » (lire ici)

 

- Le Pape serait-il donc plus jésuite que les jésuites en disant : « Oui, l’homosexualité est un péché, mais ce n’est pas un bien gros péché ; le voici réduit à une taille qui le mélange avec toute sorte d’autres péchés. ». Certes, mais l’essentiel apparait lorsqu’il ajoute immédiatement : « Tout le monde est appelé à vivre dans l’Église »,

 

On comprend que ça choque bien des fidèles pour qui l’homosexualité est LA souillure par excellence, celle qui met au ban de toutes les communautés humaines : ces catholiques se demandent pourquoi, alors qu’ils sont rejetés de partout, l’Église devrait les accueillir ?


- En fait cette question est un sacrilège commis à l’égard d’une religion qui se fait un devoir d’accueillir les faibles et les opprimés de façon inconditionnelle. Mais il n’y a pas que cela.

Car dans la même intervention, le Pape reproche au clergé de (je cite) « regarder le “péché de la chair” avec une loupe ». Autrement dit, la surévaluation de la sexualité ne concerne pas seulement les comportement homosexuels ; ce sont les actes sexuels en général qui doivent être remis à leur juste place dans la hiérarchie des fautes. N’oublions pas que Jésus lui-même a reproché à ceux qui voulaient lapider la femme adultère d’oublier leurs propres fautes « Qui donc lui jettera la première pierre ? »

dimanche 27 août 2023

Consommation… Adieu ma belle ! – Chronique du 28 aout

Bonjour-bonjour

 

En cette rentrée le mot d’ordre est « Pouvoir d’achat » : chaque média y va de son observatoire des prix, ceux du cahier ou du Bic-cristal – et plus particulièrement de la tenue de rentrée des écoliers. Et à présent, ce que les familles et les influenceurs de toute origine entonnent en chœur, c’est la glorification de la « seconde main », autrement dit des vêtements de réemploi, auxquels on accorde « une seconde vie ».

Adieu mes petits galopins et mes petites Lolita !

Adieu, Sergent Major, vous vous êtes vaillamment battu mais l’heure de la retraite a sonné, vaincu par la société de la fripe.

- Mais surtout, adieu ma belle société de consommation, toi qui m’as fait rêver à chaque rentrée des retrouvailles avec mes copains : qui donc aurait le plus beau sigle dans le dos, ou les plus belles images sur sa trousse ?

On me dira que ce n’est pas tout à fait nouveau et qu’il y a déjà longtemps que les brocantes et les vide-poussettes ont fait le plein à chaque manifestation. C’est vrai, mais voilà la nouveauté : c’est devenu tendance. Alors qu’autre fois les enfants qui s’habillaient d’occasion étaient moqués et portaient comme une honte ces vieux vêtements, comme s’ils avaient dû mettre la culotte du grand frère, voilà que maintenant les mamans échangent leurs adresse de dépôt-vente – Once again, en voilà une bonne !

Alors les jeunes, qu’est-ce qui va vous faire rêver maintenant ? Avec la consommation, c’est tout un pan de la vie imaginaire et affective qui s’effondre : à quelle idéologie allez-vous faire appel pour rêver d’un avenir radieux ? Celle de la renaissance des petits oiseaux et des fontaines murmurantes ? 

- Mais où allez-vous acheter ça ?

samedi 26 août 2023

Les quatre péchés des journalistes – Chronique du 27 aout

Bonjour-bonjour

 

Aujourd’hui, deux informations pour le prix d’une !

1° D’abord la dénonciation, à l’occasion de la remise d’un prix journalistique au Vatican, par le Pape François des péchés du journalisme et en particulier la désinformation. (Lire ici)

Il s’agit ici de mettre évidence un péché commis ès-qualité par les journalistes. On aurait sans doute aussi des péchés « professionnels » ailleurs – par exemple chez les profs avec l’usage de chatGPT pour préparer les cours, ou dans les forces de maintien de l’ordre avec l’abus des flashballs. Dans tous ces cas, le péché consiste à faire l’exact inverse de ce pour quoi on est employé.

2° Ensuite, que ce péché n’est que l’un des quatre reprochés aux journalistes par François : « La désinformation est l'un des péchés du journalisme, qui sont au nombre de quatre : la désinformation, quand un journaliste n'informe pas ou informe mal ; la calomnie (parfois utilisée) ; la diffamation, qui est différente de la calomnie mais détruit ; et le quatrième est (...) l'amour pour le scandale » (Art. cité)

 

On remarquera que, si ces trois derniers « péchés » (ou seulement des erreurs comme le concède le souverain pontife) sont parfaitement connus et repérables dans certains organes de presse pour la raison même qu’ils appartiennent soit à une certaine presse d’opinion, soit à une certaine presse à scandale, en revanche la diffusion de « fakenews » reste invisible parce qu’elle est diluée dans tous les organes de presse. Comme le péché originel frappe l’espèce humaine en entier, celui-ci affecte aujourd’hui tous les journalistes

Mais en quoi cette faute serait-elle un « péché » ?

- La raison est à la fois simple à mettre en évidence et obscure quant à son origine : la diffusion de fausses nouvelles, assimilable de façon plus générale à la désinformation ainsi que le suggère le Pape, ne serait une erreur que si, tout en étant partout, elle était commise de façon inconsciente et involontaire. On l'a vu, c'est loin d'être le cas.

Toutefois les journalistes n’existent que pour informer les gens et non pour les « désinformer ». Et ils commettent un péché lorsqu’ils les trompent sciemment. Par exemple, prétendre que Prigogine n’est pas mort parce qu’au moment du crash il était dans un autre avion relève de la volonté de faire de l’information sensationnelle et exclusive avec ce qui n’a vraiment aucune base dans la réalité.

- Mais pourquoi le font-ils ? Quelle est l’origine de ce mal qui ronge la presse et la prive de la confiance du public ?

On peut suggérer que les journalistes qui désinforment le font par orgueil : ils veulent être reconnus comme les meilleurs de leur profession, mais pour cela ils la faussent au mépris de leur déontologie.

L’orgueil étant l’un des sept péchés capitaux, on peut craindre la surpopulation aux Enfers, au département réservé à la presse.

vendredi 25 août 2023

Plumez la volaille fiscale – Chronique du 26 aout

Bonjour-bonjour

 

Bientôt septembre, les feuille qui jaunissent sur les arbres et les feuilles d’impôt qui se glissent dans les boites à lettre.

Moment où l’augmentation de la taxe foncière va faire crier très fort alors que pourtant Président, ministres, sous-ministres et autres spécialistes de la bienveillance fiscale entonnent la même chanson : moins d’impôt mais plus de services publics.

Hum... 

- Là vous vous dites : « Y a un truc. On va nous matraquer certes le plus discrètement possible, mais il faudra bien que quelqu’un paye la note. Et ce quelqu’un on se doute bien que ce sera nous. »

Et pourquoi pas ? Savez-vous que l’art de l’imposition a été défini il y a bien longtemps par Colbert, le grand et irremplaçable ministre de Louis XIV. Et que disait-il ? « L'art de l'imposition consiste à plumer l'oie pour obtenir le plus possible de plumes avec le moins possible de cris ».

Si c’est là le conseil de Jean-Baptiste Colbert en personne, comment s’y dérober ?

- C’est qu’aujourd’hui les citoyens, mieux informés que les sujets du Roi-Soleil, prétendent contrôler le taux d’imposition pour s’assurer que tous sont soumis à un impôt juste et proportionnel aux ressources : que les riches payent plus et les pauvres moins. Si l’ancien régime a succombé à la Révolution, n’est-ce pas justement parce que les privilèges exonéraient les nantis et surchargeaient de taxes les démunis ?

Hé bien, il en va de même aujourd’hui : ce ne sont pas les impôts qui augmentent le plus la charge fiscale, mais les taxes payées par tous indistinctement.

Un exemple ? La franchise sur les boites de médicaments va bientôt doubler – nous en sommes persuadés : que les démunis soient exonérés de l’impôt – que l’oie fiscale reste silencieuse – n’empêche que ces pauvres gens sont aussi malades que les autres et qu’ils doivent se procurer les médicaments nécessaires à leur santé. 

Et là : Boum !




jeudi 24 août 2023

Never surrender ! – Chronique du 25 aout

Bonjour-bonjour

 

Vous connaissez cette photo ? 


Il s’agit bien de la photo d’identité judicaire (le « mugshot ») prise hier à la prison d’Atlanta où Donald Trump a été enregistré comme détenu sous le registre « P01135809 » pour avoir tenté de manipuler les élections présidentielles de 2020. (Vu ici)


On remarque l’expression agressive de l’ancien Président : s’agit-il d’une réaction de colère spontanée ? Peut-être, mais pas seulement : car sur cette photo Trump a sans doute posé en pensant à l’usage qu’il allait en faire pour sa campagne du candidat-Trump, comme on le voit sur cette affichette : 

Voilà encore un tour de passe-passe réalisé par Donald Trump : faire de l’infamante photo d’identité-judiciaire une preuve à sa décharge lui permettant d’accuser « l’État-profond » de s’acharner à sa perte. Puisque cet homme est attaqué par la justice des Etats-Unis, il ne peut être qu’une victime : « le « deep state » aurait pour objectif « de détruire ou au minimum de bloquer la présidence de Trump » : il s’agit de montrer que le complot des démocrates est visible à travers les accusations qui accablent l’ancien Président. Tel est le message.


- On sait que ce procédé de retournement de situation qui transforme le coupable en victime et qui fait de la victime une criminelle est assez courant.

Sur le mode « Mes chaines accablent mes juges », on connait l’image de José Bové coupable du « démontage » du McDo de Millau.



C'était en 1999, mais pour José Bové la devise était déjà : Never surrender !

mercredi 23 août 2023

La prière en dix mots du Pape – Chronique du 24 aout

Bonjour-bonjour

 

On lit dans cet article que "le Pape François a le souci de nos matins, lorsque, l’esprit encore embrumé par la nuit et parfois dans la précipitation du départ au travail, on oublie de confier par la prière sa journée à Celui qui nous l’offre… Si l’on sait à quel point la prière est nécessaire à l’âme, il est parfois difficile de la pratiquer tous les jours, avec régularité. Encore plus, peut-être, lorsqu’il s’agit du matin…" 

 "Pourtant la prière peut fort bien être brève sans perdre son effet bénéfique pour l’âme :

François rappelle en effet l’existence de l’oraison dite « jaculatoire » (1), une prière qui se caractérise par sa brièveté, tenant généralement en quelques mots, à l’image de la prière du cœur des orthodoxes : Seigneur Jésus, Fils de Dieu, aie pitié de moi pécheur. "

Pour les catholiques il existe également une solution à ce problème : le Pape propose ainsi une unique phrase pour rendre grâce et confier à Dieu cette nouvelle journée qui commence : 

« Seigneur, je te remercie et je t’offre ce jour. »

 

De cette manière on peut, ainsi que le rappelle le Pape, sauvegarder le caractère quotidien de la prière qui est essentiel à son bénéfice immédiat : « La prière est la médecine de la foi, le reconstituant de l’âme. Il faut, cependant, que ce soit une prière constante. Si nous devons suivre un traitement pour aller mieux, il est important de bien l’observer, de prendre les médicaments de façon et aux moments adéquats, avec constance et régularité. C’est ce qu’il faut en tout dans la vie » (Art. cité)

 

Toutefois, si la prière doit être quotidienne, elle doit aussi être portée par cette force jaculatoire, ce débordement de l’âme qui ne vaut pas forcément par sa longueur mais essentiellement par son jaillissement. On comprend ainsi qu’il ne s’agit pas de faire dans la rhétorique, mais dans la dynamique

 

… Vous vous en doutez, chers amis, je n’ai pas le souci de votre vie spirituelle, pas plus que je ne souhaite devenir un coach en développement personnel. Par contre je suis attentif au fait que l’Église à son tour se lance dans ce combat du « bonheur-du-jour » qui cherche à stimuler les forces vitales en stimulant leur source. Mais vous avez des solutions alternatives : par exemple avec la salutation au soleil

La Salutation au Soleil dans une école indienne (vu ici)

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(1) Jaculatoire : Adjectif. (Littéraire) Marqué par un jaillissement intérieur intense, exalté, lyrique. (Religion) Qualifie une prière courte et fervente. (Vieilli) Qui jette ou projette.

mardi 22 août 2023

La dématérialisation est-elle une utopie ? – Chronique du 23 aout

Bonjour-bonjour

 

Dématérialiser est le mot à la mode lorsqu’on veut parler du remplacement de certaines pratiques anciennes par des manipulations numériques. Ainsi de la monnaie-papier remplacée par la carte bancaire puis par l’appli permettant de payer en approchant son smartphone du lecteur de carte. (A lire dans cet article)

On ironise sur cette prétention à tout bouleverser, comme avec cette image qui rappelle qu’on n’est pas prêt de tout dématérialiser :

 


Bof… Trop facile !

Oui-oui… Mais à partir de quand peut-on dire qu’on a dématérialisé ? Quel est donc ce critère qui permet d’en parler ?

D’une certaine façon nous n’avons rien inventé en matière de suppression de la matière. Les bouquetins et les chevaux de Lascaux sont bien des animaux « dématérialisés ». Ce sont des traces faites d’un peu d’ocre ou charbon de bois. De la matière oui, mais qui ne sert pas en tant que telle ni pour changer la couleur d’un mur, ni pour servir d’engrais. Ces matières « matérialisent » un dessin qui renvoie à une réalité absente : le dessin à l’ocre d’un bouquetin n’est pas le bouquetin réel, mais sans celui-ci il n’aurait plus aucun sens. Toute la dématérialisation est déjà là et il est un peu ridicule de se glorifier d’avoir supprimé la matière du signe, puisqu’il n’est rien sans la réalité matérielle à laquelle il renvoie.

- Par ailleurs, que veut-on dire en prétendant dématérialiser plus encore grâce au numérique ? Il s’agit simplement de modifier le support du signe : pour la monnaie on est passé du métal au papier, puis du papier au semi-conducteur contenu dans le smartphone. 

Plus de matière ? Cela n’arrivera peut-être que lorsque l’on pourra payer rien que par la pensée, grâce à un capteur d’ondes cérébrales.

- Serons-nous arrivés alors au point ultime de la dématérialisation ? 

* Les matérialistes diront que ces ondes sont une réalité physique et que, comme telle, elles sont encore bien de la matière.

* Les spiritualistes quant à eux, rappelleront que l’âme et le corps étant deux choses bien différentes, en payant par l’émission d’une pensée on arriverait à une dématérialisation totale.

Après avoir convoqué Lascaux pour comprendre le rôle des signes, voilà que nous réactivons la métaphysique traditionnelle : rien de nouveau sous le soleil !

lundi 21 août 2023

Vacances : pourquoi rentrez-vous ? – Chronique du 22 aout

Bonjour-bonjour

 

Vous avez-vu cette photo ?

 


Elle représente les vacanciers rentrant chez eux à la fin de leurs congés.

- Et je me dis : « Pourquoi tous ces gens rentrent-ils ? À supposer qu’ils n’aient pas tous épuisé leurs congés, en ont-ils eu assez et préfèrent-ils retrouver leurs petit F2 et leurs habitudes de promenade du chien-chien/télé/ pizza du samedi soir ? »

Question qui sera peut-être considérée comme oiseuse : c’est le cœur en rage contre le boulot à reprendre et les voisins qui font du tintouin le week-end que tous ces gens qu’on voit embouteillés sur la photo ont pris le chemin du retour. 

--> Mais une étude jugée sérieuse a découvert que la durée idéale des congés était de … de combien ??? (Ici roulement de tambour) : de 8 jours ! 

Vous ne me croyez pas ? Lisez plutôt : « Cette recherche a, comme plusieurs études antérieures, montré que le bien-être des employés s'améliore pendant les vacances, mais pas après. Et le pic de ce bien-être arriverait au 8e jour des congés. Ensuite, les effets commencent à s'estomper pour finalement disparaître à partir du 11e jour. Ce qui semble indiquer qu'il ne servirait à rien de faire une pause plus longue. » -  Étude de Springer Nature (Lue ici)

Donc ma question était certes judicieuse mais tout compte fait, sa réponse était parfaitement évidente : on rentre de vacances parce qu’on n’est plus fatigué. 

L’article cité écrit en effet : « Se demander pourquoi on devrait continuer à partir en vacances est comparable à se demander pourquoi on devrait aller se coucher, compte tenu du fait qu'on se fatigue à nouveau, souligne Springer Nature. Dès lors, il est nécessaire d'alterner des périodes d'investissement dans l'effort au travail avec des périodes de récupération afin de rester en bonne santé sur le long terme. En clair : des congés plus nombreux mais moins longs. »

Ben voyons ! Alors tous ces gens rentrent de vacances simplement parce qu’ils ne sont plus fatigués : la reprise du travail pour eux, ça ne signifie rien de particulier, et ils ont autant envie d’aller bosser que de continuer leurs parties de beach-volley.

Alors, pourquoi se sont-ils mobilisés comme des furieux contre la réforme des retraites ? Pourquoi ont-ils crié leur colère de voir leurs deux plus belles années gâchées par le travail ?

Moi je crois que si tous ces gens reprennent le chemin du travail, c’est parce qu’ils n’ont plus de sous, et qu’il faut bien refaire des réserves avant d’aller claquer leur thune sur les dancefloors d’Ibiza.

dimanche 20 août 2023

Esclave à Pompéi – Chronique du 21 aout

Bonjour-bonjour

 

Imaginez ce qu’était une chambre d’esclaves à Pompéi, telle que retrouvée conservée après l’irruption du volcan. Vous pensez à des chaines et des anneaux dans les murs ?  À des fenêtres grillagées et à des portes munies de serrures ? Pas du tout. Rien de plus que quelques bocaux dont l’un contenait les restes de deux souris et d’un rat : destinés au repas peut-être ?

Gabriel Zuchtriegel, directeur du parc archéologique de Pompéi répond à notre étonnement : « Il semble que le contrôle ait été exercé principalement par l’organisation interne de la servitude, plutôt que par des barrières physiques et des contraintes » (Lu ici). Et on pense alors au Code noir (1) : toute personne « libre » avait le droit d’interpeler un esclave soupçonné d’être en fuite et de le remettre à la force publique. L’esclavage est un état avant d’être une situation : on naissait esclave et nulle chaine n’était nécessaire pour que l’esclavage soit une réalité. Restait l’aspect superficiel qui signalait le fait de l’esclavage : des vêtements particuliers, comme ceux des prisonniers de Guantanamo ?

 


Mais non : les esclaves devaient avoir une contenance particulière qui les signalait comme des êtres inférieurs, des êtres soumis et débiles. Si vous ajoutez à cela la certitude des hommes libres que de pareils êtres ne peuvent être libres de leurs mouvements, vous concluez facilement que les chaines et les barreaux sont parfaitement superflus (2).

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(1) Le Code noir édité en 1685 détaillait les droits des maitres à l’égard de leurs esclaves : en fac-similé ici ; commenté ici.

(2) Aristote affirmait que, puisque les esclaves étaient par nature des êtes inférieurs incapables de se diriger seuls dans la vie, leur soumission à un maitre était légitime.

samedi 19 août 2023

Des limites de la profanation – Chronique du 20 aout

Bonjour-bonjour

 

La question de la profanation religieuse revient périodiquement à propos d’actes de vandalisme perpétrés à l’encontre du Coran. Ainsi de la Suède où depuis quelques semaines des exemplaires du Coran sont brûlés en place publique, déclenchant de furieuses manifestations dans les pays musulmans. (Lire ici)

Comme la France, la Suède ne possède pas de législation condamnant ces actes profanateurs et ne peut faire intervenir les forces publiques contre de tels actes, sauf à les considérer comme source de désordres.

Occasion de revenir sur l’idée de profanation. Le terme qui désigne l’impiété commise à l’encontre de ce qui est porteur de sainteté renvoie à ces actes qui détruisent les objets qui en sont porteurs, soit en les anéantissant (comme le coran brûlé), soit en les dépouillant de ce qui les rends sacrés (donc en les rendant profanes). On peut ajouter qu’une extension de ces destructions consiste à démontrer que les miracles révélés n’existent pas (1).

- Que ces actes soient condamnables moralement n’implique pas qu’ils soient ipso facto interdits, même si la liberté d’opinion peut fort bien être limitée par la souffrance qu'elle pourrait imposer à autrui. Ce n’est pas parce que j’ai le droit de faire ce que je veux chez moi que j’ai le droit de troubler la sieste dominicale de mes voisins en tondant mon gazon avec une machine pétaradante en début d’après-midi.

Pourquoi ne le fait-on pas ? Parce qu’il faudrait alors que le domaine considéré comme sacré soit défini de façon précise et ses limites posées avec rigueur, ce qui n’est pas le cas.

Reste encore un autre cas : la profanation peut correspondre à refus de sanctuariser religieusement des idées, des actes, des pratiques, ou plus profondément une vision du monde.

Car, si les dogmes sont rigoureusement figés, la vie des sociétés ne l’est pas et les connaissances humaines non plus.

Chez nous, la laïcité signifie qu'on prend en compte cette réalité.

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(1) Le cas le mieux connu dans la chrétienté est « la profanation de l’hostie » qui consiste à percer d’un coup de couteau ou à brûler une hostie consacrée pour voir si elle se met à saigner conformément au miracle annoncé par Jésus (« Ceci est mon corps »)

vendredi 18 août 2023

La mort à 80 km/h ou à 90km/h ? – Chronique du 19 aout

Bonjour-bonjour

 

La période des vacances est propice au bilan des accidents routiers, et en particulier à la comparaison entre la mortalité sur le réseau routier limité à 80 km/h et celle enregistrée sur les routes qui sont repassées à 90km/h, suite à des décisions locales.

- Dans cette interview, Pierre Lagache, vice-président de la Ligue contre la violence routière livre ses observations : « Une étude récente, parue en novembre 2022, de l'Observatoire national de la sécurité routière, a permis de comparer ceux qui sont restés à 80 km/h et ceux qui sont repassés à 90 km/h. On voit qu'il y a une différence de 4 points sur l'évolution de la mortalité sur les routes, soit 75 à 90 vies qui auraient pu être sauvées. Donc, il n'y a pas débat sur l'intérêt de la mesure, le 80 km/h sauve des vies. »

L’objection qui vient à l’esprit est que, si on maintient la fabrication et la vente d’automobiles alors que la vitesse tue, c’est qu’il y a un intérêt supérieur à celui de la sauvegarde de ces vies – Et d’ailleurs, pourquoi maintenir la limite à 80km/h ? si on veut une sécurité plus grande, déplaçons-nous à 30 km/h comme en ville.

Pierre Lagache n’ignore pas l’objection : « (Avec la limitation à 80 km/h) la perte de temps est d'une seconde par kilomètre. Donc, les arguments des départements qui repassent leur réseau à 90 km/h ne peut pas être celui de la perte de temps. » - autrement dit un quart d’heure sur un Paris-Marseille : on ne va pas râler pour ça !

Soit. Mais il y a quand même un problème que monsieur Lagache n’a pas pris en compte : c’est celui de la préséance de la vitesse sur la sécurité et sur la vie. Ou, si l’on veut une formulation plus radicale, le fait que pour un individu quelconque, sa vie ait moins d’importance que … Que quoi au juste ? La rapidité du déplacement ? Le confort ? Le prestige lié au moyen de transport ? Le plaisir de la vitesse ?

 

Si on reprend le cas d’un voyage de Paris à Marseille, on voit que le TGV - sans parler de la vitesse - bat la voiture pour ce qui est de la sécurité et probablement du confort. Reste le prestige : mieux vaut sortir d’une Mercedes en claquant élégamment la portière derrière soi que de descendre d’un wagon de TGV. 

--> Et puis surtout, la probabilité de périr dans un accident sur l’autoroute est suffisamment faible pour paraitre négligeable.

Et si c’était pour entretenir cette négligence que certains se battaient pour des restrictions de vitesse justes suffisantes pour descendre la probabilité d’y laisser sa peau à un niveau acceptable ?

jeudi 17 août 2023

L’appel du héros – Chronique du 18 aout

Bonjour-bonjour

 

Ce n’est pas que ça me fasse plaisir, mais je ne peux passer à côté du discours de Bormes-les-Mimosas prononcé hier par Emmanuel Macron pour célébrer les soldats héroïques du débarquement de Provence, présentés en modèle à la jeunesse d’aujourd’hui. En témoigne ces bref extrait : « Il y a dans nos jeunes un appétit de liberté, un idéalisme qui se cherche parfois. Et auquel nous devons répondre. Sans quoi, parfois, cette aspiration noble se retourne contre elle-même et sape les fondations de cette nation de liberté, d’égalité et de fraternité initiée en 1789 » (lu ici). On devine la dénonciation des émeutiers de juillet, décrits comme des jeunes nourris d’aspirations de justice et d’égalité mais qui n’ont pas su trouver le modèle capable d’incarner leurs espérances.

Et je retrouve les premières réflexions datant de 2017 dans lesquelles le jeune Président disait déjà que la société a besoin de modèles héroïques pour se développer harmonieusement. Je croyais retrouver la morale ouverte de Bergson avec son « appel du héros », qui remplace la contrainte de la morale fermée, par l’aspiration à un idéal incarné (1).

Cet appel à suivre un modèle, incarné dans un chef, m’a toujours fait horreur. Il est vrai que lorsque je suis né, le président d’alors s’appelait Philippe Pétain.

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(1) Il s’agit des Deux sources de la morale et de la religionvoir ici le commentaire de Wikipédia à propos des « héros et des saints »

mercredi 16 août 2023

Une polémique qui sent le moisi – Chronique du 17 aout

Bonjour-bonjour

 

Cette chronique vaut sans doute ce que valent les informations qui l’inspirent et, comme je l’ai déjà dit à plusieurs reprises, celles qui émaillent nos journaux sont en ce moment souvent des vieilleries toutes moisies. 

Ainsi de la polémique déclenchée par Juliette Armanet qui déclare détester « Les lacs du Connemara », la chanson de Michel Sardou – ce qui fait un lointain écho aux polémiques des années 70 quand il chantait par exemple « Les ricains » (louant leur intervention en 44 alors qu’on les conspuait pour le Vietnam), ou « Je suis pour » (sous-entendu : pour la peine de mort) ou « Le temps béni des colonies » (« Je pense encore à toi oh bwana ») en pleine pénurie d’essence. A l’époque tout cela avait un sens politique, mais aujourd’hui ? Ça ne serait pas un peu du réchauffé ?

 

Surement, mais il reste quand même quelque chose de non moisi dans cette polémique, c’est le fait que nous ayons probablement tous des chansons qui nous feraient fuir loin de n’importe quelle soirée où elles viendraient à passer. Mais ce rejet en dit moins sur la personnalité du chanteur que sur la nôtre, nous qui l’ostracisons.

Un exemple ? Pour ma part que ficherais le camp là où on chanterait en chœur « On fait tourner les serviettes » ou encore « La danse des canards ». On dira bien sûr qu’à la différence des chansons signalées plus haut, celles-ci nous engagent à une participation active – Soit mais même sans cela je serais révulsé par ces paroles, ce qui ne signifie pas qu’elles soient réellement ridicules, mais qu’il y a sans doute dans mon histoire personnelle quelque chose qui les rejette ; comme une détestation de ce qui fait populo, un désir effréné de me distinguer de ça.

--> Lié peut-être à un désir inavoué d’en faire partie ? Peut-être : la psychanalyse en a vu d’autres !

mardi 15 août 2023

Un pion + un ordi = un prof – Chronique du 16 aout

Bonjour-bonjour

 

Pendant que le ministère de l’Éducation dort, le ministre est au travail. La preuve en est une série de décrets décrits ici.

L’un des sujets de la rentrés est la présence d’enseignants devant les élèves – on se rappelle que la venue au ministère de Claude Allègre en 1997 avait été accompagnée de ce leitmotiv avec l’échec que l’on sait. La réponse d’aujourd’hui consiste à mettre en place le remplacement des profs absents par leurs collègues, mais comme on ne peut tabler sur leur disponibilité, on invente à présent des séquences pédagogiques numériques encadrées par des AE.

AE ? Quésaco ? Lisons les textes officiels : « Garant de la sécurité, du respect des droits et du règlement, il ou elle surveille les études et permanences, les locaux, les récréations, l’accès à l’établissement. Il ou elle assure en parallèle des tâches administratives liées à la vie de l’établissement (organisation des examens, inscription des élèves, préparation des documents de rentrée…) » 

--> On croit lire la définition des « pions » tel que connus durant de lointaines décennies - sauf qu’ils devront à présent prendre en charge l’encadrement de « séances pédagogiques numériques »

Car voici l’arme secrète du ministre : en cas d’absence de professeurs ces AE auraient pour mission d’encadrer « le remplacement des heures prévues à l’emploi du temps par des séquences pédagogiques qui peuvent être organisées au moyen d’outils numériques. Ces séquences pédagogiques peuvent être encadrées par des assistants d’éducation ».

Donc on admet bien qu’assurer la présence d’un enseignant devant les élèves n’est plus la mission de service public dévolue à l’Éducation Nationale, puisqu’un ordinateur peut aussi bien faire l’affaire.

Un pas de plus vers la transformation de l’éducation en télé-formation ? 

samedi 12 août 2023

Tous solidaires – Chronique du 13 aout

Bonjour-bonjour

 

« Six personnes sont décédées dans le naufrage d'une embarcation dans la Manche, ce samedi 12 août. 

Le secrétaire d'État à la Mer Hervé Berville a tenu à féliciter les services de secours pour leur intervention, qui a permis de limiter les pertes humaines. « Les moyens engagés ont été rapides, efficaces et d’ampleur », a-t-il expliqué face à la presse, rappelant que près de 61 vies ont pu être sauvées au cours de cette tragédie. » (Info ici)

Le secrétaire d’État à la mer faisait sans doute implicitement référence à ce désastreux bilan de 2021, lorsque 27 migrants s’étaient noyés dans la Manche après avoir contacté les secours français et britanniques sans qu’aucun ne daigne les secourir (voir ici). On imagine aussi que les services officiels italiens ne font sûrement pas ce genre de commentaire après avoir détourné vers des ports lointains et problématiques les naufragés repéchés par les garde-côtes.

Et on se demande alors à partir de quel moment des migrants deviennent-ils des « personnes », quand cessent-ils d’être du gibier qu’on traque pour réintégrer la nature humaine ? 

- Quand ils se sont noyés et que leurs cadavres viennent joncher nos plages ? 

Comme celui-ci ?

 


 

- Rappelez-vous : c’était il y a 8 ans déjà. La stupeur et la tristesse avaient envahi le public occidental : « Plus jamais ça ! » s’était-on écrié. D’un coup les migrants redevenaient des êtres humains à part entière – du moins lorsque leur embarcation chavirait. Car avant, ce n’étaient que des envahisseurs qu’il fallait coûte que coûte refouler.

 

Un seul mot est possible ici : solidarité.

Un problème de définition ? Voilà celle de la Toupie : « La solidarité humaine est un lien fraternel et une valeur sociale importante qui unissent le destin de tous les hommes les uns aux autres. C'est une démarche humaniste qui fait prendre conscience que tous les hommes appartiennent à la même communauté d'intérêt. »

 

- Quoi ? Encore un problème ? On vient de lire « tous les hommes appartiennent à la même communauté d'intérêt. » : c’est ça qui vous gêne ?

vendredi 11 août 2023

L’Écureuil se fait des c*** en or ! – Chronique du 12 aout

Bonjour-bonjour

 

En confidence, où donc mettez-vous vos sous ? Non pas ceux des dépenses courantes, mais ceux de l’épargne, ceux qui vont de mois en mois gonfler vos réserves ?

Sous le matelas ? Sous la pile de drap ? Dans le tiroir de la commode, sous les culottes de madame ? Dans la vieille chaussette de ski ?

Mais non, tout ça c’est périmé : vous remplissez votre livret A, celui de l’Écureuil qui du coup de fait des c*** en or massif !

 


La preuve ? Lisez cette info-du-jour : 

« Les Français continuent de dégarnir leur compte courant… pour alimenter leur épargne

Si les Français piochent dans leurs comptes courants, c’est parce que le livret A et le Livret de développement durable et solidaire sont plus attractifs.

Les montants dormant en numéraire, c’est-à-dire l’encours des billets et des pièces, et sur les comptes à vue ont en effet baissé de 18,5 milliards d’euros entre janvier et mars.

Cette baisse est à rapprocher du remplissage du livret A et du Livret de développement durable et solidaire, qui ont attiré 25,4 milliards d’euros au premier trimestre, et encore quelque 9 milliards de plus depuis. » (Lire ici)

On le voit les français sont des gens rationnels : puisque le livret A rapporte quelques sous, et même si au bout d’un an ça ne fait que quelques euros, on vide le compte courant pour garnir l’épargne dont la liquidité est garantie. Preuve, s’il en fallait, que l’inconscient collectif a gardé quelque chose de la tradition qui date de plus d’un siècle de l’épargne populaire.

Un exemple ? Mes grands-parents qui, au début du 20ème siècle, ont constitué une épargne : avec leurs petits salaires ils ont acquis des actions dans les mines d’aluminium d’Australie, dans les chemins de fer de Pékin et dans… l’emprunt Russe (1). Ce qui signifie que malgré leur faible niveau d’éducation, ils ont pu avoir accès à des informations financières qui pourtant n'étaient sans doute pas aussi faciles à obtenir qu'aujourd'hui avec Internet et le réseau de banque dont nous disposons.

Preuve que, quand il s’agit d’argent, l’intelligence humaine est à son maximum.

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(1) C’est avec fierté qu’ayant conservé ces titres j’ai pu en obtenir dédommagement en 1997.