mardi 31 mars 2020

Journal d’un vieux confiné – 1er avril 2020

Devant la banalité des infos et durant toute la période de confinement, je remplacerai mes commentaires par ce journal.

Bonjour-Bonjour

Devant le manque de sources ma réflexion erre lamentablement. Sur quel objet se fixer ?
1er avril : oui, c’est vrai. D’habitude cette date éveille en moi à la fois l’envie d’inventer des blagues à faire aux amis et le souci d’éviter de croire à ce qu’on va me raconter ; mais bien sûr les circonstances ne s’y prêtent pas. « Tu sais, le docteur Raoult ? Il a attrapé le covid’ et il refuse le traitement à la chloroquine. Il dit que c’est dangereux et que les résultats ne sont pas au rendez-vous ». Non, vraiment, ça ne ferait rire personne.
Reste que le 1er avril est la « Journée mondiale de la blague » - et ce n’est pas une plaisanterie, comme vous pourrez le vérifier ici.
Le 1er avril journée mondiale des fakenews : voilà qui a du sens. Parce que les fakenews ont acquis leurs lettres de noblesse en particulier avec Donald Trump qui, tout en accusant les journalistes d’en diffuser à son encontre, ne se prive pas d’en proférer chaque jour. Il est vrai qu’elles sont rebaptisées pour l’occasion « post-vérités », ce qui a quand même un peu plus d’allure.
C’est en 2016, dans le sillage de la campagne électorale américaine, que la post-vérité a été désignée comme « mot de l’année » par le dictionnaire d’Oxford, et que de nombreux journaux ont glosé sur le vice du mensonge en politique, en démocratie, là où la confiance doit régner. Il est vrai que si les chefs politiques en un font usage abondant, ils sont suivis – voire précédés – par les citoyens jamais à court de complots à dénoncer.
Un petit livre de Myriam Revault d'Allonnes intitulé La Faiblesse du vrai, et sous-titré « Ce que la post-vérité fait à notre monde commun » développe cette idée, tout en déplaçant le débat. Selon Myriam Revault d’Allonnes, la vérité importe moins en politique que l’opinons, la quelle comme on le sait peut être fausse tant qu’on voudra, l’essentiel étant l’émotion qui s’en empare. C’est que l’accord entre les hommes décidés à vivre et à se gouverner ensemble se fait sur la base de l’opinion commune ou si l’on veut des émotions communes – pas sur la base de vérités scientifiques. Il en résulte bien sûr l’inconstance des unions humaines, selon les indignations que secouent telle groupe social et pas tel autre. Cette situation est parfois mise en lumière, comme avec les mouvements d’« indignés » que l’on a connu il y  a quelques années. Mais parfois il ne s’agit que de « co-vibrations » comme le mouvement des Gilets-Jaunes en a produites.
On me reprochera de généraliser, alors que l’épidémie nous contraint à remiser les émotions liées à de fausses informations : la croyance en un « corona-gripette » qui a fleuri un peu partout avec le soupçon d’être diffusé par le gouvernement pour nous détourner des sujets sérieux comme la réforme des retraites est tombé à l’eau, mais il a été vite remplacé par d’autres émotions comme l’indignation ou la colère devant de l’incurie de nos dirigeants, incapables de nous protéger de cette épidémie considérée cette fois comme mortelle. Et puis, ne l’oublions pas, 1 français sur 4 croient que le corona-virus a été fabriqué dans un laboratoire. 
Tient nous voici revenus au 1er avril…

lundi 30 mars 2020

Journal d’un vieux confiné – 31 mars 2020

Devant l’uniformité des infos et durant toute la période de confinement, je remplacerai mes commentaires par ce journal.

Bonjour-Bonjour

Je voudrais évoquer le sentiment d’étrangeté qui se développe lorsque, après s’être signé à soi-même une autorisation de sortie, on se retrouve dans la rue, dans son quartier, un peu comme dans un pays inconnu, un peu comme dans un rêve.



Oui, ces avenues sans âme qui vive mènent à un monde inconnu, où aucune activité n’est possible. Ni le fait d’aller d’un point à un autre, puisqu’il ne nous est pas permis d’entrer où que ce soit – à part dans notre propre maison. Ni le fait de rencontrer qui que ce soit, puisque les rares piétons que nous croisons s’écartent au maximum de nous (qui en faisons autant). Ni bien sûr entrer dans ces commerces fermés dont les passants ne fréquentent plus les abords.

- Je me rappelle l’époque (années 80) où la mode était aux films post-apocalypse. On se retrouvait en ville, avec les avenues immenses, filmées au ras du bitume, désespérément vides, avec, trace du temps qui passe, de l’herbe qui pousse entre les pavés des trottoirs.
Oh ! bien sûr on n’a pas affaire ici à l’apocalypse habituelle, avec ses déflagrations nucléaires ses bombardements de météorites, ses déluges de feu aux quels la Bible nous a préparés.  Non, rien de tout cela : il s’agit d’une apocalypse tranquille.
Si l’étrangeté nous saisit, c’est d’abord parce que nous sommes seuls là où une vie grouillante d’humains se répand habituellement. Supposez que vous soyez à la campagne, sauf si les vaches s’arrêtaient de meugler dans le lointain et les chiens d’aboyer dans les cours de fermes, vous n’auriez pas ce sentiment, parce que la solitude dans la nature est habituelle.
En réalité, c’est parce que le quartier que nous traversons est fait pour la présence d’êtres humains, pour leur permettre d’aller quelque part, de se rencontrer ou de se procurer ce dont ils ont besoin. L’apocalypse dont nous parlons résulte de la déconnexion de ce monde par rapport à l’humain. Supposez que vous soyez sur Mars : le paysage, avec ses cailloux jonchant le sol, est comme ça depuis des milliards d’années. Rien ni personne ne peut en avoir disposés les pierres, ni déplacées, ni arrangées. Eh bien, on ressent dans ces sorties « confinées » un peu comme si en effet le quartier allait rester comme ça durant des millénaires.
La solitude n’est pas seulement l’absence de l’homme ; elle est aussi imprimée dans le paysage. On pense au livre de Michel Tournier Vendredi ou les limbes du Pacific, où Robinson se trouve en déperdition de son être du fait qu’aucun regard autre que le sien ne peut percevoir les paysages de Speranza, l’ile déserte où il a échoué.
Cette expérience de la solitude que nous procure notre monde confiné est une expérience ontologique qui dépeint notre être-au-monde.

dimanche 29 mars 2020

Le roi de Thaïlande se confine avec un harem de 20 femmes

Le roi de Thaï­lande s’est confiné dans un hôtel de luxe de la station alpine allemande de Garmisch-Partenkirchen en compagnie d’un harem d’une vingtaine de femmes. Pour l’instant, on ne sait pas s’il y a également emmené ses quatre épouses officielles.
Ses sujets critiquant sa démarche s’exposent à des poursuites judiciaires. Lire ici


Il y a quelque contradiction à évoquer le confinement lorsqu’il s’agit d’un groupe de plus de 20 personnes (car on ne dit rien de la supposée nombreuse domesticité qui est du voyage). Les thaïlandais s'en scandalisent, ce qui est injuste : chez nous les couples ne sont pas soumis à la règle du confinement entre eux (ils peuvent sortir ensemble à condition de maintenir la distanciation sociale entre eux et les autres). Il suffit de multiplier l’épouse unique par 20 qu’est-ce que ça change ?

Mais l’idée qui domine n’est pas celle-là. On demandera qui donc, parmi les messieurs, ne considérerait cette situation comme l’image du Paradis ? On sait que les musulmans ont imaginé que le paradis d’Allah comporte des vierges supposées servir de récompense aux bienheureux (1). Mais sans recourir à une telle source, on sait bien que tous les chefs disposant du pouvoir sur les êtres humains l’ont utilisé pour leur jouissance sexuelle, au point que, lorsque cette recherche n’est pas présente, on se demande quels subterfuges cela cache. Le Président Macron n’a pas échappé à la chose, lui qui n’a rien montré de semblable, est supposé cacher quelque liaison perverse, sans doute homosexuelle.
Avouez que le roi de Thaïlande annonce la couleur simplement de façon plus évidente. 
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(1) Leur virginité serait même sans cesse renouvelée, ce qui garantit une éternité de délices pour les hommes élus. Voir ici

Journal d’un vieux confiné – 30 mars 2020

Devant l'uniformité des infos et durant toute la période de confinement, je remplacerai mes commentaires par ce journal.

Bonjour-Bonjour

J’avais bravement posé, il y a plusieurs jours, la question du changement de siècle symbolisé par les bouleversements actuels liées à l’épidémie de covid19.
Après avoir réfléchi à la rupture et puis à sa nature, nous voici à présent à caractériser ses manifestations.
- Comment caractériser ce siècle qui naît aujourd’hui ? Nous avions je le rappelle émis l’hypothèse que le profit dans les services publics serait un objectif évacué, au profit de la continuité service lié à un contrat social par rapport au quel le déficit serait une réalité sans importance en première instance.
- J’en étais là quand une interview est venue me démentir. Il s’agissait de celle d’Olivier Fort, le Président du groupe des députés socialistes à l’assemblée. Alors qu’on lui posait la question de son éventuel soutient aux déclarations du président Macron (1), le voilà qui reprend unes à unes toutes les revendications de l’opposition en les reliant à cette profession de foi présidentielle. Dire que l’hôpital devra être mis en premier dans les services que l’État doit aux citoyens, c’est changer son organisation, mais aussi renoncer aux réformes des retraites en particulier à celles qui suppriment les régimes particuliers ; de même pour les réformes du droit du travail, du chômage etc. Autrement dit pour que ça change, il faut que rien ne change. - Je veux dire que dans l’hypothèse où on en serait à la sortie de crise, la politique reprendrait immédiatement ses droits et que l’idée de mettre à plat le système sans idée préconçue et de trouver des moyens de financer tout cela est peine perdue, parce que les anciens clivages reviendraient au grand galop, avec les oppositions qui ne visent qu’à la conquête du pouvoir.

Oui, voilà ma triste déconvenue : le but final de la politique n’est pas le bien-être du citoyen, mais la conquête ou la conservation du pouvoir. Inutile de le dire : il n’est que de relire Machiavel pour en être persuadé : si depuis la publication du Prince (rédigé vers 1515) rien n’a changé, c’est qu’il est des domaines où l’histoire n’a pas lieu. 
Ainsi, nous dirons que le pouvoir n’a pas d’histoire.
Du coup, les caractéristiques du changement de siècle peuvent bien être déclinées dans les innovations technologiques ainsi que dans les conséquences de leurs applications, MAIS inutile de les chercher dans le pouvoir politique.
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(1) « Ce que révèle déjà cette pandémie, c’est que la santé gratuite sans conditions de revenus, de parcours ou de profession, notre État providence ne sont pas des coûts ou des charges mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe. Ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché » Déclaration du Président de la République, le 12 mars dernier. Lire ici

samedi 28 mars 2020

Grâce au papier toilette, un boulanger allemand relance son activité pendant le confinement





Amusant n’est-ce pas ? Au moins comme le fait observer un fellower, on montera au ciel avec le cul propre.
Pour ma part, je dirai que l’ajout de chocolat sur le bord est de très mauvais goût, mais que l’essentiel n’est pas là. Parce que l’épidémie de covid19 que nous subissons en ce moment, c’est quand même une situation sans comparaison avec quoique ce soit – mais que son symbole soit le P.Q. voilà qui parait saugrenu. 
- Et d’abord, est-ce bien le cas ?
C’est là que le choix de ce pâtissier de faire un gâteau en forme de rouleau de papier de toilette est bien significatif. C’est qu’un peu partout on a pointé ces gens qui ressortaient des supermarchés avec des chariots chargé de paquets de rouleaux de papier hygiénique, alias PQ. Ces achats de précaution ont surpris : fallait-il redouter la pénurie dans ce domaine ? Et si oui, était-ce indispensable d’en garnir les étagères de nos réserves jusqu’à la gueule ?
- Certains en ont profité pour psychanalyser ces gens : ils s’identifient à leur achat, en se dévalorisant comme déchet. Tel quel…
Peut-être. Mais on pourrait aussi prendre ça au premier degré et dire que se nettoyer les fesses etc. est un besoin prioritaire ; d’ailleurs dans beaucoup d’autres pays on se lave les fesses après chaque usage (voyez à ce propos les cuvettes de w.c. japonaises). Et en plus, en cas de pénurie, où trouver le papier se substitut ? Plus de courrier, plus de journaux, tout est numérique. Il ne resterait pour vous torch*** que la publicité Carrefour.  
Je n’ai pas essayé, mais ça doit gratter un peu.

Journal d’un vieux confiné – 29 mars 2020

Devant l'uniformité des infos et durant toute la période de confinement, je remplacerai mes commentaires par ce journal.

Bonjour-Bonjour

Hier je réfléchissais à la question du changement de siècle brusquement posée par l’épidémie mondiale de corona-virus. 
Et d’abord, devons-nous croire que l’histoire d’un seul coup va cesser sa marche en avant, et se mettre à rebrousser chemin jusqu’à trouver un point où la nature pourra équilibrer ses profits et ses pertes ?
D’où la seconde question que je vais aborder aujourd’hui : si tel est le cas, qu’est-ce que nous sommes prêts à abandonner pour réaliser cet équilibre ?

- Mettons-nous d’abord d’accord : s’il s’agit « seulement » de chasser le virus, on se dit qu’un tel changement est inutile puisque l’invention d’un vaccin suffira à l’éradiquer, comme on a éradiqué tant d’autres maladies infectieuses ou virales.
Mais ce qui va changer, c’est notre regard sur l’avenir, gros de menaces d’autres fléaux, et probablement d’autres épidémies. – Regard sur l’avenir et donc sur le présent qui nous prépare à l’affronter : le Président a déjà fait savoir que nos hôpitaux chéris devaient être sortis de la logique productiviste et profiteuse pour être définis uniquement en termes de service public – et il a même osé la formule « État providence », ajoutant pour ceux qui n’auraient pas compris que tous ces bienfaits « doivent être placés en dehors des lois du marché ». (1)
Il faudrait donc admettre que les services publics ne doivent pas obéir à l’exigence de profits ni à celle de la rentabilité, ni même à celle de l’équilibre des comptes ? Oui, et le mot de « déficit » résonne dans les contours de ces phrases. Le profit, voilà ce qu’il nous faut abandonner. Avec certes quelques soucis d’efficacité, puisqu’il est impossible de donner de l’argent sans s’assurer qu’il sera bien utilisé. Mais qu’on arrête une bonne fois de nous répéter que les autres pays font en matière de services publics aussi bien que nous pour beaucoup moins cher ! Ou du moins qu’on veuille bien, avant de nous prosterner devant ces exemples, vérifier leur niveau de réussite dans la lutte contre la pandémie.
Regardons nos réussites et voyons comment l’argent public peut produire ce que le domaine privé ne saurait pas faire. Je ne veux pas dire bien sûr que les entreprises privées sont incapables de réaliser les mêmes services que la poste, l’enseignement ou la garde d’enfant. Mais ce que dans ce domaine elles ne peuvent tolérer c’est de perdre de l’argent, parce que les actionnaires sont là qui veillent sur leurs dividendes ; l’État, quant à lui, le peut parce que les services rendus au public n’ont pas à être profitables : on a vu ce que cette logique produisait dans les chemins de fer ou dans l’implantation des bureaux de postes. Aujourd’hui les Régions devenues opératrices des trains rétablissent certaines lignes déficitaires auxquelles rien ne peut suppléer.
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(1) « …la santé gratuite sans conditions de revenus, de parcours ou de profession, /que garantit/ notre État providence ne sont pas des coûts ou des charges mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe. Ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché » Lu ici

vendredi 27 mars 2020

Le pape François, seul pour la bénédiction « urbi et orbi »

  


Seul sur le parvis désert de la basilique Saint-Pierre, le pape François a présidé, vendredi 27 mars, la traditionnelle et très solennelle bénédiction Urbi et Orbi (Vu ici)

On ne peut voir cette étrange photo sans sursauter : pourquoi le Pape a-t-il eu besoin du parvis de la basilique Saint Pierre pour faire sa bénédiction puisque son entrée était interdite ? Et pourquoi interdire l’usage de ce lieu alors qu’il a été visiblement préparé pour recevoir une foule nombreuse ? Et surtout, pourquoi le Saint-Père a-t-il éprouvé la nécessité de sortir sur ce parvis alors qu’il aurait pu tout aussi bien prononcer sa bénédiction depuis la fenêtre de son bureau à supposer qu’il ait eu besoin d’un espace ouvert sur le ciel pour que sa prière monte vers Dieu ?
Oui, le décorum a-t-il un rôle à jouer ? Y aurait-il des lieux saints tels que Dieu ne puisse apparaitre que là et pas ailleurs ?
Rappelons l’anecdote d’Héraclite installé dans sa cuisine ; ses disciples le voyant dans un tel lieu hésitent à entrer. Et Héraclite de leur dire : « Entrez. Ici aussi il y a des Dieux ».
Les Grecs avaient des Dieux pour tous les lieux y compris les cuisines – ce que n’ont pas les chrétiens.
Supériorité du polythéisme sur le monothéisme.

Journal d’un vieux confiné – 28 mars 2020

Devant l'uniformité des infos et durant toute la période de confinement, je remplacerai mes commentaires par ce journal.

Bonjour-Bonjour

J’étais sur le point de repartir ce matin sur des thèmes bien anxiogènes comme je les affectionne, quand me tombe dans les oreilles une question posée par le sociologue Jean Viard : « Sommes-nous entrain d’entrer dans le 21ème siècle ? » Et là je sursaute, car il y a de ça une vingtaine d’années j’aimais poser la même question en expliquant un peu. Je disais : « Du point de vue historique, le 20ème siècle n’a pas commencé en 1900, mais bien en 1914 (voire en 1918). Si l’an 2000 n’est pas plus que 1900 la porte d’entrée du siècle nouveau, quel évènement pourrait en marquer le franchissement ? »
Aujourd’hui où tous les prophètes, les prévisionnistes, les conjoncturistes – ou même les visionnaires – se penchent sur notre monde tétanisé par la maladie pour sonder l’horizon et nous prédire l’avenir, il y a 3 questions qui se posent :
1 – Sommes-nous bien dans cette configuration, telle que demain ne sera plus jamais comme hier ?
2 – Si oui, qu’est-ce qui va disparaitre et qu’est-ce qui va apparaitre ?
3 – Comment caractériser ce siècle qui naît aujourd’hui ?

La première question est la plus « chaude » actuellement : on ne peut pas entendre des chroniqueurs un tant soit peu incisifs sans qu’ils prophétisent au moins la fin de la mondialisation, qui révèlerait ainsi au grand jour se tares et ses fragilités. Du coup, le repliement nationaliste revient sur le devant de la scène comme l’ultime protection qu’on doit réclamer. Mais ça ne suffira pas : le covid19 est bel et bien une vengeance de la nature qui à l’agonie a trouvé ce moyen pour bloquer nos entreprises suicidaires. Il ne faut pas seulement revenir à l’intérieur de nos frontières, il faut aussi faire marche arrière dans le temps historique.
Alors, ce qui va apparaitre serait donc tout ce qui a disparu au cours des 80 dernières années ? Les usines Renault avec leurs ouvriers en bleus qui entrent dans ateliers en poussant leurs vélos ?



Bigre ! Ça va secouer ! Aurons-nous assez de casquettes et de pinces à vélo ? Sinon, il faudra encore demander à la Chine de nous les fabriquer.
(La suite à demain)

jeudi 26 mars 2020

Journal d’un vieux confiné – 27 mars 2020

Devant l'uniformité des infos et durant toute la période de confinement, je remplacerai mes commentaires par ce journal.

Bonjour-Bonjour !

Hier, parlant du traitement du covid19 à base de chloroquine un grand patron de la médecine hospitalière a parlé de « traitement compassionnel ».
Je sursaute en entendant cela : – Quoi, me dis-je, quel mépris, quel dédain dans cette façon de parler d’un traitement qu’on juge parfaitement inefficace, et qu’on délivre seulement pour soulager les souffrances psychologiques du malade. Voilà un médecin qui disqualifie à l’avance son traitement en le considérant comme un placebo administré en secret à des malades sur le point de mourir et à qui il fait croire faussement que ce médicament peut les sauver. Pire qu’un euphémisme, c’est un mensonge qui dépossède les malades de leurs derniers instants. Rappelons le fragment des Pensées où Pascal parlait de ces condamnés à mort qui passeraient leur dernière heure à jouer au piquet plutôt que de recommander leurs âmes à Dieu (Lire ici)
- Bon, me dis-je, ne nous excitons pas ; laissons pour le moment Pascal au placard et cherchons s’il n’y aurait pas là quelque chose de plus organisé, de réglementaire même ? Je recherche et voilà ce que je trouve cette information quasiment officielle : « Pour un malade, rien n’est pire sur un plan psychologique et humain que de sentir ses capacités s’affaiblir ou d’avoir à affronter la mort alors que des traitements expérimentaux existent quelque part, dans l’attente d’une évaluation finale.
De nos jours, les malades sont parfaitement informés des nouveaux médicaments mis au point. La recherche n’est plus un secret. Dans certains pays, le législateur a remédié à cette situation en rendant les médicaments accessibles dans le cadre d’un usage compassionnel, avant l’autorisation de mise sur le marché. Cette démarche permet de traiter des malades qui n’ont aucun autre recours et qui n’ont pas non plus le temps d’attendre la fin des essais cliniques et du processus d’autorisation. » (Lu ici)

- La compassion est certes une attitude noble mais elle est sans rapport à l’efficacité médicale qui seule devrait prévaloir dans le comportement du médecin. Seulement, comme on vient de le voir, celui-ci peut céder à la supplique du malade en lui administrant un traitement dont par ailleurs il ne sait pas vraiment s’il est utile ou non. Cette prescription est donc couverte du voile d’ignorance (pour parler comme Rawls), puisqu’au bout du compte le patient sera peut-être inexplicablement guéri. Et après tout, pour le malade qu’importe que le médecin ne sache pas comment ça marche, du moment que ça marche ?
Il y a deux catégories d’êtres humains : il y a ceux qui, comme Pascal, espèrent trouver après la mort ce qu’ils n’ont pas eu avant elle. Et puis il y a ceux qui ne se demandent surtout pas ce qu’il y a après la mort, et qui, du coup, ne veulent vraiment pas mourir.
Entre les deux, choisis ton camp, camarade ! 

mercredi 25 mars 2020

Journal d’un vieux confiné – 26 mars 2020

Devant l'uniformité des infos et durant toute la période de confinement, je remplacerai mes commentaires par ce journal.

Bonjour-Bonjour !


Vous, je ne sais pas, mais moi je passe des nuits de plus en plus agitées. Impossible de trouver le sommeil, réveil en cours de nuit, endormissement sous condition d’épuisement nerveux, etc… Et tout ça a un nom : le traumatisme de l’épidémie.
Bien sûr les conditions sont objectivement stressantes. Jamais de toute ma vie je n’ai connu une telle situation – jamais pas même en mai-68. Menace de mort par asphyxie, confinement, risque de ré-envahissement du virus avec un confinement périodique, et surtout descriptions des zones « en tension » où la vie et la mort se côtoient en permanence : c’est surtout là que la notion de guerre avec son front, sa seconde ligne et – comme le dit le Président – la troisième ligne, c’est-à-dire nous, nous dont le mérite est de ne surtout rien faire - et surtout pas sortir de chez nous.
Tient, ça me rappelle le dessin de Forain pendant la Grande Guerre :



« - Pourvu qu’ils tiennent
- Qui ça ?
- Les civils »

Comme quoi l’histoire se répète
- Encore autre chose qui me stresse (comme si ça ne suffisait pas). C’est l’inondation de nouvelles, de conseils, de réflexions sur l’épidémie et ses conséquences – catastrophiques, forcément. Il y a bien sûr une part de bêtise du public, c’est-à-dire de nous. Car si excès il y a c’est parce qu’on le veut bien. Sinon on va voir ailleurs et hop, les chaines programment autre chose vite fait, pour récupérer leur audimat. Mais il n’y a pas que ça. Le gouvernement sous la forme du Président, du Premier ministre et du ministre de la santé, viennent tout à tour nous entretenir de la gravité de la situation, histoire de nous rassurer mais surtout de nous faire apprécier leur efficacité et leur compétence. On pense alors à ces mamans qui font peur à leurs petits enfants en leur prédisant les pires embûches (la plupart imaginaires) dès qu’ils vont un peu loin d’elles, pour les maintenir dans leurs jupons. Et ça, ça me fout en rogne.

mardi 24 mars 2020

Journal d’un vieux confiné – 25 mars 2020

Devant l'uniformité des infos et durant toute la période de confinement, je remplacerai mes commentaires par ce journal.

Bonjour-Bonjour !

Je suis frappé par l’inventivité de nos concitoyens qui, pour meubler leur confinement se mettent à créer, qui des jeux, qui des moyens de communiquer, qui des astuces pour faire plein de choses sans sortir de chez soi, alors que ça devrait normalement s’imposer.



Voyez cette image : on y voit une dame qui a sorti son chien au bout d’une longue laisse sans descendre de chez elle, et qui maintenant le remonte en hissant la pauvre bête à moitié étranglée.
Cruauté exceptionnelle ? Ou bien situation quotidienne relevée simplement parce qu’on n’a plus rien à faire sauf à « mater chez les voisins » ? En tout cas, on peut y voir une métaphore de ce qui va nous arriver quand, devenus pensionnaires dans les Ehpads et victimes du virus, on utilisera ce procédé pour évacuer notre dépouille sans avoir à monter le cercueil. D’ailleurs, je suis sûr que dans les vieilles rues de Naples on fait déjà comme ça.
Il faudrait interroger les anciens taulards de la Santé ou de Fresnes quant aux procédés de communication qu’ils utilisaient pour s’échanger plein de choses. Car en fait de confinement ils en connaissent un bout ! Comme le disait l’un d’entre eux qui est sur le point d’être libéré : « Je serai dehors comme je suis dedans, sauf que pour le moment je suis logé-nourri gratuitement »
Oui, penser notre condition humaine comme celle d’un reclus dont la liberté n’existe que grâce à des procédés détournés ? Je suis sûr que Pascal aurait adoré notre situation de confiné-du-virus. 
Tiens, relisons ce fragment des Pensées : « Un homme dans un cachot, ne sachant si son arrêt est donné, n’ayant plus qu’une heure pour l’apprendre, cette heure suffisant s’il sait qu’il est donné pour le faire révoquer, il est contre nature qu’il emploie cette heure-là, non à s’informer si l’arrêt est donné, mais à jouer au piquet. »
« Pascal use ici de l’image particulièrement dramatique de l’homme enfermé dans un cachot ; mais il la renouvelle en imaginant que ce prisonnier est assez inconscient de son malheur pour se divertir à jouer au moment où il aurait une chance d’assurer son salut. Une sorte de comique tragique rend le symbole particulièrement prenant. » commente le site de l’Université de Clermont (ici)
Allez ! A vous de décrire votre situation dans l’optique pascalienne !

lundi 23 mars 2020

Journal d’un vieux confiné – 24 mars 2020

Devant l'uniformité des infos et durant toute la période de confinement, je remplacerai mes commentaires par ce journal.

Bonjour-Bonjour !

Allez ! Une petite image pour commencer la journée :



On aura reconnu un pochoir de Miss.Tic, la street-artiste bien connue – en particulier des parisiens du 13èmearrondissement. 
A quoi bon l’éternité pour ne rien faire ? Voilà peut-être une façon simple d’entrer dans le problème que pose le confinement à beaucoup de confinés : durant ce laps de temps, où comme durant l’éternité je n’ai rien à faire (1), que vais-je trouver à faire ? 
Que faire, quand on n’a rien à faire ?
J’entends beaucoup de gens dire : « Ah, mais moi, j’ai plein de choses à faire : des rangements, de la cuisine, du jardinage, des bricolages, etc. Ajoutez à ça ceux qui comme moi passent le plus clair de leur temps à lire ou à écouter de la musique à moins que ce ne soit à regarder des films à la télé. J’oublie encore les communicateurs compulsifs, qui sont le jour durant le téléphone à l’oreille ou l’œil rivé sur l’écran-Skype.
Bref, tous ces gens-là, le soir venu, se disent : « Encore un jour de passé – un jour de moins à passer. » Et puis ils ajoutent : « Qu’ai-je fait de ce jour ? Rien »
Pourquoi « Rien » ? Parce que le lendemain matin ils n’ont pas un acquis de la veille sur lequel s’appuyer pour continuer. Ou bien ils n’ont pas une production qu’ils pourraient contempler en se disant : « Voilà : ça, c’est moi qui l’ai fait. C’est quelque chose qui n’aurait pas existé sans moi. » voilà quelque chose qui devrait nous permettre de supporter, je ne dis pas l’éternité, mais au moins cette période de confinement.
 Oh, Je ne dis pas qu’il faut s’atteler à une tâche grandiose comme de rédiger les Mémoires d’outre-tombe ou bien Guerre et paix… Mais une tâche même très humble comme de revisser un robinet qui fuit ou recoudre un bouton : pour quelqu’un de humble également, mais qui sait reconnaitre dans ce qu’il a fait une avancée, c’est un plaisir qui peut survivre au sentiment de lassitude de la vie qui s’écoule comme l’eau dans le creux de la main.

Voilà je crois le sens qui nous saisit en voyant le pochoir de Miss.Tic : à quoi bon cette immensité de l’éternité si on n’en fait rien ? 
- Oui, mais comment faire quelque chose de l’éternité, nous qui ne sommes fait que pour la durée d'une vie mortelle, comme dirait Pascal ? La question, posée en termes plus clairs, s'énonce ainsi : "comment trouver une vie qui se renouvellerait éternellement sans jamais nous décevoir par un écoulement insignifiant ?"
Pour un mortel, l’immortalité disait Platon c’est de se reproduire, laissant derrière lui un être qui lui ressemble. C’est dans ce renouvellement à l'identique, cet « éternel retour du même » comme disait Héraclite que nous pouvons nous situer. Mais à quoi bon se multiplier si ce n’est que pour se reproduire ? Faut-il être narcissique à ce point ?

- Maintenant, supposons que vous soyez Beethoven et que vous veniez de signer la partition de la 31ème sonate pour le piano. Alors vous commencez la 32ème : d’abord, vous évincez le second mouvement - nous sommes en 1822, et Beethoven n’a plus que 5 années à vivre : pas le temps de le faire. Et puis vous attaquez le dernier mouvement – une arietta avec variation – et voilà que, chemin faisant, vous inventez le ragtime (2) ; rien que ça : si vous ne me croyez pas, écoutez le passage ici. Allez-vous sauter en l’air en vous disant que c’est vraiment quelque chose d'incroyable et qu’il faut continuer ? Pas du tout : tous les musicologiques vous diront que ce mouvement est vraiment l’ultime avancée de la sonate pour piano telle que conçue à l’époque et que pour Beethoven, c’était juste une façon de mettre le mot « Fin » après l’ultime mesure. 
Mais pfuittt… Nous ne savons pas ce que nous avons fait : c’est aux siècles futurs de le dire. 
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(1) Sauf à être Sisyphe bien entendu.
(2) C’est que Scott Joplin a affirmé lui-même. Écoutez ce passage ici.

dimanche 22 mars 2020

Evangeline Lilly refuse de se confiner, Sophie Turner la dénonce

Evangeline Lilly expliquait à ses followers combien elle prenait le coronavirus à la légère. Pour elle, inutile de rester chez soi puisque ce serait simplement une façon pour les politiques de se donner encore plus de pouvoir et de nous soumettre à eux. "Gardons un œil attentif sur nos dirigeants tout en veillant à ce qu'ils n'abusent pas de ce moment pour nous voler encore plus de libertés et encore plus de pouvoir," notait-elle à ses 2.3 millions d'abonnés.

Sophie Turner, la femme de Joe Jonas, connue par son rôle dans Game Of Thrones a dénoncé le comportement d'Evangeline Lilly. « Restez chez vous » a-t-elle rappelé. Et de poursuivre : « Ne soyez pas bêtes, même si vous considérez que votre liberté est plus importante que votre santé. Je n'en ai rien à faire de votre liberté. En sortant de chez vous, vous pourriez infecter d'autres personnes » lu ici


Evangeline Lilly est une actrice mondialement connue pour avoir joué dans la série télévisée Lost : les disparus. Elle est une des rares personnes à avoir insisté sur le contenu politique de la situation actuelle. On peut ne voir là qu'une théorie complotiste de plus ; mais qu'on y regarde de plus près : Evangeline Lilly est prête à courir le risque de rompre le confinement pour établir qu’il n’existe que pour réduire les libertés individuelles et cela, quitte à contaminer ses semblables.
Voyez bien les choses telles qu’elles arrivent : jusqu’à présent le rapport abus tyrannique/précautions sanitaires allait dans le sens de la tyrannie vers le sanitaire. Ainsi la Chine a mobilisé ses comités de quartier « normalement » consacrés à un flicage politique toujours actif, pour contrôler le confinement avec une efficacité qu’on lui envie. Devant les morts qui s’entassent dans les morgues on a cru que l’abus de pouvoir ne saurait plus exister, la preuve en est l’opinion publique qui en réclame encore d’avantage.
Mais on ne saurait être unanime là-dessus et Evangeline Lilly a le mérite de nous le rappeler. « La liberté ou la mort » était la devise des sans-culottes. Qu’importe d’où vient la mort !
Quant à savoir si l'on peut prendre un risque qui fait courir un danger à autrui, rappelons que ce dilemme n'est pas nouveau : pendant l'occupation allemande, les résistants savaient que leurs attentats seraient vengés par le massacre d'innocents otages. De fait cela ne les a pas amenés à renoncer pour autant.

Journal d’un vieux confiné – 23 mars 2020

Devant l'uniformité des infos et durant toute la période de confinement, je remplacerai mes commentaires par ce journal.

Bonjour-Bonjour !

Hier soir à la télé, Jean Viard le sociologue bien connu des téléspectateurs nous dit qu’il s’apprête à écrire un livre intitulé « La page blanche ». Ce titre pour évoquer la situation qui est la nôtre devant cette épidémie dont il affirme que jamais l’humanité n’a pu rencontrer l’équivalent. Certes, qu’une maladie épidémique se développe, l’humanité a dû en rencontrer bien des fois ; mais avec cette rapidité-là, avec ces vecteurs nouveaux, sans doute jamais. Rappelons que la peste est venue à dos de chameaux le long de la route de la soie, ou bien à dos de rats – dont les pattes sont encore plus courtes. Le « prospectiviste » qu’est Jean Viard va sans doute évoquer notre avenir, page blanche car rien – ou presque – de notre passé ne sera plus adapté à notre avenir ; mais il devra encore parler de notre présent menacé par le confinement, bouleversé par l’information sur la pandémie diffusée en temps réel et sur la planète entière ; et n’oublions pas les fakenews qui ne cesseront pas de circuler.


Et donc, la page blanche c’est non seulement celle de notre avenir (quelle situation économique après la crise ?) mais encore celle qu’il faut remplir aujourd’hui (comment allons-nous supporter ce confinement, surtout s’il est accompagné de panique du fait de la disette qui peut au bout d’un certain temps advenir ou de la menace de mort imminente par la maladie comme sur le Diamond princess avec ces passagers qui se savaient gravement menacés de contagion).
Bref : alors qu’on cherche principalement pour se reconstruire à imaginer l’avenir à travers les changements bénéfiques que cette crise nous obligera à adopter, la réalité c’est qu’on doit ici et aujourd’hui trouver des moyens de survivre. Moyens qui ne sont pas encore matériels, puisque pour l’instant rien ne vient à nous manquer (sauf le P.Q.), mais aussi psychologique et même physique (quels exercices faire pratiquer à nos enfants pour qu’ils se développent durant le confinement – et à nos vieux pour qu’ils ne tombent pas en petits morceaux).

Du coup les coachs de tout poil se frottent les mains : comptez sur eux pour vous apprendre à survivre en période de confinement. Mais il y a aussi tous ceux dont le métier est de se (pré)occuper votre âme : les philosophes (« Que faire de cette liberté qui vous tombe dessus ? »), mais aussi les prêtres (le Vatican a décidé de pardonner leurs péchés aux croyants touchés par le coronavirus – voir ici). Héhé… On dirait que le Vatican ne craint pas la crise…

samedi 21 mars 2020

Journal d’un vieux confiné – 22 mars 2020

Devant l'uniformité des infos et durant toute la période de confinement, je remplacerai mes commentaires par ce journal.
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Bonjour-Bonjour !

J’ai fait une expérience simple : ouvrir la page Google-actualité et compter le nombre de titres d’articles ne comportant pas le mot « corona-virus » ou « confinement » : résultat évident : seuls 3 ou 4 titres échappent à ce crible et encore s’agit-il parfois de simples périphrases.
Résultat : la plupart des chroniqueurs de blog ou de Facebook racontent comme je le fais leur propre confinement.
Double écueil : d’abord risquer de raconter tous la même chose ; ensuite se perdre en propos sans intérêt pour le lecteur. Comment l’éviter ?

Il suffira d’être soi-même différent ou plutôt de raconter sa différence en faisant en sorte que ça puisse intéresser les autres. Ce qui suppose une certaine dose d’immodestie, mais que voulez-vous ? On ne peut faire sans cela et je remarque quand même que les « réseaux sociaux » ne débordent pas des propos de gens modestes.

Donc, moi : qu’est-ce que je fais de tout ce temps libre ? Eh bien je lis. Banal. Sauf que je n’ai plus grand-chose à lire et tant qu’à faire de relire, j’ai choisi de reprendre les classiques lus du temps où j’étais lycéen et fort peu enclin à apprécier la littérature dont on me gavait à grand coup de menaces. L’avantage du procédé est de pouvoir télécharger sur ma tablette sans recourir à la livraison Amazon et de surcroit que ça soit entièrement gratuit.

Je commence par le Rouge et le noir le chef d’œuvre de Stendhal, fort décrié par mes propres enfants et de surcroit en bonne place dans le Top-ten des livres réputés illisibles (1) au côté de l’Ulysse de Joyce, de la Recherche du temps perdu et des Bienveillantes de Jonathan Littell : des pavés pour la plupart, ce que n’est pas le livre de Stendhal ; rédigés dans un style fort étrange ce que ne fait pas Stendhal. – Alors quoi ?
Je lis donc le livre et je trouve une histoire charmante, racontée d’un ton badin par un narrateur qui s’implique de façon assez personnelle dans le récit, ce qui est également plutôt sympathique. Qu’est-ce qui fait donc tomber le livre des mains des lecteurs d’aujourd’hui ? Et symétriquement qu’est-ce qui fait que certains comme moi, le jugent fort plaisant, au même titre que Balzac ?
Dans l’article nommé ci-dessus, le Rouge et le Noir est situé juste à côté de Madame Bovary en raison des personnages jugés lâches médiocres et stupides : façon de dire que les auteurs du 19ème siècle ont gardé la tendance des romantiques pour les beaux sentiments ? Goethe n’échappe-t-il à cette liste qu’en raison de l’oubli où ses plus grands chefs d’œuvres ont succombé ? Les souffrances du jeune Werther, ce n’est pas mal non plus…
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vendredi 20 mars 2020

Quelques questions que vous vous posez peut-être

1 - Comment rattraper le retard dans les programmes scolaire sans rogner sur les vacances ?
Faire la classe à la maison : c’est aux familles, grâce aux ressources éducatives en ligne et aux documents que leur transmettent les enseignants de faire la classe durant les vacances sans rompre la période de vacances (J-M Blanquer). 

2 - Comment arrêter de se toucher le visage ?
Arrêter de se toucher le visage. C'est l'un des gestes barrières recommandés par les autorités sanitaires en cette période de crise du coronavirus. Mais cela apparaît plus facile à dire qu'à faire, tant le réflexe est ancré en nous. Les experts proposent toutefois des solutions.
a – Prendre conscience des situations dans lesquelles nous portons nos mains à notre visage. Cela arrive lorsque nous sommes fatigués ou ennuyés, par exemple.
b –Développer une nouvelle habitude qui viendra la remplacer dans les situations critiques. Touchez-vous par exemple l'arrière de la tête, plus éloignée de vos muqueuses. 

3 - Que dit Jérôme Salomon directeur général de la santé ?
"Les infectiologues se sont mobilisés très vite et, en France, nous avons été en alerte dès la mi-janvier. Et puis, ensuite, on a vécu la drôle de guerre. Ou le désert des Tartares, si vous préférez. Nous attendions l’arrivée des premiers cas et, du coup, une partie de l’opinion et des médecins ont cru que l’épidémie ne nous toucherait pas."

4 - Quel est le pays où le confinement n’est pas une solution retenue ?
L’Iran fête le Nouvel An malgré l’épidémie, des millions de personnes attendues sur les routes
Selon le Croissant-Rouge iranien, quelque trois millions de personnes sont sorties par voie routière des treize provinces les plus touchées par la maladie depuis le 17 mars.

5 - De qui faut-il se méfier ? 
De votre charmante voisine si elle ne pense pas à tousser dans son coude.


Journal d'un vieux confiné - 21 mars 2020

Devant l'uniformité des infos et durant toute la période de confinement, je remplacerai mes commentaires par ce journal.

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21 mars

Bonjour-Bonjour
Ah ! La télé, avec ces chaines d’info 24/24… Passé le moment de saisissement quand des évènements majeurs tombent, comme ces derniers jours, on en a vite soupé. 
Je ne veux pas dire qu’on en a vite assez d’entendre toujours les mêmes informations et les serinés les mêmes phrases-choc. Non, ça on pourrait encore s’en amuser. Mais ce que je ne supporte plus, ce sont tous ces spécialistes, investis d’une autorité majeure à l’entrée du studio (et qu’ils déposent en sortant), et qui du coup adoptent un ton péremptoire, qui fait penser à tous ces Gilets-jaunes de l’an dernier qui assénaient des ordres au gouvernement – voir à l’ensemble du peuple français. 
Mais comment faire autrement ? On pose à ces gens des questions la plupart du temps idiotes parce que ressassées encore et encore, au point qu’un enfant de 6 ans saurait y répondre. Comme de savoir ce qu’on peut faire pour aider le service de santé (au choix : les applaudir à 20 heures ? Respecter les gestes barrière ? Ne pas sortir de chez soi ? Financer les hôpitaux ?). La réponse pour être digne du statut de sommité dont l’intervenant est investi devra trancher sur ce flot de banalité ; comme faire ?
Deux solutions : la plus ordinaire consiste à répondre en séparant chaque mot, voire chaque syllabe de la réponse, comme si le destin de la planète en dépendait ; on retrouve un peu le mécanisme des réseaux sociaux dont on parlait plus haut : la vérité est dans le ton employé, pas dans les informations ni dans les déductions. En philosophie on dira qu’on est dans le régime de l’opinion où c’est la subjectivité qui soutient l’affirmation, pas l’administration de la preuve. C’est ainsi que le « spécialiste » parvient à faire entendre sa différence.
Mais – hélas ! – il arrive aussi que le même spécialiste réponde autre chose que ce qu’on attendait pour bien prouver que lui seul détient cette vérité-là. Et bien sûr c’est ou bien une réponse à côté de la question – et il n’y a que demi-mal ; ou bien c’est une fausseté et là c’est bien pire.