dimanche 31 juillet 2022

Ils sont fous, ces allemands ! – Chronique du 1er août

Bonjour-bonjour

 

« L'Allemagne connait un boom des ventes de radiateurs électriques sans précédent. En cause, la crainte de voir l'approvisionnement en gaz réduit, voire arrêté, cet hiver. » (Lu ici)

- Cette information a dû vous faire sursauter, chers amis, vous qui transpirez par 30° à l’ombre. Oui, les allemands ont aussi chaud que nous, et pourtant ils se jettent comme des frustrés sur les radiateurs électriques qu’ils stockent. Sont-ils fous, ces allemands ? Non, ils craignent simplement la pénurie de gaz qui, l’hiver prochain pourrait bloquer leur chauffage domestique.

Et nous ? Devons-nous craindre aussi quelque pénurie qui viendrait obscurcir notre avenir ? Finis l’oubli et l’insouciance ? En plein repos, faut-il désormais renoncer au farniente pour penser aux soucis qui nous attendent pour l’année à venir en ayant l’œil rivé sur un horizon à 6 mois, afin de parer toute éventualité ?

Bien sûr on a déjà quelques pénuries dûes à cette anticipation de… la pénurie : raison pour laquelle on ne parvient toujours pas à regarnir les rayons d’huile ou de moutarde. Mais ce n’est qu’un début. Comme vous le savez, nous sommes moins exposés que nos voisins au manque de gaz, mais c’est principalement en raison de notre aptitude à produire de l’électricité nucléaire. Or, nos centrales sont vieilles et elles rouillent : les passer à la toile émeri pour leur rendre leur lustre, ça va prendre du temps.

 

Donc notre capacité à produire l’électricité dont nous avons besoin étant insuffisante, la solution consiste à importer des pays voisins l’électricité qu’ils produisent mais qu’ils ne consomment pas. Sauf que comme vous l’avez déjà deviné, les allemands avec leurs radiateurs électriques d’appoint vont consommer tout ce qu’ils vont produire…

- Et nous ? Nous allons devoir nous mettre la ceinture énergétique… et pas plus tard qu’aujourd’hui, depuis nos vacances de rêve, nous devrons nous habituer à débrancher tout ce qui peut l’être et à ne plus rebrancher tout ce qui n’est pas vital. Plus de clim ! Plus de télé allumée 24h/24, simplement pour faire un peu de lumière dans le studio, plus de congel poussé à fond rien que pour nos crèmes glacées.

Sinon ? Coupure !

 


Allez, bonnes vacances quand même. Et profitez bien !

samedi 30 juillet 2022

Qu’ils périssent du moment que je gagne ! – Chronique du 31 juillet

Bonjour-bonjour

 

Un chanceux vient de gagner 1,3 milliard de dollars au « Méga millions », la loterie américaine. Il avait une chance sur 303 millions, ce qui donne la mesure de l’heureux destin dont il a bénéficié. (Lu ici)

Nous n’épiloguerons pas sur cette chance, ni sur le fait qu’il soit juste ou pas de pouvoir gagner une pareille somme en ne faisant rien – ou presque – pour le mériter. J’insisterai seulement sur un point : c’est que celui qui participe à une loterie spécule sur le fait que tous les autres vont perdre et qu’il va empocher leur mise. L’inégalité gagnant/perdant est le ressort du jeu, comme de tous les paris. De ce point de vue la loterie est juste l’expression de ce rêve de devenir riche sans avoir à faire d’effort pour cela.

- Pourtant jouer au Méga millions ou à tout autre « Truc-à-gratter » révèle une certaine attitude qui serait délétère si elle était généralisée à tous les aspects de la vie sociale, car il s’agit de faire passer son intérêt privé avant celui des autres. Banal ? Oui, si on pense à cet égoïsme qui consiste à vouloir réussir même si pour cela on doit  empêcher les autres de le faire. Quand on passe des concours, on ne pense pas à ceux qui échouerons parce qu’on aura réussi ; de même pour les entretiens d’embauches : il s’agit explicitement de se montrer plus fort que les concurrents – qu’ils périssent du moment que je gagne !

 

J’ai dit que cette attitude serait désastreuse pour la société si elle était généralisée : n’avons-nous pas eu depuis 1945 la preuve que tous tiraient bénéfice de la socialisation des ressources nécessaires pour faire face aux besoins individuels ? La solidarité intergénérationnelle des retraites, la sécurité sociale, ont montré jusqu’à aujourd’hui combien tous bénéficiaient de ces mesures où chacun donnait non pas pour lui-même mais pour secourir les autres.

L’altruisme d’un côté ; l’égoïsme de l’autre. Le choix est tout fait !

Oui… ou pas. Rappelez-vous cette « Fable des abeilles » qui déchaina les fureurs au début du 18ème siècle (1). Il s’agit de l’histoire d’une ruche dont les abeilles étaient égoïstes et indifférentes au sort de leur congénères. Dans la compétition féroce qui les opposaient les unes aux autres certaines amassaient du miel pendant que d’autres périssaient de faim ; mais durant ce temps la production de miel de la ruche était au maximum. Un jour Jupiter courroucé de tant de vices transforma par magie le comportement des insectes qui tout à coup devinrent vertueux et altruistes. L’assistance sociale devient la règle et personne ne fut victimes ni des autres ni de sa propre incurie. La ruche du coup s’alanguit rapidement la production chuta - les abeilles se séparèrent pour aller chercher ailleurs une ruche plus fortunée. 

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(1) La fable des abeilles de Mandeville – à lire ici 

vendredi 29 juillet 2022

Dieu n’est pas mort … mais il ne va pas très bien – Chronique du 30 juillet

Bonjour-bonjour

 

Le Pape est au Canada pour tenter de contrer les effets des scandales d’abus sexuels en partie liés à la maltraitance infligée aux enfants autochtones. Et ces effets sont spectaculaires, avec une décrédibilisation de l’Église et une forte déchristianisation.

« Devant les évêques, les prêtres et les responsables catholiques du Canada, réunis jeudi 28 juillet dans la cathédrale Notre-Dame de Québec, le pape François a cherché à donner quelques conseils aux fidèles, dans l’un des pays les plus frappés par la déchristianisation.

Le pape François a encouragé les catholiques canadiens à ne pas porter un « regard négatif » sur le monde. Il les a encouragés à restaurer la crédibilité de l’Église catholique après la crise des abus sexuels. » (Lu ici)

Au Canada « la sécularisation » progresse précise cet article, lâchant le mot qui remplace celui de déchristianisation et celui d’athéisme : s’agit-il d’un simple euphémisme ? Séculariser, c’est, rappelons-le fait de « donner à quelque chose un caractère laïc, non religieux, non sacré (…) Ce qui se traduit par le fait de soustraire une fonction, une institution sociale à la domination, à l'influence religieuse, ecclésiastique, de mettre entre les mains des laïcs, des pouvoirs public » (CNRTL). 

Bref : il n’est même pas question de savoir si on croit en Dieu ou si on n’y croit pas. Il suffit qu’on se détourne de l’influence de l’Église et de ses prêtres, et de chercher dans la puissance de la société les moyens nécessaires pour affronter les aléas de la vie. Quand l’épidémie de Covid s’est répandue, on a vu combien les prières et les actions de grâces ont été rares face aux gestes barrières et aux campagnes de vaccination. Et ça ne concerne pas seulement la chrétienté. Les religieux des villes saintes de l’Islam qui avaient affirmé que la vertu et la foi suffisait à combattre le virus ont été les premiers touchés, montrant au monde entier que Dieu n’était pas une protection suffisante.

C’est à cela que répond cette perte de foi que le pape vient combattre au Canada.

 

- Ce phénomène ne date pas d’hier et ne concerne pas seulement le Canada. En 1913 Max Weber le repérait et le théorisait sous le vocable « désenchantement du monde » formule qui renvoie à « la déprise du religieux sur les représentations générales que les hommes se font de leur vie et du monde en général à l'égard du religieux » (cf. ici)

Weber faisait ainsi référence à la rationalisation du monde suite aux progrès de la science et de la technique. On voit qu’aujourd’hui, bien que la raison soit loin d’avoir triomphé des passions et de l’irrationalité, cette perte d'influence du religieux s'est définitivement imposée. Certes il reste des pays où les religieux sont au pouvoir. Mais ça ne les empêche pas de se faire vacciner quand la maladie se répand et de communiquer par Smartphone quand ils en ont besoin. En obéissant aux lois de la physique et de la médecine eux aussi contribuent à séculariser le monde

jeudi 28 juillet 2022

En Hongrie, le mélange des races est un crime – Chronique du 29 juillet (2)

Bonjour-bonjour

 

Les populistes ont l’art de contrer leurs adversaires en appuyant là où ça leur fait mal : dans un récent discours, Victor Orban (le Premier ministre brillamment réélu de la Hongrie), a fustigé les migrants venus se mêler aux populations autochtones européennes, déclarant que pour sa part la race hongroise refuserait de se mêler avec d’autres races.

Devant le tollé soulevé par ses propos, Orban a effectué un repli, affirmant que par « race » les Hongrois entendaient des groupes d’ordre culturel ou civilisationnel. C’est ainsi que les hongrois refusent de voir des arabes (= musulmans) ou des africains (= cultures allogènes ?) s’installer chez eux. C’est un peu confus, mais on le voit clairement :  on est hongrois de naissance, de religion, de langue et de coutume – et tous les autres : dehors !

 

Monsieur Orban renonce donc à utiliser le mot « race » ? Mais enfin, qu’est-ce que ça change ? Quand il ne suffit plus de respecter les lois d’un pays pour y être accueilli, qu’importent les raisons pour lesquelles ce droit nous est dénié ?

« Zsuzsa Hegedus, une sociologue conseillant M. Orban de longue date et dont les parents ont survécu à la Shoah, a remis mardi sa démission. Elle a dénoncé "une position honteuse" et "un pur texte nazi digne de (Joseph) Goebbels" » (Lire ici)

 - Comparer Victor Orban aux nazis ne revient pas à se soumettre à la loi de Godwin ; on devrait même atténuer cette critique en se référant à une forme « adoucie » de nazisme qui se manifesterait par un simple apartheid et non à l’holocauste. En réalité, peu importent les raisons pour lesquelles on rejette une communauté – oublions-les, même si sous d’autres points de vue elles sont essentielles ; peu importent même les actes par les quels on veut imposer cette séparation. Car ce qui compte, c’est le refus de vivre avec les autres – certains autres, définis par leur couleur de peau, leur religion, leur vêtements, etc.

On s’offense que le Premier ministre hongrois tienne ces propos au sein même de l’Europe Unie, mais demandons-nous si cet ostracisme n’existe pas depuis toujours – et pour toujours ? – au sein de l’Europe ? Quand on refuse de louer un logement à Mohammed par ce qu’il s’appelle comme ça, ou de fréquenter Fatiah parce qu’elle porte un voile, que faisons-nous ? Quand on est indisposé de devoir côtoyer des barbus le vendredi au supermarché, maugréant « On n’est plus chez nous ! » : ne sommes-nous pas prêts à élire un avatar de monsieur Orban ?

L’égalité démocratique est un combat.

Les mains sales – Chronique du 29 juillet (1)

 


Réception du Prince Mohammed ben Salmane à l’Élysée hier 28 juillet


Bonjour-bonjour

 

Vous avez vu cette photo montrant Emmanuel Macron qui accueille Mohammed Ben Salmane à l'Élysée, cette longue poignée de main – et le visage contrit du Président contrastant avec le sourire épanoui du Prince ? On prétend que monsieur Macron a un véritable talent de comédien et qu’il sait prendre à volonté les postures et les expressions voulues par les circonstances. Est-ce vrai ? Je ne sais pas, en tout cas le moins qu’on puisse dire est qu’il parait navré de devoir serrer la main de ce monsieur.

Certes, l’Élysée a déminé la situation en affirmant qu’il était indispensable de faire cette rencontre : « Si on veut se confronter, s'attaquer aux conséquences de ces crises d'une part et peser dans la région au profit de tous, le seul moyen c'est de parler avec tous les principaux acteurs » (Lu ici). On se dit alors qu’en politique on doit avoir souvent les mains sales.

 

- « Les mains sales » : j’utilise intentionnellement cette expression pour faire référence à la pièce de théâtre de Jean-Paul Sartre mettant en scène un personnage qui, pour affirmer ses valeurs, assassine un opposant politique. Hugo, le héros de la pièce, est celui qui revendique d’avoir "trempé ses mains dans la merde et dans le sang" pour obéir aux valeurs de son parti – alors que ses anciens camarades ont changé de ligne politique, faisant de lui un traitre.

On voit que, comme Hugo, Emmanuel Macron est prêt à se salir les mains pour suivre son option politique. Mais avouez que si, pour contrer les prétentions d’un dictateur prêt à tout pour affirmer sa puissance on doit en passer par l’obligation de faire des courbettes à un autre dicteur tout aussi sanguinaire, alors aucune valeur ne sort indemne de l’affaire.

mercredi 27 juillet 2022

Le pire ennemi de l’homme : c’est l’homme – Chronique du 28 juillet

Bonjour-bonjour

 

Les enquêtes visant à établir l’origine du coronavirus continuent, opposant les tenants de l’origine animale à ceux qui pensent que le virus a « fuité » hors d’un laboratoire de Wuhan (lire ici). Malgré les difficultés pour valider l’une ou l’autre de ces hypothèses, les efforts continuent : c’est qu’il s’agit avant tout de savoir si la Chine a lancé – même involontairement – une guerre bactériologique. 

Symbole (au centre) de la guerre biologique voir ici

Je dis : involontairement, car on assisterait alors à une attaque dont elle serait la première victime. Dans une guerre, la difficulté principale est de ne pas être victime des attaques lancées contre l’ennemi. De même que les gaz de combats ne peuvent être utilisés qu’à condition que le vent ne souffle que dans la direction de l’ennemi, et que les attaques nucléaires ne produisent pas de nuages radioactifs revenant sur le territoire du pays qui utilise la bombe – de même les virus destinés à infester l’adversaire ne doivent pas venir ravager le pays d’origine. C’est d’ailleurs l’échec de cette condition qui fait penser que la Chine n’a pas voulu lancer une telle attaque.

Toutefois, on peut toujours imaginer que le coronavirus soit un « virus de combat » et donc de profiter de sa diffusion pour en étudier les effets particuliers. Une guerre bactériologique est en effet une guerre qui vise à frapper les hommes sans distinction de classe ni de pays ni de sexe ou tout ce qu’on voudra. Guerre aveugle et cruelle elle est interdite par tous les traités internationaux, mais ne nous faisons pas d’illusion : toutes les nations qui sont en mesure de trafiquer des virus fabriquent des agents pathogènes destinés à éradiquer des hommes – tous les hommes. 

- L’hypothèse est donc que la nature ne pourrait pas produire un tel virus et que l’ingénierie bactériologique est nécessaire. Et en effet, en dehors de ses capacités naturelles à muter et à infecter des cellules humaines afin de s’y reproduire, le coronavirus a encore cette faculté extraordinaires de toucher des organes aussi différents que le nez, les poumons, le cerveau, les… testicules, etc (voir ici). L’indice de l’origine artificielle vient donc du fait qu’on croit la nature incapable de produire un virus aussi mortifère.

Le pire ennemi de l’homme : c’est l’homme.

mardi 26 juillet 2022

L’ensauvagement responsable – Chronique du 27 juillet

Bonjour-bonjour

 

Cette période de vacances est une porte ouverte sur la déconnexion, l’oubli des cadres et des contraintes, l’ensauvagement.

Et voilà que c’est ce moment qu’on choisit (voir ici) pour nous expliquer que les vacances ont une histoire, que cette histoire montre clairement que tout cela répond à des mécanismes socio-économiques, et que même en remontant aux congés payés de 1936 on ne trouve que des obligations sociales y compris celles de jouir et d’être heureux.

On régira en soulignant que les vacances évoluent par le rejet systématique des limites et que, si les Routards et leur célèbre Guide sont des organisations bien cadrées, à leur origine du moins ils jaillissaient du rejet des cadres et des limites.

C’est là que les spécialistes de l’article mentionné débarquent : on peut en effet percevoir cette aspiration au changement perpétuel, mais il faut aussi rester dans le cadre de la responsabilité.

Philippe Bourdeau, professeur à l’Institut de géographie alpine de l’Université Grenoble-Alpes et spécialiste de la transition touristique, le constate : « L’imaginaire du tourisme a longtemps été désinvolte : tout oublier, se libérer des contraintes vestimentaires et sexuelles… On a mis du temps à comprendre qu’on ne pouvait prétendre à une émancipation aussi poussée et qu’il fallait reprendre ses responsabilités. » (Article cité)

 

Les trois mots d’ordre de ces vacances-hors limites étaient : liberté, authenticité, mise à l’épreuve de soi. Liberté de vivre une sexualité sans tabous ? Soit mais pas en pratiquant le tourisme sexuel. Authenticité des peuples premiers et de leurs pratiques ancestrales ? Sans doute mais comment les rencontrer sans les dénaturer ? Mises à l’épreuve dans les voyages où les pieds sont le seul moyen de déplacement ? Oui-oui… Jusqu’à ce qu’on invente les treks avec les 4X4 pour les riches touristes.


Illustration de l’article cité

Mais l’histoire a des retournements absolument stupéfiants. Car voilà que ce sont les dirigeants des sociétés qu’on cherchait à fuir qui nous demandent de revenir aux pratiques des hippies et des routards. Oui, c’est eux qui aujourd’hui nous recommandent la sobriété énergétique pendant que les économistes nous en avertissent : pour les vacances, le « Quoiqu’il en coûte » c’est fini.

lundi 25 juillet 2022

Mourir en bonne santé – Chronique du 26 juillet

Bonjour les vieux !

 

Parmi vous, il y en a qui espèrent vivre indéfiniment à condition de bien se soigner, de prendre les bons médocs et de bien se couvrir quand il fait froid.

À tous ces Mathusalem en puissance je conseille de lire cet article. Ils y apprendront ceci : « Quand bien même la médecine serait en mesure de guérir tous les cas de maladies cardiovasculaire /ou autres/, notre durée de vie moyenne n'en serait que peu augmentée : de 1,5 an seulement. » Autrement dit notre mort ne résulte pas seulement de ces maladies, mais aussi principalement de la sénescence de notre organisme. Quand on est vieux, on peut mourir en bonne santé.

 


Illustration article cité


- Voilà qui est bravement dit : seulement, dire que le vieillissement est dû à la sénescence de nos cellules, c’est une pure et simple tautologie, un peu comme de parler de « la vertu dormitive de l’opium » (1). 

Aujourd’hui on explique que le vieillissement résulte des ratées qui accompagnent inexorablement la vie. Sans qu’il y ait dans notre organisme une « obsolescence programmée », il y a quand même de l’entropie, quelque chose comme le « bruit » qui accompagne la réplication longuement poursuivie de l’information contenue dans les cellules. Celle-ci se perdrait un peu comme la copie de copie indéfiniment poursuivie ferait qu’à terme l’image sortie de la photocopieuse serait illisible.

D’accord – Mais alors on ne vieillirait que de façon accidentelle, on vieillirait « pardessus le marché » pour reprendre la formule de Sartre à propos de la mort ?

 

- Comprenons bien ce qui se dit ici : en amont des phénomènes liés au vieillissement, il en existe un qui est la seule et unique cause de tous les autres. Son nom : le dérèglement ou « bruit » épigénétique. L’analyse en est claire mais un peu complexe : on la trouvera dans l’article en question. Il en découle qui, si le vieillissement n’est pas du tout une maladie, il n’en est pas moins aberrant. Pour le comprendre il faut remonter aux racines de la génétique : le génome est identique qu’elle que soit la cellule de l’organisme ; on pourrait cloner un être humain à partir d’une cellule de son cœur aussi bien qu’à partir d’un bout de ses cheveux. Il n’est donc pas suffisant pour expliquer l’existence de l’organisme formé de milliards de cellules fortement différenciées. On doit alors faire appel à l’épigénie, qui désigne l'ensemble des mécanismes biochimiques qui modifient l'expression des gènes tout en laissant inchangés les gènes eux-mêmes. C’est le seul épigénome qui, par le truchement de régulateurs, confère aux cellules leur identité propre et qui maintient cette identité au fil de leurs divisions. Et c’est ça qui produit le « bafouillage » dans la duplication indéfinie de nos cellules, ainsi que le dit l’auteur de l’article (2)

 

- C’est bien bon, mais je fais quoi, moi, avec tout ça ? Est-ce que je peux espérer ne plus avoir à craindre la mort ?

- Peut-être bien. Car si on lie le vieillissement et la mort à l’entropie (n’oublions pas que comme la vie, l’entropie est liée au temps, à son écoulement et à son irréversibilité), alors on doit s’en réjouir.

- Pourquoi donc ?

- Parce que l’entropie est une donnée statistique : elle n’est donc pas une loi de la physique. Il se pourrait bien qu’elle soit contredite sans que l’édifice de l’univers s’écroule.

- Je pourrais vivre plus longtemps que Jeanne Calment sans que la génétique en soit bouleversée ?

- Bien sûr. Tout le problème est que ça ne se produit jamais et qu’on ne sait pas comment y arriver.

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(1) Cf. Molière Le malade imaginaire, 3ème acte

(2) « Cette lecture-interprétation du génome est tout aussi essentielle que le génome lui-même : toutes les cellules de notre corps - nerveuses, cutanées, rénales, hépatiques... - partageant le même génome, c'est le seul épigénome qui, par le truchement de régulateurs, confère aux cellules leur identité propre et qui maintient cette identité au fil de leurs divisions successives. Que ce soit in utero ou dans les premières années, voire les premières décennies de vie, le système est parfaitement bien réglé. Le pianiste joue sa partition, sans (trop de) fausses notes. Mais, arrivé au troisième ou au quatrième mouvement du concerto, la fatigue se fait ressentir : les doigts naguère virtuoses multiplient les couacs ; le bruit épigénétique finit par couvrir la mélodie. On vieillit. » Yan Verdo, article cité

dimanche 24 juillet 2022

Crainte et tremblement dans l’Hémicycle ! – Chronique du 25 juillet

Bonjour-bonjour

 

Ça tangue dur dans la majorité présidentielle : celle-ci, déjà relative, se fissure déjà !

 

Lisons ensemble : « « Nouveau vote où les députés LREM ont été mis en minorité : l'Assemblée nationale a décidé ce samedi soir, contre l'avis du gouvernement, d'allouer 120 millions aux départements qui versent le RSA en 2022, pour compenser intégralement la hausse de 4% de cette prestation programmée par l'État. Des députés du groupe Horizons, allié de la majorité et fondé par l'ex Premier ministre Edouard Philippe, ont voté contre le gouvernement. – A noter que cela n'a de toute façon pas modifié le résultat du scrutin.

Un autre amendement prévoyant que l'État compense aux collectivités l'augmentation générale de 3,5% pour les fonctionnaire, a été rejeté de justesse dans l'hémicycle, par 114 voix contre 111. » (Lu ici)

 

- Il me semble révélateur que les auteurs de l’article aient souligné comme essentiel que les députés Horizons aient voté contre le parti du Président, sans relever particulièrement que cela se soit produit alors que l’État refusait de respecter sa promesse de compenser aux territoires les augmentations de frais venues de ses propres choix. « J’augmente le RSA et les fonctionnaires, mais c’est vous qui payerez la différence. »

Je trouve quand même cela un peu violent – en tout cas ça explique facilement que la majorité présidentielle ne résiste pas à une telle situation.

- Notons aussi que la mauvaise foi des responsables politiques n’a pas attendu pour se faire entendre. C’est ainsi que Jean-René Cazeneuve le rapporteur général du Budget a laissé éclater sa colère : « Il faut savoir s'arrêter, on ne va pas subventionner toutes les dépenses des collectivités », comme si ces dépenses avaient été choisies par les autorités territoriales de façon parfaitement autonome. 

- En réalité, le seul mot qui fasse réagir le gouvernement apparait dans cette sortie de monsieur Cazeneuve : c’est le mot « subvention ».

Après le « Quoiqu’il en coûte », voici le « Quoiqu’il en soit ».

samedi 23 juillet 2022

Du temps libre ! Mais pour quoi faire ? – Chronique du 24 juillet

Bonjour-bonjour

 

Dans le sillage de l’allocution d’Emmanuel Macron le 14 juillet, la Convention citoyenne pour le climat refait surface en préconisant l'abaissement de la vitesse à 110 km/h sur les autoroutes – faisant suite à l’appel du Président à « rentrer collectivement dans une logique de sobriété » et à « organiser différemment nos vies pour lisser les pics » de consommation. Lire ici

Bien sûr la limitation à 110km/h sur autoroute risque bien de rester dans les cartons, parce qu’elle rappelle un peu trop la limitation à 80km/h sur route. Mais on trouvera bien d’autres choses, les administrations et les Grands groupes économiques étant sollicités pour fournir des projets, à l’image des espagnols qui vont réduire à Madrid la fréquence des métros. Moins de métro ou de RER, moins de vitesse sur les autoroutes : ne s’agit-il pas de mesures qui rejoignent la « sobriété écologique », celle que ses adeptes qualifient d’heureuse ?

 

A gauche : hier. A droite : demain

 

J’ai récemment évoqué cette sobriété, mais le sujet est vaste et il comporte un important aspect psychologique sur lequel il est bon d’insister. Nous suivrons les suggestions de cet article de La Croix.

- D’abord et avant tout, la sobriété ne peut être heureuse que si elle est choisie. Raison pour laquelle il est tout à fait inutile de la suggérer aux catégories sociales à faible revenu dont le budget consommation est contraint par la modicité de ses ressources. Aurez-vous l’impudence de demander aux gens qui vivent du RSA de réduire leur consommation de dosettes de café ?

- On peut aussi, comme dans les années-68 dénoncer le piège que constitue la « religion de la consommation » en démasquant le vide existentiel que prétend combler la surconsommation alors qu’en réalité elle le creuse. Ce qui ne dit pas par quoi on peut remplacer : l’article mentionné, issu du journal La Croix laisse bien entendre que le christianisme a une réponse – mais enfin on n’est pas là pour prêcher.

- Plus de voitures, plus de télé, encore moins d’écrans, smartphones réduits : voilà du temps libre à foison. Profitez-en pour vous promener dans la nature, pour discuter en famille, pour…

… Pour lutiner ma bonne amie ?

Pourquoi pas ? A part le gaspillage de spermatozoïdes, ça ne coute rien en matière de dépense énergétique. (1)

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(1) J’en profite pour rapporter une fois encore ces propos d’Antoinette Fouque, militante MLF : « L'économie du profit et de la capitalisation est une économie de gaspillage masculine. On sème à tout vent du sperme, qui se perd à chaque éjaculation. On le gaspille comme on gaspille les ressources. » 

vendredi 22 juillet 2022

Roule ma frite ! – Chronique du 23 juillet

Bonjour-bonjour

 

La nouvelle peut faire sursauter, mais le principe en est connu depuis longtemps : votre véhicule diesel peut rouler avec de l’huile usagée à la place du carburant habituel. « Roulemafrite.com » est une association qui existe depuis longtemps déjà pour faire connaitre et légaliser le procédé – qu’un vote du parlement vient justement d’entériner la nuit dernière. (Lu ici)

Certains ironiseront : « Alors, c’est à l’heure de la pénurie d’huile – qu’on ne trouve plus dans les rayons des supermarchés – qu’on nous propose de rouler à l’huile de friture. Belle réaction ! »

D’autres s’étonneront qu’au lieu de décarboner nos déplacements on transforme notre moteur en friteuse. Où est le progrès ?

 


Station-service 2022

 

Pourtant, la preuve est faite : si pour continuer à rouler avec notre voiture il faut passer chez MacDo pour faire le plein, on le fera. Et si pour cela il faut modifier la loi, on la modifiera. Exactement comme on réouvre les centrales à charbon et qu’on bricole les centrales nucléaires pour les faire tenir encore un peu.

 

1ère conclusion : sans énergie nous ne sommes plus rien. Inutile de comparer notre vie avec celle de nos ancêtres en disant « puisqu’ils ont vécu avec pour toute aide celle d’un bourricot, faisons de même ». Non : le passé est le passé, nous ne sommes pas réadaptables et notre génération ne peut pas se passer d’énergie.

2ème conclusion : avant de parler de l’avenir, il faut penser au présent. D’où l’effort extraordinaire qui nous est demandé d’inclure le souci de l’avenir dans les préoccupations quotidiennes. Le mouvement écologiste est aux prises avec ce fait et rien ne dit qu’il trouvera le moyen de concilier les deux.

jeudi 21 juillet 2022

A quand des députés payés 800 euros par mois ? – Chronique du 22 juillet

Bonjour-bonjour

 

Rachel Keke ancienne femme de ménage, député de La France Insoumise a interpellé les élus de la majorité présidentielle lors du débat consacré au pouvoir d’achat : « J’aimerais savoir, qui, dans cet Hémicycle, a déjà touché 800 euros ? 900 euros, 1000 euros ? »

Lorsque certains députés sur les bancs de la majorité ont répondu « Moi ! Moi !», Rachel Keke a précisé son propos avec une pointe de sarcasme et beaucoup de colère : « Je dis 800 euros par mois, pas par jour ! Qui a déjà touché 800 euros, 900 euros par mois ? Personne ! Vous ne savez pas ce que c’est. Vous ne connaissez pas la souffrance des métiers essentiels ». (Lire ici)

- La pauvreté et la précarité sont d’abord des expériences vécues, et toutes les étude savantes qui leur sont consacrées ne font que brasser des abstractions. On a déjà souligné que cette expérience intime de la misère était exigée des bénévoles d’ATD-Quart monde : ce n’est pas sans raison. Mais on devrait être attentif à cette autre question : « D’où vient la pauvreté ? » et plus particulièrement « Pourquoi y a-t-il des travailleurs pauvres ? »

On sait que la juste rémunération du travail était pour Marx une des aspirations de la révolution, au point qu’il définit cet objectif pour la révolution prolétarienne : « De chacun selon ses capacité, à chacun selon ses besoins » (1). Que la définition des besoins change selon le cours de l’histoire ne doit pas nous faire oublier la question centrale : à quoi mesurer la valeur du travail ? 

Le bon sens voudrait qu’on rémunère les travailleurs selon leur utilité sociale : Rachel Keke parle de « métiers essentiels » pour dire qu’il s’agit peut-être bien de gens qui exercent des fonctions dépréciées, mal payés et sur-exploités – mais que ce sont quand même des personnes dont on ne saurait se passer, comme l’a montré le confinement durant la pandémie. Mais la réalité est qu’on n’est jamais rémunéré en fonction des services que l’on rend. Avec leur études de l’utilité sociale, les sciences économiques sont moins pertinentes que les études ethnologiques qui montrent que l’influence exercée par certaines corporations est variable selon les cultures.


N'y aurait-il donc aucun critère ? Non certes.

Mais plutôt parce que ces critères sont très différents : durée des études ? Capacité à franchir les obstacles des concours ?  

- La vérité est beaucoup plus simple - et plus cynique: la valeur d'un travailleur est fixée par la demande du marché pour lequel il n’est pas inconcevable que chaque jours (chaque heure ?) un PDG du CAQ-40 gagne autant que sa femme de ménage pendant tout un mois.

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(1) « Dans une phase supérieure de la société communiste, quand auront disparu l'asservissante subordination des individus à la division du travail et, avec elle, l'opposition entre le travail intellectuel et le travail manuel ; quand le travail ne sera pas seulement un moyen de vivre, mais deviendra lui-même le premier besoin vital; quand, avec le développement multiple des individus, les forces productives se seront accrues elles aussi et que toutes les sources de la richesse collective jailliront avec abondance, alors seulement l'horizon borné du droit bourgeois pourra être définitivement dépassé et la société pourra écrire sur ses drapeaux : « De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ! » (Marx – Critique du programme de Gotha)

mercredi 20 juillet 2022

Mobilisation générale des colibris – Chronique du 21 juillet

Bonjour-bonjour

 

On nous rebat les oreilles avec la légende du colibri qui verse sur l’incendie l’eau contenue dans son minuscule bec en disant « J’ai fait ma part » 

  


- Hé bien c’est loin d’être fini. Avec le conflit ukrainien voilà que chacun d’entre nous est prié de faire son colibri pour épargner de l’énergie : éteignez la box en partant en vacances, oubliez d’allumer le climatiseur, réglez le chauffe-eau sur 40°, débranchez les chargeurs – etc. (Lire ici)

 

Face à cet appel à la bonne conscience, j’ai comme à mon habitude une réaction un peu négative : « Périsse le monde, du moment que j’ai fait ce que j’ai pu pour l’éviter ». Inutile de chercher d’autres solutions, même si de toute manière une armée de colibris ne feront jamais rien d’utile pour lutter contre l’incendie, et même si d’autres façons pour les tout-petits de faire quelque chose s’avèrent beaucoup plus efficace (1).

On peut opposer le colibri au pélican qui reste sans rien faire avec son gros bec inemployé : le débat n’est pas là. Car, s’agissant de la protection de la planète, le colibri écolo fait face non seulement à l’incendie, aussi à des éperviers au bec plein de feu, qui sèment l’incendie et détruisent tous ceux qui cherchent à l’éviter. --> Plutôt que de chercher des canadairs pour éteindre l’incendie, mettons en ligne des Rafales pour détruire les incendiaires.

 

On pourrait toutefois me reprocher de me tromper de débat : après tout, l'écologie n'est pas en cause dans les plans des russes pour faiblir l'Europe. Reste que  les écologistes eux-mêmes se réjouissent secrètement que la guerre d’Ukraine provoque une pénurie de gaz puisqu'elle va réduire les émissions de CO2


Exact – Mais tant qu'à faire, pourquoi pas ne pas applaudir la famine issue de l’embargo sur le blé ? Car enfin voilà longtemps que l’augmentation de la population humaine dûe au progrès de la médecine met en péril l’humanité entière en accroissant le nombre de bouches à nourrir sans accroitre les capacité à les remplir.

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(1) On pense à madame Tao (lire ici), pauvre femme jetée à la rue et qui survit en vendant aux passants une sauce aigre-douce qu’elle vient d’inventer et qui fait sa fortune.

Le débat fait rage entre ceux qui font son éloge et ceux qui persistent à féliciter le colibri qui prend le risque de se brûler les ailes dans l’incendie. (Voir ici)

vendredi 8 juillet 2022

jeudi 7 juillet 2022

La dictature des juges – Chronique du 8 juillet

Bonjour-bonjour

 

Il y a des jours où il est salutaire de se plonger dans l’histoire – que ce soit celle de son propre pays ou celle des autres.

C’est le cas lorsqu’on se propose de réfléchir aux effets des arrêtés pris récemment par la Cour suprême des Etats-Unis. On se reportera à ce récapitulatif pour s’en persuader : cette Cour de Justice, chargée normalement de vérifier la constitutionnalité des lois (exactement comme la Cour constitutionnelle en France) a pris récemment des arrêtés qui dépassent ce rôle en imposant des choix politiques sensibles. Il s’agit-là de ce qu’on appelle « le gouvernement des juges » résultant d’un déséquilibre des pouvoirs puisque les juges ont la main sur l’existence des lois. 

- L’histoire de la France montre qu’au XVIIIème siècle les conflits entre la monarchie et le Parlement (qui jouait le même rôle que notre cour constitutionnelle) ont émaillé le cours du siècle révélant ainsi l'érosion du pouvoir monarchique. Mais notre histoire contemporaine  montre qu’aujourd’hui encore la France connait épisodiquement des crises issues de décisions de la Cour constitutionnelle jugées politique car excédant le cadre des principes de la Constitution.

 

Comment le pouvoir peut-il se défendre devant ces excès ? Durant l’Ancien régime, le monarque convoquait le Parlement pour un « lit de justice » par lequel les membres du Parlement étaient dans l’obligation d’enregistrer les lois contestées.

- Un peu expéditif, il est vrai. Les démocraties se doivent d’user de pratiques plus conformes à leurs principes. C’est ainsi que les Etats-Unis disposent de moyens de désarmer les juges abusifs : on peut augmenter leur nombre, mettre fin à leur nomination à vie ou encore mettre en place une rotation de juges tirés au sort.

… Chacune de ces réformes a des avantages et des inconvénients. Mais pour que l’une d’entre elles arrive à passer, le parti démocrate devra obtenir une large majorité au Congrès en novembre, ce qui à l’heure actuelle ressemble à une mission impossible.

Bref, pour être démocratique l’équilibre des pouvoirs doit être rétabli par les urnes.

mercredi 6 juillet 2022

Chapeau bas, messieurs les anglais – Chronique du 7 juillet (2)

Bonjour-bonjour

 

Boris Johnson sera-t-il encore 1er ministre lorsque vous lirez ces lignes ? Pas sûr – en tout cas on ne sait pas combien de ministres resteraient alors à ses cotés.

Car scandales après scandales, mensonges après mensonges - et puis nouveaux mensonges pour excuser les anciens, etc… le 1er ministre britannique s'enfonce inexorablement dans l'indignité.

Nous français, on est un peu blasés : quel scandale les britanniques auraient-ils pu inventer pour nous étonner encore, nous qui avons eu, ne l’oublions pas, un ministre du budget en charge de la lutte contre la fraude et lui-même coupable de posséder des comptes off-shore ? 

 

D’abord notons que le 1er ministre a été accablé par la révélation des fêtes auxquelles il participait au 10 downing street avec promiscuité et embrassades au moment même où les britanniques étaient sévèrement confinés et où l’on voyait la Reine, isolée, seule sur le banc de l’église, lors de l’office d’enterrement de son mari le prince Philippe. Terrible image dont Boris Johnson n’a pas pu se remettre.


Mais ce n’est rien à côté du scandale sexuel qui a suivi. Lisez plutôt : « Chris Pincher était, chargé de la discipline parlementaire des députés conservateurs, a dû démissionner la semaine dernière après avoir été accusé d'attouchements sur deux hommes. » Ce responsable de la discipline parlementaire qui pelote des collègues (hommes de surcroit) : notre ministre anti-fraude qui planque son argent en Suisse, c’est du pipi-de-chat à côté !

Mais vous n’avez encore rien vu – lisez la suite : « Un député conservateur soupçonné de viol a été arrêté puis libéré sous caution mi-mai, un autre a démissionné en avril pour avoir visionné des vidéos pornographiques au Parlement sur son téléphone portable ». Oui, vous avez bien lu : faute de pouvoir violer des collègues, les députés conservateurs matent des vidéos pornos au parlement : ça c’est fort – c’est très fort.

 

Chapeau bas, messieurs les anglais : nous on ne saurait pas faire !

Le bac : une épreuve qui compte – Chronique du 7 juillet (1)

Bonjour-bonjour

 

Alors vous aussi vous avez un fils, un petit fils, un neveu qui passe le bac ? Et en attendant ses résultats vous voilà tout chagriné par cette information : « 78,8 %. C'est le pourcentage de réussite enregistrés pour le cru 2022 du baccalauréat, un mauvais cru puisqu'il est en baisse de 10 points par rapport à 2021 »


- Alors, notez bien qu’il s’agit là non des résultats définitifs de l’examen mais de ceux du premier groupe, avant l’oral de rattrapage. Et aussi que c’est la première fois que l’examen se déroule suivant la procédure normale, certaines épreuves de l’an dernier qui avaient été perturbées par le COVID ayant pris en compte les notes trimestrielles.

 

Néanmoins, c’est tout de même la première fois que « le bac Blanquer », destiné à renforcer cette épreuve qui s’était selon les dires du ministre « affaissée », était mis en œuvre totalement. D’ailleurs, monsieur Ndiaye, constatant cette baisse des résultats s’est même réjoui que le bac se soit ainsi renforcé : « C’est une épreuve qui compte » a-t-il affirmé.

Depuis que le bac existe – ou du moins depuis que j’ai eu à le faire passer – c’est le taux d’échec qui a déterminé le niveau et donc le sérieux de l’examen : on veut que le bac révèle les élites – et il ne peut le faire qu’en éliminant ceux qui n’en font pas partie. Et plus il y a de perdants, et plus les gagnants sont valeureux. (1)

 

--> Voilà donc la vérité qui se dévoile : une élite ne se définit pas exclusivement par ses performances, mais aussi par la difficulté de la compétition à laquelle elle doit son statut.

En attendant on n’a pas dit en quoi cette épreuve est une performance utile : on a bien des fois critiqué les matières d’examen qui ne sont là que pour la sélection, comme le latin autrefois ou les maths aujourd’hui. D’ailleurs, cette question ne date pas d’aujourd’hui : on raconte qu’Alexandre, entrant dans une ville d’Asie mineure qu’il venait de conquérir, les habitants l’invitent à voir une performance extraordinaire accomplie par un des leurs : cet homme est capable de cracher une lentille juste dans le goulot d’un pot déposé à une grande distance. Voyant cela, Alexandre ordonne qu’on lui offre un boisseau de lentilles, manière de montrer qu’à une performance inutile répond ce cadeau dérisoire.

Bref : si votre neveu a réussi le bac, félicitez-le, mais ne lui demandez pas combien de ses camarades vont redoubler.

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(1) Pour mémoire le bac passé en 1968 avait eu la réputation d'avoir été "donné" et les bacheliers e cette année-là étaient la risée de tout le monde : leur diplôme ne valait rien du tout.

mardi 5 juillet 2022

Quand ze serai grande, ze serai flic – Chronique du 6 juillet

 

Bonjour-bonjour

 

Comme chaque année la publication des résultats du bac est l’occasion de découvrir des petits génies qui ont décroché leur diplôme alors qu’ils dorment encore avec leur doudou. Cette année ne déroge pas à la tradition : « À l'âge de 14 ans, Odycée Durupt, la plus jeune candidate de l'année a réussi l'examen avec 13,66 de moyenne générale et un 20/20 au grand oral.  « Ne lâchez jamais rien, dans la vie il faut croire en ses rêves et avoir confiance en soi sans jamais baisser les bras! », a-t-elle déclaré à France 3 régions, paraphrasant Elisabeth Borne ». Lire ici.

- Bon, me direz-vous : voilà le marronnier du mois de juillet qui refleurit. Pas de quoi en faire une chronique dans un blog d’habitude si relevé.

- Merci de votre considération, chères lectrices et chers lecteurs. Mais écoutez plutôt la suite de ce charmant article : « Odycée Durupt est dans la catégorie des personnes HPI, c'est-à-dire, à Haut Potentiel Intellectuel. Désormais elle est tournée vers la suite de ses études. La jeune adolescente vise une licence de psychologie avant un master de criminologie pour entrer dans la gendarmerie. »

Vous avez bien lu : Odycée Durupt est une personne à Haut Potentiel Intellectuel (HPI) et elle a pour projet d’entre dans la gendarmerie. La police : vous pigez ? Oui, comme Morgane Alvaro dans la série télévisée de TF1.

 

 

Audrey Fleurot dans le personnage de Morgane Alvaro

 

Voilà donc ce qui fait rêver une jeune fille douée et capable de réaliser ses rêves : non pas devenir comme Elisabeth Borne première ministre, mais devenir policière et décrypter les énigmes que les criminels sèment derrière eux. Non pas chef du gouvernement, mais Morgane l’excentrique consultante de la DIPJ de Lille.

Moi, de mon temps, quand une petite fille rêvait à ce qu’elle deviendrait une fois devenue grande, elle disait : « Je serai exploratrice (comme Dora) ou Princesse du Rajasthan, ou star hollywoodienne. » Aujourd’hui les petites filles rêvent de devenir flic. 

- Les jours où je suis optimiste, j’en conclus que, bien que supérieurement intelligents, ces petits génies sont encore sous l’influence des images. Ils veulent devenir comme le capitaine Marleau ou comme Morgane Alvaro, mais ils ne se rêvent pas véritablement défenseurs de l’ordre répressif bourgeois.

Les jours où je suis pessimiste, je pense exactement l’inverse. 

Et vous ?