mardi 31 janvier 2023

Qu’as-tu fait de tes chromosomes ? – Chronique du 1er février

Bonjour-bonjour

 

Oui, c’est vrai : on ne peut douter que le bébé qui vient de naitre soit distinctement, selon des données biologiques irréfutables, un garçon ou une fille. Ça, on le sait.

Mais il est bon parfois d’enfoncer des portes ouvertes histoire d’y voir plus clair. Ainsi de la description du développement de l’embryon selon qu’il soit féminin ou masculin. Car, comme le dit Jean-François Bouvet dans sa chronique bien documentée, « chacune des 100 000 milliards de cellules qui constituent un humain est sexuée : chromosomes XX pour la femme, XY pour l'homme. » Ajoutant : « il eût été étonnant que cela soit sans incidence sur l'ensemble de leur biologie » Je vous laisse lire l’article en question qui montre bien comment les chromosomes XX et XY prennent chacun en charge le développement de l’organisme, en sorte qu’au cours du développement de l’embryon, les organes sexués à peine esquissés jouent déjà un rôle dans la progression du fœtus. Comme si au cours de la fabrication d'une voiture, le moteur – installé en premier – faisait déjà tourner le générateur et contribuait ainsi à la production du véhicule.

Bref : physiologiquement parlant, à sa naissance le bébé est pleinement un garçon ou un fille à part sans doute des cas où le sexe est mal défini, suite à une pathologie génétique.

 

- C’est sur cette base que se développe le genre. Car pour plus de clarté, il sera utile de distinguer le sexe, porteur des différences innées et naturelles apparues durant l’embryogénèse ; et le genre tel que l’éducation, la culture et l’histoire psychologique personnelle l’ont forgé et qui aboutit à des manifestations qui peuvent s’écarter des déterminismes biologiques.


Dès lors, « Mon genre, c’est mon choix » : voilà ce que chacun devrait pourtant pouvoir dire, soit que né biologiquement mâle il se confirme dans l’existence homme ; soit qu’au contraire il « choisisse » d’inverser les données biologiques. Mais alors, que penser des données biologiques ? 

- Tu étais né fille et te voilà garçon (et réciproquement). Qu’as-tu fait de tes chromosomes ?

Pour ceux et celles qui s’éprouvent fille ou garçon spontanément mais pourtant à l’inverse des données génétiques, peut-être y a-t-il d’autres facteurs, génétiques eux-mêmes ou bien sociologiques – qui déterminent l’appartenance à tel genre ?

Et pour les autres ? Sans doute vont-ils nous dire : « Mes chromosomes ? Bof… C’est mon choix qui compte. » 

lundi 30 janvier 2023

Vous avez du mal à dormir ? Essayez la marche mentale ! – Chronique du 31 janvier

Bonjour-bonjour

 

Dites-moi, chers amis, êtes-vous insomniaques ? Si c’est le cas, ne vous bourrez plus de médocs : pratiquez plutôt la « promenade mentale ».

Vous ne connaissez pas ? Ecoutez plutôt : « Selon Joanna Shurety (coach spécialisée en médecine) : il suffit de s’imaginer en train de se promener lorsque l’on ferme les yeux avant de s’endormir. »

- Promenade mentale ? Quésaco ?

- Voici :

            * Il faut d’abord s’imaginer le lieu dans lequel cette balade aura lieu. Le mieux est de se rappeler un lieu que l’on connaît déjà et qui nous rappelle des souvenirs agréables.

            * Il faut ensuite apprendre à contrôler sa respiration en la ralentissant et en inspirant et expirant profondément tout en fermant les yeux. 

            * Dans le même temps, il faut se projeter sur le parcours de la marche que l’on est en train de réaliser.

            * On peut se concentrer sur l’environnement qui entoure notre promenade mentale. En s’imaginant les odeurs, les sensations du vent ou de la pluie et certains bruits familiers, le sommeil arrive généralement plus vite ! (Tout cela lu ici)

- Hummmm…. Moi je sens bien que pour arriver à ça il va me falloir une concentration exceptionnellement forte qui va exclure le relâchement propice au sommeil. 

- Peut-être avez-vous mal compris. Il faut surtout vous souvenir d’une sortie déjà faite, qui fera de votre promenade mentale une remémoration. Par exemple, rappelez-vous, quand vous aviez 10 ans, la fête foraine où vous étiez allé avec votre grand-père, le chemin parcouru, les lumières et le bruit de manèges, l’odeur des beignets – et la sensation quand vous avez pu monter sur le grand-huit !

- Oui, c’est vrai. Mais en même temps, toutes ces émotions vont m’empêcher de dormir !

- Peut-être mais au moins vous allez aimer ces insomnies et au lieu de vous en lamenter vous aller chaque soir vous coucher avec la ferme intention de retrouver ces souvenirs.

Alors, elle est pas belle la vie ?

dimanche 29 janvier 2023

La famille aussi – Chronique du 30 janvier

Bonjour-bonjour

 

Suite à l’attentat qui a couté la vie à 7 personnes dans une synagogue de Jérusalem-est, « les forces israéliennes ont mis sous scellés dimanche la maison familiale d'un Palestinien qui a tué sept personnes, en vue de la détruire, après l'annonce par le gouvernement de mesures visant à punir les proches des auteurs d'attentats. » (Lu ici)

Pour faire bonne mesure, « le gouvernement a en outre annoncé la "révocation des droits" à la sécurité sociale des "familles de terroristes soutenant le terrorisme". Et la révocation des cartes d'identité israéliennes des proches des assaillants a été à l'ordre du jour de la réunion hebdomadaire du gouvernement dimanche. » (Id.)

 

Bref, les attaquants étant la plupart du temps tués dans l’assaut, les forces de l’ordre s’en prennent aux familles, selon une tradition ancestrale, qui veut que les clans adverses soient détruits lors de la chasse aux opposants. On est dans une logique qui renvoie la justice au second plan au profit de l’efficacité de la terreur. C’est ce que la pratique de l’exécution d’otages pendant l’occupation allemande a montré aux français – qui en ont peut-être fait leur profit lorsqu’ils rasaient les villages algériens d’où étaient sortis les fellaghas terroristes.

 

« La justice c’est bon en temps de paix, la terreur c’est bon en temps de guerre » : on tremble de dégoût devant cette formule qui justifie la violence aveugle et cruelle. Et qu’est-ce que ça fait ? Je veux dire : que l’armée russe ait commis des crimes de guerre, qu’est-ce que ça peut faire aux soldats violeurs sur commande ?  

C’est que la guerre libère les plus bas instincts de l’homme : si c’est bon pour le pays de violer des femmes ou d’incendier des maisons, pourquoi s’en priver ?

Et si l’évolution de l’humanité s’était faite non pas contre ces instincts, mais grâce à eux, que dirions-nous ?

Nietzsche n’est pas si loin…

samedi 28 janvier 2023

Et s’il me plait à moi d’être pauvre ? – Chronique du 29 janvier (b)

Bonjour-bonjour,

Alors que certains de ses collègues regrettaient à propos des AESH (1) le manque de reconnaissance, la précarité de leur statut et leur manque de formation, Claire Guichard , députée Renaissance des Hauts-de-Seine, a rétorqué : « Vous oubliez, chers collègues, que la vie est faite de choix. » (Lu ici)

La députée de la majorité a ensuite ajouté « connaître beaucoup d'AESH qui sont des mères qui ont arrêté de travailler à une époque pour s'occuper de leurs enfants ». Et la députée est formelle : « Elles ont choisi ce statut pour avoir les mercredis et les vacances scolaires ». « Et elles assument, c'est un choix et elles sont heureuses ».


La députée Insoumise Clémentine Autain a répondu sur Twitter « Une députée macroniste sans filtre, comme si le libéralisme signifiait la liberté, comme s'il n'y avait pas d'inégalités, de reproduction sociale. Choisit-on la précarité, le manque de statut professionnel, un salaire en dessous de 1 000 euros ? C'est un choix politique ! », a-t-elle.

La bonne question est en effet « Peut-on choisir l’inégalité ? » Ou pour mieux dire : « L’injustice peut-elle disparaitre dès lors qu’elle est choisie ? »

Lorsque Martine, la femme battue de Sganarelle déclare à celui qui veut la secourir « Et s’il me plait à moi d’être battue ? », chacun rit parce que jamais aucune femme ne dira de bonne foi une telle chose.

Qui donc choisira la précarité ? Quelle dose de cynisme ou d’aveuglement faut -il pour en arriver là ? Clémentine Autun a-t-elle raison d’admettre qu’un choix politique pourrait justifier une telle option ?

Tout cela repose une fois de plus la question du consentement sous contrainte, par exemple lorsque Gérald Darmanin, alors maire de Tourcoing disait à la femme qui venait le supplier de lui accorder un logement social : « Je veux bien moi, madame. Mais il faudra m’aider… »


--> Ça vous parait impossible ? Pourtant la justice vient de disculper monsieur Darmanin du fait que le rapport était consenti. 

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(1) AESH= Accompagnants des Élèves en Situation de Handicap

D’où vient l’argent ? – Chronique du 29 janvier (a)

Bonjour-bonjour

 

Vous vous demandez peut-être « d’où vient tout l’argent que possèdent les milliardaires ? »

C’est une question réactivée ces jours-ci sans doute par l’annonce que l’homme le plus riche du mondes est Bernard Arnault.

Bien que tout cela soit archi-convenu, certains politiques n’ont pas hésité à répondre. Voici une brève recension de leurs points de vue :

1° Le vol : « Accumuler de l'argent est immoral, [...] car ce qui est accumulé, c'est ce qu'on a pris aux autres » selon Jean-Luc Mélenchon (Lire ici

--> La richesse, soit on la mérite, soit on la prend aux autres : c’est le point de vue le plus répandu parmi les anarchistes dont le principe (selon Proudhon) est : « La propriété c’est le vol. » Etant ainsi entendu que seul le travail produit du surplus accumulable, s’enrichir au-delà de sa propre production, c’est prendre aux travailleurs la plus-value de leur labeur.

2° Le mérite : Par le travail : François Ruffin qui a estimé que Bernard Arnault "n'a pas 400.000 fois plus de mérite qu'une ouvrière" (id.) 

--> Ce qui suppose qu’à part la plus-value, il y a aussi le salaire consenti par le patron en fonction des profits que le travailleur permet d’espérer. Reste à établir de combien de ressources Bernard Aranud est l’origine et de les comparer à celles obtenues par 400.000 ouvrières. Pas facile.

3° L’héritage : Nathalie Artaud (Lutte Ouvrière) qui a rappelé que le fondateur de LVMH et Vincent Bolloré "n'ont pas de problèmes de retraites mais de succession » (id.) 

--> Ce qui montre que l’accumulation des richesses n’est pas nécessairement un fait récent, et que l’héritage des ancêtres y a sa part. Aujourd’hui l’économiste Thomas Piketty milite pour une redistribution des richesses à chaque génération, ce qui implique de taxer au maximum les successions.

vendredi 27 janvier 2023

Homo loquens – Chronique du 28 janvier

Bonjour-bonjour

 

J’aime bien quand les bulletins d’actualité dispensés par Google-news se répondent – sans bien sûr que cette coïncidence ait été voulue.

- Ainsi de cette information concernant les progrès des machines à traduire, qui viennent relayer ceux du logiciel de « chat » capable de tromper les utilisateurs qui ignorent qu’ils dialoguent avec un logiciel. Après tout, le « test de Turing » destiné à établir si nous parlons à une machine ou à une être humain reste d’actualité.

Voici qu’aujourd’hui des chercheurs prennent cette capacité de la machine à traduire des textes d’une langue dans une autre comme marqueur des progrès de l’intelligence artificielle, concluant que dans 7 ans elle aurait acquis l’autonomie par rapport aux interventions de l’homme.  

--> Et c’est dans le même temps que je tombe sur cet édito de Yannick Haenel qui rappelle que le langage est une activité spécifiquement humaine dans la mesure où elle ouvre un horizon de création inépuisable : aurons-nous jamais fini de commenter par exemple les Écritures bibliques ?

Toutefois, si le langage est inépuisablement renouvelé, ce n’est pas un fait constant ni irréversible. « La platitude des énoncés qui envahissent continuellement la planète témoigne d’une volonté d’oblitérer la dimension poétique et spirituelle du langage, dont l’appauvrissement actuel est organisé avec application » déclare Yannick Haenel.

Qui ajoute : « La poésie est cette part sacrée qui, dans le langage, échappe à l’emprise de la société. En cela, elle est irréductible : ainsi y a-t-il en elle de l’indemne, c’est-à-dire étymologiquement ce qui est non damné – ce qui échappe à l’enfer. »

 

Bref : à vouloir tout déléguer aux machines, nous perdons ce qui fait notre richesse : ce n’est pas la machine qui se met au niveau de l’homme, mais l’homme qui se met au niveau de la machine. Que nos intelligences artificielles soient capable de réciter de façon tout à fait élégante et même convaincante des contenus de leur base de données : soit. Qu’elles nous fassent un commentaire définitif d’Une saison en enfer : non !


Henri Fantin-Latour - Rimbaud à l'âge de 18 ans

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N.B. Homo loquens : Être humain comme le seul être parlant, distingué des autres animaux.

jeudi 26 janvier 2023

Un pont aérien entre Dijon et Nevers – Chronique du 27 janvier (b)

Bonjour-bonjour

 

Nouvelle occasion de sursauter à la lecture des journaux avec cette nouvelle : « Le maire Renaissance de Nevers (Nièvre), Denis Thuriot, a salué l'arrivée des 8 premiers flying doctors ("médecins volants"), qui ont atterri jeudi 26 janvier dans sa ville, afin de pallier le manque de soignants dans le département…. Ils doivent retourner à Dijon (Côte-d'Or) dans la soirée ».

 

Pour moi, la notion de pont aérien est restée associée au blocus de Berlin-ouest au tout début de la guerre froide. C’est vous dire combien je m’étonne en lisant qu’on organise un tel dispositif pour permettre à des médecins d’aller soigner des malades de Dijon à Nevers. On n’a donc pas trouvé mieux ? Le besoin de soins est donc tel qu’on ne puisse, tout comme en 1948 à Berlin faire autre chose que de recourir à un pont aérien ?

De fait ce ne sont pas les besoins qui sont exceptionnellement importants, mais la ressource pour y répondre qui manque. Et c’est là que l’utilisation de ce procédé normalement utilisé dans des cas tout à fait exceptionnels marque les esprits. Car il ne s’agit pas d’envoyer de médecins soigner des victimes d’un tremblement de terre là-bas, tout au fond du désert du Kalahari ou du bush australien – mais bien de franchir les 147 km (à vol d’oiseau) qui séparent ces deux villes.

Et pourquoi ? Parce dans un pays comme le nôtre qui fait de la santé un bien si précieux que chaque année des ressources énormes lui sont consacrées afin que personne, quelques soit son dénuement ne soit privé de soins – dans un tel pays donc, il arrive que les médecins ne soient pas assez nombreux, au point qu’il faille les véhiculer par avion pour leur permettre de soigner partout où on a besoin d’eux.

Et là, oui : je sursaute

Le Rafale F4.1 : moi, j’aime – Chronique du 27 janvier (a)

 

 

Bonjour-bonjour

 

Il y aura bientôt un an, le 11 mars 2022, je vous donnais en avant-première des nouvelles du tout nouveau Rafale : je m’émerveillais alors devant le système de télé-maintenance ainsi que l’équipement électronique du casque du pilote. Mais tout ça n’était que de la broutille devant l’équipement offensif de cet aéronef : il suffit pour s’en convaincre de lire ce tout nouveau texte que je suppose extrait du catalogue de vente : « Le Rafale F4 disposera d’une meilleure connectivité pour les opérations en réseau, grâce à la radio CONTACT, à un serveur de communication dit « intelligent » [et sécurisé] ainsi qu’à une solution de transmission par satellites [SATCOM] via Syracuse IV. »

A quoi on ajoute : « l’Armement Air-Sol Modulaire … se présente sous la forme d’un kit de guidage et d’un kit dit « d’augmentation de portée ». Monté sur le corps d’une bombe d’environ 250 kg ; il permet à un chasseur-bombardier d’atteindre une cible avec une grande précision depuis une distance de sécurité, quelles que soient les conditions météorologiques. » (Lu ici)

 

Ça ne vous rappelle rien ? Non ? Cherchez mieux. – Oui, ça y est ! Les catalogues présentant les nouvelles voitures pour le salon de l’auto dans les années 60 ! Ces systèmes de freinage assistés, puis de transmission automatique – c’était ça qui, à l’époque, nous mettait des étoiles dans les yeux. Toute cette technologie triomphante, émerveillante, c’était dans les voitures, donc à notre portée, pour nos loisirs, que ça se situait. 



Aujourd’hui les performances du Rafale sont destinées à tuer des hommes et seuls quelques pilotes aguerris peuvent en profiter. Mais qu’importe : il s’agit toujours de progrès techniques, et c’est pour ça que notre enthousiasme reste disponible

mercredi 25 janvier 2023

25 janvier : journée nationale contre le sexisme – Chronique du 26 janvier

Bonjour-bonjour

 

Vous l’avez compris : nous sommes le 26 janvier donc l’annonce de la date du 25 pour lutter contre le sexisme n’est valable pour que l’an prochain.

Reste que, compte tenu des résultats inquiétants donnés par le rapport du Haut conseil à l’égalité, ce ne sera de toute façon pas du luxe.

… A condition toutefois que certaines précautions soient prises. Comme par exemple de faire comprendre ce que signifie le mot sexisme.

« Sexisme : attitude discriminatoire fondée sur le sexe ». Telle est la définition du dictionnaire. Simple, à condition que soit bien comprise la nuance entre différence et inégalité. Par exemple, on peut dire que les femmes n’ont pas de pénis ; ou bien qu’elles ont généralement moins de force musculaire que les hommes. Seulement sur ces constations, se greffe souvent la justification d’une infériorité sociale des femmes par rapport aux hommes.

- On en jugera d’après le tableau résumant le rapport signalé (cf. ici) : ces différences, comme de porter des enfants ou éventuellement d’éprouver des faiblesses menstruelles peuvent en effet donner naissance à des jugements selon lesquels les infériorités sociales qui frappent les femmes sont « normales ». Il est vrai que les femmes sont différentes des hommes, mais que valent ces différences dans un monde où la technique est sans cesse mieux adaptée aux capacités humaines pour suppléer à ses insuffisances ? Aujourd’hui où on s’est habitués à voir des femmes conduire des autobus longs de 20 mètres, qui donc se soucie de savoir s’il est important d’avoir des gros biscotos ? 

Vous voulez une grosse banalité ? L’inégalité est une situation bien plaisante à condition d’en tirer bénéfice et non d’en être la victime. On comprend que les hommes ne sont pas prêts à lâcher leur position dominante ; mais attention : si ces places subsistent et que les femmes les occupent, rien n’aura vraiment changé.

mardi 24 janvier 2023

Citoyen Jojo : zéro pointé. – Chronique du 25 janvier

Bonjour-bonjour

 

Encore un truc qui m’énerve : quand le gouvernement annonce qu’il va « faire de la pédagogie » à propos d’une mesure ou d’un projet contesté – par exemple la réforme des retraites. Dans ce cas on entend que l’on est considérés comme des idiots, qui demeurent encore hostiles à un projet qui, pour n’importe quel individu normalement constitué, est supposé apparaitre comme un « bon projet ». Si on est contre, alors c’est que l’on n’a pas encore compris et que donc on va « faire de la pédagogie », nous réexpliquer gentiment, en prenant les mots qu’il faut, avec les formules adaptées à notre cerveau déficient…

 

- Un peu d’histoire : le « droit de remontrance » dont disposait le Parlement de Paris au 18ème siècle lui permettait de refuser d’enregistrer un édit royal qu’il jugeait inapproprié : il demandait au roi de revoir son texte, et cet acte était une remontrance, autrement dit on lui expliquait ses torts en attendant de lui qu’il les corrige. Notre soi-disant effort de pédagogie va dans le même sens, mais de façon détournée : on suggère que chacun devrait à condition d’être attentif et de bonne foi, admettre le bien fondé des propositions gouvernementales.

 

Allons au vif du sujet : on n’est pas plus idiots que les autres, simplement on a parfaitement bien compris ce que contenait le projet gouvernemental mais on n’est toujours pas d’accord. Les paroles étant inappropriées pour régler le conflit, il ne reste que l’épreuve de force. Quel rapport entre l’âge de la retraite à venir et le travail à la SNCF ou dans les raffineries Total aujourd’hui ? Aucun sauf qu’en bloquant les trains ou la production de carburant on espère étrangler le pays, – fait pour le quel au lieu d’être mis en prison on obtient gain de cause. Ça s’appelle « droit de grève » et c’est tout à fait normal, au point que son interdiction soit le signe d’une dictature.

 

Qu’on me comprenne : je ne cherche pas du tout à contester ce droit et donc j’accepte à l’avance les misères qui vont s’abattre sur nous très bientôt. Simplement je demande que ce rapport de force soit reconnu et donc qu’on arrête de nous bassiner avec un effort de pédagogie qui nous considère comme des cancres.

lundi 23 janvier 2023

Versailles : un patrimoine en pleine actualité – Chronique du 24 janvier

Bonjour-bonjour

 

Catherine Pégard, nommée en 2011 à la présidence du domaine de Versailles, est en intérim de son poste depuis deux ans et le gouvernement cherche à la maintenir jusqu’aux Jeux olympiques. Elle aura alors 70 ans. En effet, en 2024, le domaine de Versailles sera un site important des Jeux olympiques pour les concours hippiques. 

 

- Ce n’est pas pour attirer votre attention sur l’âge de la conservatrice du Château de Versailles que je porte aujourd’hui mon regard dans cette direction. C’est pour noter que, si on ne parvient pas à remplacer cette dame qui est au travail bien au-delà de l’âge de la retraite, même revue et corrigée par le Président Macron, c’est parce qu’elle a su animer le Château et le maintenir dans l’actualité d’une façon pleine de sens. Et en effet, faire que les concours équestres aient lieu dans le parc du Château de Versailles, c’est bien vu : on imaginera les cavaliers d’aujourd’hui avec leur chevaux évoluant dans le décor du Parc dessiné par Le Notre comme si leur toques étaient des chapeaux à plumes, et réciproquement le Grand siècle versaillais s’animera bien mieux qu’avec des sculptures abstraites installées dans la Galerie des glaces.

C’est l’occasion de revenir sur la notion de patrimoine dont nous sommes particulièrement friands – et pas seulement nous, car il suffit de voir affluer des visiteurs des quatre coins du monde pour s’en persuader. Il est facile en effet de considérer que le patrimoine est fait de biens matériels, châteaux, églises, objets d’art, livres etc. venus du fond des âges et que nous nous efforçons de conserver en l’état. Encore faut-il que nous en ayons envie, qu’ils représentent quelque chose pour nous, aujourd’hui. Que ce château du 17ème siècle soit encore admirable aujourd’hui, au 21ème siècle, cela suppose qu’on ait encore quelque chose à imaginer, à faire dans ces lieux. Conserver un patrimoine ce n’est pas seulement l’entretenir, c’est aussi l'animer de façon adaptée, en organisant par exemple des spectacles son et lumière dans des ruines médiévales, des concerts dans la salle de bal du château de Fontainebleau, ou dans des églises.

 

Reste quelques tentations auxquelles il faut peut-être résister, comme de vouloir reconstituer une époque. A Versailles on n’imagine pas faire de faire évoluer des chevaux pour un carrousel, que pourtant la cour aurait apprécié : les concours hippiques sont bien d’aujourd’hui mais il y a moyen pour notre imagination de faire la synthèse avec le décor. Par contre on se rappelle qu’en 2004 les Jeux Olympiques avaient eu lieu à Athènes avec, tenez-vous bien, le concours de javelot à Olympie ! J’en rêvais tant… Mais le jour venu : déception ! Des athlètes perdu dans un décor de pâturage pelé, en totale contradiction et avec les jeux actuels et surtout avec ce qu’on imaginait des jeux antiques pour lequel les grecs avaient unanimement posé les armes. La patrimoine s’était évanoui sans que rien ne soit venu le détruire. La magnificence n’était pas au rendez-vous – et comment l’aurait-elle été, puisqu’on ne sait pas grand-chose de la façon dont les jeux étaient organisés il y a 2 millénaires et demi ? Le mieux dans ce cas est de laisser le public imaginer tout seul cette réalité évanouie : même si la réalité historique n’est pas là, il n’y moins a du moins pas de déçus.

dimanche 22 janvier 2023

C’est oui ou c’est non ? – Chronique du 23 janvier

Bonjour-bonjour

 

Hier, élection partielle dans la Marne. Les résultats montrent que le tout dernier dans la liste des candidats est Salvador Ribeiro (sans étiquète) qui a obtenu… une seule voix (0,01 %). Sauf à imaginer qu’il n’a pas pu ou pas voulu se déplacer pour aller voter, on suppose que cette seule et unique voix était la sienne. Et j’essaie d’imaginer quel peut être son état d’esprit ce matin en découvrant que personne – à part lui-même – n’a voulu lui apporter son suffrage. Occasion de mesurer la confiance que lui apportent les amis qui lui restent, et de constater que même sa femme n’a pas cru nécessaire de voter pour lui. Bien sûr d’autres candidats sont dans une situation assez proche ; mais eux, qui n’ont eu que quelques voix ne peuvent pas être absolument sûrs de la défaillance de leurs proches et c’est ça qui fait toute la différence.

- Supposons en effet qu’un candidat n’ait eu que 2 voix – en raison de l’anonymat, il peut supposer que n’importe qui, soit dans son entourage, soit croisé dans la rue, est celui qui a voté en sa faveur. Sa situation ressemble à celle de ces soldats qui doivent exécuter un condamné : certains de ces pelotons d’exécution aux US, comportent une arme chargée à blanc et chaque soldat peut supposer que c’est lui qui l’a reçue – et donc qu’il est innocent de la mort de l’homme exécuté.

 

Le fait est que nous ne raisonnons jamais en termes de probabilité : quand bien même il n’y aurait qu’une chance sur un milliard que notre vœu se réalise, nous agissons comme si nous devions en bénéficier : les loteries n’existent que grâce à ce mécanisme. On l’a vu aussi lors de la pandémie de covid : quand les chiffres des contaminé baissaient ou qu’on annonçait les performances des vaccins, il arrivait que nous n’ayons plus que 5% de risque d’être contaminés. Hé bien malgré tout chacun se voyait déjà dans la peau de ce malheureux intubé dans un service de soins intensifs où il aurait été tout seul. 

Oui, les probabilités ne comptent pas pour nous, nous raisons de façon binaire : par oui ou par non, jamais par peut-être.

samedi 21 janvier 2023

Bonne année du lapin d’eau – Chronique du 22 janvier

Bonjour-bonjour

 

Aujourd’hui, c’est le nouvel an chinois : l’année du lapin d’eau commence ce 22 janvier et se terminera le 9 février 2024.

 


Cette date est pour les chinois beaucoup plus importante que son équivalent du 1er janvier. C’est une fête beaucoup plus large, au cours de laquelle chaque chinois retourne dans sa famille lorsqu’il en est séparé. Une dame chinoise rencontrée hier me disait qu’il s’agissait de la fête du printemps : sans doute parce qu’on voit les jours rallonger dès ce moment ?

- Oui, mais surtout c’est le moment où, tourné vers la saison à venir, les paysans espèrent qu’elle leur apportera des récoltes abondantes et la prospérité.

 

Vous trouverez ici le détails de ces préparatifs, mais pour résumer, je conserverai l’idée que la fête, quelle qu’elle soit, comporte les même caractéristiques : d’abord le nettoyage complet de la maison et de ses dépendances, de sorte que la place pour la nouvelle période soit nette – C’est ainsi que l’abondance des ripailles provient parfois de la volonté de détruire tout le stock des réserves afin que les nouvelles récoltes puissent les remplacer. On imagine que les soldes d’hiver pourraient facilement remplir le même rôle. A la suite de ces préparatifs, la fête elle-même se caractérise par des repas surabondants et qui durent trois jours. La fête est une rupture complète de la vie quotidienne, un renversement qui remplace les privations quotidiennes par la dépense sans compter. Notre réveillon qui se borne à une soirée ne nous donne qu’une image édulcorée de cette célébration. (1)

Somme toute, nous n’avons plus qu’une trace édulcorée des fêtes d’autrefois, sans doute parce qu’on y croit moins – ou plutôt que notre avenir n’est plus soumis au respect scrupuleux de rites remplacés aujourd’hui par la vigilance de l’État.

A présent la prospérité ne vient plus de nos feux d’artifices festifs mais des manifestations exigeant de nos chefs qu’ils nous obéissent. C’est moins amusant, mais ne serait-ce pas aussi plus efficace ?

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(1) Sur le fête on consultera « L’homme et le sacré, l’ouvrage de Roger Caillois dont un résumé se trouve ici

vendredi 20 janvier 2023

Prévision : ne rien changer – Chronique du 21 janvier

Bonjour-bonjour

 

Le Président Macron vient de faire un discours aux armées pour faire savoir que leur budget va être fortement augmenté en raison des menaces qui planent sur la France. (Lire ici)

Autrement dit : « Si tu veux la paix, prépare la guerre » : on retrouve l’idée chez Végèce, un auteur latin qui a compilé des connaissances concernant l’art de la guerre à la charnière entre le 4ème et le 5ème siècle : façon de dire que ça ne date pas d’hier ni même d’avant-hier.

 

Le pour et le contre s’affrontent à l’occasion de cette formule : les uns disant (comme le Président français) : ne soyons pas en retard d’une guerre. Les autres pensent que les militaires ne seront pas longs à utiliser ces belles armes.

            - Pour répondre à la seconde thèse, on a mis en place des accords de désarmement : ce qui compte ce n’est pas le niveau de l’armement mais l’équilibre des forces. Mais la recherche en matière de destruction humaine est inarrêtable, et l’équilibre sans cesse rompu. De plus l’industrie des armes produit des profits et de l’influence internationale : qui donc s’en priverait ?

            - Par rapport au premier principe, on vu les troupes russes fonctionnant en Ukraine comme les armées de Staline se faire défoncer par les armes sophistiquées des ukrainiens : raison pour activer la production militaires du 21èmesiècle.

 

--> Il y a une question qui reste en suspens : c’est l’usage de l’arme nucléaire. Jusqu’à présent on a pensé que si la paix n’était pas garantie par la volonté de vivre paisiblement, elle le serait par la peur des destructions dues au feu nucléaire. La guerre en Ukraine semble respecter ce principe, mais :

            1° on n’est pas tout à fait sûr que ça fonctionne vraiment : la notion d’arme nucléaire « tactique » qui détruit un champ de bataille tout en préservant le reste du pays risque bien de favoriser le recours à ce genre d’armement.

            2° Et puis en admettant que seules les armes conventionnelles soient utilisées on voit quand même que les dégâts qu’elles provoquent sont insoutenables. L’Ukraine sortira de cette guerre ravagées comme le furent les pays européens au terme de la seconde guerre mondiale.

 

Au final, si on ne sait pas vraiment de quand date la première guerre fratricide entre des hommes, on voit tout de même que la guerre n’est pas prête à disparaitre.

On pense à la chanson des québécois : « Quand les hommes vivront d’amour / Il n’y aura plus de misères / Les soldats seront troubadours / Mais nous, nous serons morts mon frère. »

(A voir et écouter ici).

jeudi 19 janvier 2023

Une "proto-écriture" dans l'art des grottes : une pseudo-découverte – Chronique du 20 janvier

Bonjour-bonjour

 

On apprend aujourd’hui que des « découvertes » en archéologie sont parfois très douteuses, voire même scandaleusement truquées. 

Ainsi de cet article par le quel on apprend que des chercheurs en archéologie prétendent avoir débusqué dans les signes peints sur les parois des cavernes ornées des signes identifiables à des représentations symboliques de concepts ou d’idées – constituant ainsi une proto-écriture.

 

 

Dans les cercles, des signes présentés comme des symboles graphiques

 

L’insuffisance des preuves est largement détaillée dans l’article cité au quel on se reportera. Par contre je relève les questions auxquelles il faut répondre avant de prétendre avoir identifié  une « écriture paléolithique ».

            1° Comment être sûrs que les signes représentés soient associés (par exemple : un animal et une série de points comme sur la photo ci-dessus), et non pas simplement juxtaposés ?

            2° D’ailleurs savons-nous si cette juxtaposition est contemporaine : ces signes n’appartiendraient-ils pas à des périodes éloignées dans le temps ?

            3° « Comment croire à l'utilité pratique de noter au fond d'une grotte, et souvent dans des lieux difficile d'accès, ou très peu visibles, ou accessibles à seulement une ou deux personnes, des informations telles que la période de mise bas des bisons ? » ajoute notre article avant de conclure :

            4° « Ces sociétés n’avaient sans doute pas d'écriture parce qu'elles n'en avaient pas besoin. Nous n’arrêtons pas de plaquer nos désirs sur eux, alors qu’ils avaient une autre vision du monde que la nôtre. »

 

Ce reproche m’intéresse, parce que dans la profusion des publications actuelles sur les premiers sapiens et les derniers Neandertal, on trouve sans cesse évoqués leurs rapports, leurs sociétés, leurs découvertes, comme si ces ancêtres avaient eu systématiquement les mêmes soucis et les mêmes désirs que nous. Nous commettons à leur propos la même erreur « anthropomorphique » qu’avec les animaux. C’est que nous ne parvenons pas à regarder en face notre ignorance et que nous ne voulons pas à admettre que nos hypothèses ne soient pas des certitudes simplement un peu moins bien vérifiées que les vérités démontrées.

mercredi 18 janvier 2023

La retraite : à quoi bon ? – Chronique du 19 janvier

Bonjour-bonjour

 

Aujourd’hui, panne géante d’énergie chez les actifs qui sont saisis d’effroi devant l’éventualité de devoir travailler deux ans de plus avant de goûter au paradis de la retraite.

Car le travail, même quand on a le bonheur de l’aimer, demande une énergie suffisante pour faire face aux exigences de la fonction. C’est ainsi que Jacinda Ardern, la première ministre néo-zélandaise, vient d’annoncer sa démission : à 42 ans quittera ses fonctions le 7 février. « Je n’ai plus assez d’énergie pour continuer », a-t-elle expliqué, jeudi, lors d’une réunion de son parti. (Lire ici)

Bon : la fonction de première ministre est exigeante, mais je suppose que tout le monde n’est pas exposé comme madame Ardern. Voyons comment ça se présente chez nous – par exemple pour cette femme de 55 ans, professeure de maternelle : « J’adore mon métier ! J’aime partir en classe découverte, initier mes élèves à la voile, au surf, engager ma classe dans des projets artistiques… Mais tout ça demande de l’énergie et de la patience. Est-ce que je les aurais jusqu’à 64 ans ? », avant d’ajouter, paraphrasant peut-être sans le savoir une chanson paillarde : « Plus j’avance, plus ma retraite recule. »

Bref : avec le recul de l’âge de la retraite, c’est la panne énergétique qui menace. 

 

- Et cette inquiétude est bien normale : la raison même qui a conduit à créer des retraites, à savoir accompagner les travailleurs épuisés par leur labeur pendant quelques années avant la mort, se retrouve devant la menace de devoir prolonger l’effort.

- Pourtant lorsque les principaux opposants au projet de réforme parlent de la retraite, ce n’est pas en terme sénilité. Ce qu’ils réclament c’est d’avoir enfin le droit de vivre pleinement, de faire des voyages, de s’occuper de leurs petits-enfants, et même de faire la fête. Fabien Roussel le secrétaire du PC, qui avait fait sa campagne électorale pour les présidentielles sous le signe des « apéroussels » – ce droit à un niveau de vie suffisant pour alimenter des loisirs merguez-rosé-copains, n’a pas raté le coche : avec la retraite, c’est le droit à vivre enfin pleinement qui est en cause.

Pourquoi pas ? Mais dans ce cas, notons que l’argument du gouvernement, le même depuis des dizaines d’année, à savoir l’allongement de l’espérance de vie rate son objectif. Car si on devait considérer cette espérance, il faudrait lui adjoindre celle de jouir des forces de la jeunesse un peu plus longtemps.

Associer à cette réforme un élixir de jouvence… ou un pacte faustien avec le Diable !

mardi 17 janvier 2023

Le roi Xi Jinping est nu – Chronique du 18 janvier

Bonjour-bonjour

 

En Chine la politique « zéro covid » imposant le confinement strict de la population en lieu et place de la vaccination, présentée comme une géniale invention venue du fertile cerveau du Président Xi, vient d’être abandonnée pour les dégâts causés dans la société et dans l’économie. Alors que tous les dirigeants chinois répétaient que c’était la seule façon d’éviter la propagation de la maladie, le retard dans le développement du pays et la menace d’émeute généralisée, associée au spectacle de la réussite des pays étrangers a sonné le glas des prétentions du pouvoir devant une réalité qui lui apportait un cinglant démenti. (Voir cet article)

Depuis le début, le Président Xi n’avait en réalité fait que la preuve de son incompétence ; c’était bien un roi, mais un roi nu

- Vous connaissez sans doute ce conte d’Andersen ? (Sinon voir note infra) Hé bien de la même façon le tout puissant chef du PC chinois a voulu faire croire qu’il dominait la situation avec la politique « zéro covid », alors qu’en réalité il avait choisi une voie – celle de la paralysie économique et sociale du pays – dont il fallait sortir rapidement grâce à la vaccination. Informé de cette situation, Xi Jin Ping refusa d’admettre qu’il fallait, faute de mieux utiliser les vaccins occidentaux, puisque le vaccin chinois était de notoriété publique inefficace (au point que même les vieux refusèrent de se faire vacciner complètement). A-t-il cru que l’épidémie obéirait à ses prescriptions, tout comme le PC a cru, lors de la Grande Famine, que la production agricole obéirait à ses analyses marxistes ? Peut-être.

Mais alors remarquons aussi que la défaite de cette ligne politique entraina en 1960 une perte de pouvoir de Mao – qu’il chercha à compenser avec la révolution culturelle. Suivant cet exemple, aujourd’hui ce n’est pas la rue chinoise qu’il faut surveiller, mais les luttes internes dans le PC chinois.

- Le philosophe en conclura que la réalité est beaucoup plus puissante que le pouvoir politique : les décrets des rois ne servent à rien devant la nature, et il faut recourir à des mythes pour voir un roi, comme Xerxès selon Hérodote (Histoire VIII, 109), qui fait fouetter la mer pour la punir d’avoir détruit le pont qui lui aurait permis d’envahir la Grèce.

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Note – Dans ce conte d’Andersen un Empereur apparait devant son peuple entièrement nu, se croyant habillé d’un tissu miraculeux que tout le monde voit, sauf les sots. Bien que ne voyant rien, l’Empereur ne voulut pas en convenir et c’est ainsi qu’il apparut sans habits devant son peuple qui, comme lui, ne voulut pas avouer qu’il était sot au point de voir leur Empereur nu. Le peuple entier acclama les habits dont l’Empereur était soi-disant paré, tous – sauf un jeune enfant qui s’écria « Le Roi est nu ! »

lundi 16 janvier 2023

Message aux survivants du « blue monday » - Chronique du 17 janvier

Bonjour-bonjour

 

Nous sommes mardi 17 janvier : si vous me lisez alors c’est que vous ne vous êtes pas suicidé hier, lundi 16, le jour le plus déprimante de l’année (ou pour parler comme les anglo-saxons le « blue monday »).

 

Inutile de revenir sur les raisons qui ont poussé à considérer cette date comme étant la plus favorable à la dépression ; notons simplement qu’on a fait tout ce qu’on pouvait pour qu’il en soit ainsi en concentrant sur le mois de janvier les augmentations des taxes, les interdits – y compris le fameux « janvier sec » (c’est-à-dire sans une goutte d’alcool).

Qui donc nous aidera à nous sortir de cette situation ? 

--> Demandons à Spinoza.

 

Selon Spinoza, nous sommes sujets à des « affections » (ce que certains traduisent par « passion ») qui sont des sentiments qui agissent sur nous en augmentant ou en diminuant la « force d’exister », « la puissance d’agir ». On comprend que ces sentiments (que nous avons baptisés « passions tristes ») font partie de ces affects. « Il s’agit de la crainte, du désespoir, du sentiment d’impuissance (« humilité »), le sentiment d’infériorité (« abjection »), la haine, la honte, le repentir et même la pitié… Pour résumer, rappelons que Spinoza définit la tristesse comme « une passion par laquelle l’âme pousse à une moindre perfection ». (Résumé inspiré de cet article)

Il y a donc des affections qui réduisent nos forces et qui nous attristent. A l'opposé, y aurait-t-il des affection joyeuses ? Oui, à condition d’entendre par-là ces affections actives, qui ont la particularité d’être issues de notre propre personne, lorsque nous parvenons à gouverner nos sentiments à l’aide de la connaissance que nous en avons. Dans ce cas, on ne pâtit pas de nos affects : on agit sur eux, selon les idées « adéquates » que nous en avons, ce qui nous conduit (toujours selon Spinoza) à la sobriété, la chasteté… mais aussi à l’amour, tant que la raison veille. 

Devons-nous donc vivre comme des moines trappistes et nous priver de tout ce qui réjouit habituellement les hommes ? Certes non, et le texte qu’on pourra lire en annexe a justement pour rôle de refuser cette situation.

Car, pour éviter les affects qui réduisent notre force d’exister, il ne faut pas éviter toutes sortes d’occasions où nous les rencontrons, mais nous devons simplement gouverner leur usage : ce qui suppose que nous soyons attentifs à ce qui réjouit les différents parties de notre être. Car l’essentiel est là : notre corps a des besoins variés selon les parties qui le composent : le plaisir à manger gras par exemple peut bien être utile pour certains de nos organes et constituer un poison pour d’autres. D’où l’idée de modération sous la double contrôle de notre intellect : d’une part qu’il sache ce qui est bon pour nous ; d’autre part qu’il sache également à partir de quand cet aliment devient un poison.

Comme le disait Paracelse : « C’est la dose qui fait le poison ».


--> Allez-y, les amis : picolez mais dans la juste mesure de vos facultés organiques. (Pour en être assuré lisez ici le joyeux sermon de l’archevêque de Mayence)

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Annexe :

« Il est d’un homme sage de se refaire et de se recréer en mangeant et buvant de bonnes choses modérément, ainsi qu’en usant des odeurs, de l’agrément des plantes vertes, de la parure, de la musique, des jeux qui exercent le corps, des théâtres, et des autres choses de ce genre dont chacun peut user sans aucun dommage pour autrui. Car le corps humain se compose d’un très grand nombre de parties de nature différente, qui ont continuellement besoin d’une alimentation nouvelle et variée pour que le corps soit également apte à tout ce qui suit de sa nature, et par conséquent pour que l’esprit soit lui aussi partout également apte à comprendre plusieurs choses à la fois. » - Spinoza, Éthique IV, Proposition XLV, Scolie du corollaire II

dimanche 15 janvier 2023

Dites-moi, madame Irma... – Chronique du 16 janvier

Bonjour-bonjour

 

Souvenez-vous : nous sommes en 2015 ou 2018, peu importe : sur les plateaux télé toute sorte d’intervenants soulèvent l’enthousiasme en déclarant le France inapte à la gestion finances publiques, insistant sur le fait que de nombreux pays européens font mieux qu’elle en matière de service public avec beaucoup moins d’argent. 

- Aujourd’hui même le Président pourtant élu en 2018 avec un programme de suppression de postes de fonctionnaires, se félicite de la réouverture des sous-préfectures ou de la création des « Maisons France Services » (1). Les spécialistes expliquent imperturbablement que la demande en faveur de plus de services de proximité, provient certes de la ruralité, mais aussi des périurbains. Et tout cela parait maintenant aussi normal que l’inverse qui avait été prévu il y a quelques années.

… Bien sûr, les Gilets-jaunes sont passés par là, mais bizarrement personne ne les avait vu venir.

 

Et aujourd’hui ? Alors que depuis plusieurs mois nous sommes avertis de nous préparer à une pénurie de courant électrique – au point que les écolos triomphent en disant que la filière nucléaire est à bout de souffle et que donc il s’agit de passer au renouvelable – voici l’info qui se glisse sans tambour ni trompettes dans mon journal : « À la centrale nucléaire de Cruas-Meysse, un réacteur arrêté à cause de la faible demande d'électricité. Fin décembre, un réacteur de la centrale nucléaire du Tricastin dans la Drôme avait aussi été arrêté pendant plus de 15 jours pour les mêmes raisons. »

… Le philosophe soupire en refermant son journal : puisque la prévision de l’avenir ne débouche que sur des âneries, quel besoin auvons-nous de lire des informations qui ne sont fiable qu’à la condition de se borner à décrire ce que chacun peut voir en se mettant à sa fenêtre ? 

 

- Les statisticiens auraient-ils un socle plus solide avec leurs chiffres ? Consultés sur le mouvement anti-réforme des retraites, ils soupirent : le chiffre disponible dès aujourd’hui est celui du soutien de l’opinion au mouvement de grève, mais on sait que les mouvements les plus durs dans le passé, comme celui de 1995, ont commencé avec un taux d’assentiment très bas. 

… Alors, bien sûr on y verra plus claire après le 19….

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(1) Situées à moins de 30 minutes de chez vous, ces établissements vous offrent des guichets uniques de proximité vous assurant de la présence et de l’aide d'agents de la fonction publique pour faciliter vos démarches (voir ici)