Bonjour-bonjour
L’histoire ne se répète jamais : le contexte dans lequel apparaissent les évènements modifie toujours leur contenu.
Ainsi de la langue français qu'on aurait pû croire valorisée par le Président Macron comme langue « universelle » : « C’est une langue de liberté et d’universalisme » disait-il semblant reprendre le propos du concours de l’Académie de Berlin en 1783 « Qu’est-ce qui a rendu la langue française universelle ? » – négligeant au passage la réalité du fait, tenu pour évident, pour n’interroger que sur les causes. (1)
Toutefois le propos présidentiel diffère sensiblement de cette affirmation :
* D’abord il ne s’agit pas de dire que le français est supérieur à toutes les autres langues, mais seulement qu’il est essentiel à quelques pays devenus et restés francophones pour des raisons historiques.
* Ensuite la langue française – mais on suppose facilement que toutes les langues nationales jouent le même rôle – est conçue comme le ciment de la Nation.
- Plus question donc de prétendre que notre langue soit par son lexique comme par sa syntaxe porteuse exclusive de la vérité, comme on prétendait alors le prouver avec la langue de Descartes.
Reprenant l’argument de tous les nationalistes, Emmanuel Macron nous rappelle que pour reconnaitre un français il suffit de l’écouter parler : tout français parle français.
--> C’est précisément ce que disent les corses, qui crient au scandale parce qu’on ne leur reconnait pas ce droit : eux aussi ils pensent à une ordonnance de Villers-Cotterêts… pour la langue corse bien entendu.
C’est que le pouvoir central craint comme la peste les parlers locaux, qui eux-aussi vont cimenter une unité populaire – mais celle fois contre la langue nationale.
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(1) L'intitulé exact du sujet est celui-ci : « Qu’est-ce qui a rendu la langue française universelle ? Pourquoi mérite-t-elle cette prérogative ? Est-il à présumer qu’elle la conserve ? »